Mégenrer : attention, ça coûte cher !

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Qui n'a jamais fait la bourde en donnant du « monsieur » à une dame, ou inversement ? Ce qui, avant, relevait de la simple étourderie vite absoute avec les excuses du gaffeur devient, sous régime woke, le péché de « mégenrage » très lourdement sanctionné. La preuve avec l'Anglais Joshua Sutcliffe, qui en a perdu son job.

Pour avoir félicité ses élèves d'un « "bien joué les filles" alors qu'un garçon transgenre était dans le lot », ce jeune enseignant de 33 ans est empêché d'exercer son métier pour « mégenrage » par la Teaching Regulation Agency (agence de régulation pédagogique). Une première au Royaume-Uni. Le lourd passif du « délinquant » ne l'a pas aidé. Doublement coupable car il s'était, dans le passé, ouvert auprès de ses élèves sur son opposition au mariage gay et regrettait que « les hommes ne soient plus assez masculins aujourd'hui ». Ainsi, le système répressif se met en place et la France - qui, à son tour, avec quelques années de retard, connaît la même vague de contagion du phénomène trans - n'échappe pas au phénomène.

Le mégenrage tel que défini par nos associations militantes est une notion complexe, subtile et élastique : « Nombreuses sont les personnes qui ont fait l’amalgame, peut-être involontaire, entre corps et identité de genre. Ainsi, l’une des formes les plus courantes de mégenrage est l’utilisation de pronoms binaires pour une personne non binaire ou transgenre. L'usage du "il" ou "elle" est donc à proscrire. L’une des plus importantes et douloureuses formes de mégenrage, c’est l’esprit public genré, qui ne respecte pas ceux qui sortent de ce système binaire. Les formulations madame, monsieur, sont également une manière de mégenrer autrui. »

« Pour comprendre la problématique de ces personnes, en tant que cis, il est primordial d’intégrer le fait que le corps ne fait pas le genre. »

D'où l'invention du prénom « iel » (entré dans le dictionnaire) censé être utilisé pour désigner ces « 22 % de Français entre 18 et 30 ans [qui] ne se sentent ni homme ni femme », les « gender fluid ».

À ce sujet — Iel était une fois…

Et les pouvoirs publics sont très sourcilleux sur le sujet. Parce qu'il est « impératif de créer un environnement inclusif qui respecte les sensibilités des personnes trans » dans toutes les sphères de la société, la DILCRAT (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT) édicte les règles de bonne conduite : employeurs, administration (parmi lesquelles l'armée) et écoles sont tenus « d'employer les pronoms indiqués par la personne afin de respecter son identité de genre, d'adapter la civilité, d'accepter la demande de suppression de la mention de son sexe » et de mettre vestiaires, dortoirs et toilettes mixtes ou dans le genre souhaité à disposition… Sous peine de « discrimination sur le fondement de l'identité de genre », délit réprimé par le Code pénal (article 225-1 à 225-4) et puni jusqu'à 45.000 euros d'amende et trois ans d'emprisonnement. Le tout sous étroite surveillance du Défenseur des droits qui assimile « le fait de mégenrer délibérément à l'oral ou à l'écrit un.e employé.e trans » à du harcèlement moral (décision du 28 mars 2012).

À l'école, les règles sont encore plus claires : pour l'Éducation nationale, conformément à la circulaire Blanquer, « refuser le prénom d’usage d’une personne trans et/ou refuser d’utiliser les pronoms/accords correspondant à son identité » est un exemple « d’agissement LGBTphobe ». Ce qui, en conclut l'association militante pro-trans Chrysalide, permet logiquement « d'agir contre le personnel éducatif et administratif » récalcitrant.

Plus inquiétant pour les familles : « Si les parents persistent à refuser les désirs de leur enfant, il est important de réaliser qu’il/elle est potentiellement en danger au sein de sa famille et que ce refus témoigne uniquement d’une partie des violences dont il/elle peut être victime. L’établissement scolaire est autorisé à transmettre une information pour situation préoccupante afin qu’une évaluation soit faite et que le juge des enfants soit saisi en cas de danger avéré » (art. L226-2-1 du Code de l’action sociale et des familles), précise l'association Chrysalide, qui s'appuie sur la circulaire Blanquer (&2 a). Nous n'en sommes pas encore au cas de ce père canadien condamné à six mois de prison pour mégenrage parce qu'il refusait la transition de sa fille, mais ça commence à y ressembler.

Cette pensée woke construit décidément un monde étouffant, liberticide et répressif. Une éclaircie, cependant : Twitter, immédiatement brocardé par le lobby trans, a annoncé au mois d'avril assouplir ses règles sur la censure concernant notamment le « mégenrage ». Serait-ce que la coupe est pleine ?

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Oh là là, attention! Donc, au cas où une personne trans, bi, cis (j’avoue que je m’y perds un peu) regarderait le journal télévisé le présentateur devrait s’abstenir de dire « Madame Monsieur bonsoir! » ? ou dans un avion plus de « Madame Monsieur bienvenue à bord » ? Ah non , c’est vrai, dans ce dernier cas ça ne marche pas puisque la même minorité m’interdit de prendre l’avion. Bon, ben, puisque je fais partie de la (j’espère) majorité qui a été (bien) élevée, je continuerai en entrant dans un commerce à dire: « Bonjour Messieurs Dames!!! »

  2. Pour commenter simplement, je dirais que si nos ancêtres ont connu le siècle des lumières, nous avons le triste privilège de connaître celui des feux d’artifices en tous genres (c’est le cas de le dire). Parfois je me pose la question de savoir si la contraception chimique utilisée depuis plus de 50 ans n’est pas à l’origine des dégâts mentaux relevés chez beaucoup de nouveaux théoriciens qui remettent la Nature en question. Ils doivent s’offrir de sacrés maux de tête en voulant justifier leurs énormités.

  3. Pendant ce temps, en Floride et sous l’impulsion de notre gouverneur Ron DeSantis, Interdiction pour les administrations, les écoles et les lieux publics, d’utiliser les noms ou prénoms non genrés, de proposer des toilettes non-genrées ou de laiser le public utiliser les lieux différents de ceux correspondant à leur sexe de naissance. élimination, dans toutes les bibliothèque d’écoles, de tous les livres LGBTQIZ +, etc…….
    Je souhaite à la France de revenir à ces mêmes règles si ce n’est pas trop tard.

    • J’habite en Floride aussi et je suis très contente d’avoir un Gouverneur comme Ron DeSantis qui fait face avec vigueur à ces tentatives d’une minorité à imposer ses idées à la majorité.
      La majorité dite silencieuse devient de plus en plus bavarde ! Ça suffit ! Qu’ils fassent ce qu’ils veulent dans leur alcôve mais fichez nous la paix.

  4. Je serais pour le port d’un uniforme d’un écolier ou d’un étudiant jusqu’à la fin de sa scolarité, après tous ses examens: licence, doctorat, agrégation. Après s’ils veulent se déguiser, à leur choix.

  5. La façon dont vous écrivez la phrase qui contient « le fait de mégenrer délibérément à l’oral ou à l’écrit un.e employé.e trans » laisse penser que cette écriture stupide (inclusive et oubli du point et du e dans « trans ») est dans la décision du 28 mars 2012; or je ne l’ai pas vue. Bon, mais à la lecture de l’article et d’autres articles traitant du même sujet, on comprend qu’il y a beaucoup d’araignées qui se promènent dans de nombreux plafonds

  6. On délire à mort ! J’aimerais bien bien être confronté à ce dilemme. Face à un récalcitrant ma première réaction serait de lui demander d’afficher son sexe. Homme ou femme biologique ? Point. Que la personne en question se débatte avec sa condition, cela la regarde. Mais qu’elle ne vienne pas nous perturber avec ses états d’âme, avec ses préoccupations de bas étage. Qu’elle assume ! Il ne me viendrai pas à l’idée de l’embarrasser avec mes ennuis intestinaux.

  7. j’adore  » il faut respecter les sensibilités de ces minorités »…. soit – A condition que l’on respecte aussi les sensibilités des majorités –
    Hors de question que le respect soit à sens unique –
    et hors de question également que ce sujet sur les minorités d’une minoritée devienne le sujet de préoccupation majeur et quotidien d’une majorité qui a d’autres chat à fouéter .

  8. Ainsi, il faut accepter (et surtout aller dans leur sens) ceux qui se prennent pour garçon ou fille alors qu’ils ne le sont pas. Mais pourquoi se limiter au sexe? Il y en a bien plus de 22% qui se prennent pour des dieux. Pourquoi la justice ne punit elle pas ceux qui ne les traite pas avec les égards dus au rang qu’ils se sont donnés?…

  9. Ce qui pourrait être bénéfique pour la société , c’est que cela puisse créé un schisme au sein d’une gauche qui a fait du wokisme son cheval de bataille Parce que tout cela n’empêche pas les problème sociaux de s’accumuler , la perte des acquis , les services publics disparaitre , l’accès aux soins plus difficiles ce qui a pour conséquence le déclassement automatique des gens qui se croyaient français moyens , sans parler de la perte de l’identité , l’immigration , la délinquance . Je ne pense pas que cela va rassurer les gens de savoir qu’ils sont dirigés par des enfants gâtés et capricieux qui mettent concomittement le fric , l’inclusion et le genre dans leurs priorités .

  10. Je suis d’accord que certaines personnes, qui ne naissent pas dans le bon corps, soient autorisées à accomplir leur transition sexuelle. Mais je crois que depuis plusieurs mois, on a atteint le point de non-retour et que genrage et dégenrage sont devenus un effet de mode. Quand je pense que j’ai été obligée de chercher le sens de « binaire » pour une personne. Et c’est pas fini… il va falloir essayer de comprendre l’incomprenable (oui oui vous lisez bien ! ) et chercher à tout bout de champ le sens des néologismes relatifs au genre. Ah ! Le poids des mots !!!

  11. Mon plus grand souhait est de voir l’effondrement des sociétés, des Etats et des individus qui promeuvent la chose…

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