Mélenchon appelle policiers et gendarmes à s’opposer à Macron : républicain ?

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Vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon a posté sur YouTube une vidéo appelant à un « raz-de-marée » pour le 1er Mai. Dans sa célèbre veste « travailleur », il a, sans surprise, centré la première partie de son intervention sur la suppression des régimes spéciaux, qui n'aura pas lieu, comme nous l'expliquait Éric Letty. Du classique destiné à mobiliser sa base traditionnelle.

Mais - plus surprenant - Mélenchon s'est ensuite adressé aux policiers et aux gendarmes, les invitant à rejoindre les manifestations du 1er Mai et à se mettre en grève contre une réforme des retraites les concernant aussi : « Votre intérêt, c'est d'entrer dans la lutte, d'être présent le 1er mai, de faire grève et de refuser d'accomplir les brutalité absurdes et cruelles que parfois on vous demande de faire, contre la déontologie de votre métier. »

Qu'aurait-on dit, qu'aurait-il dit si, je ne sais pas, Jordan Bardella ou Éric Zemmour en avait fait de même ? Mais pour la gauche, tout est permis.

Ce contre-pied de Mélenchon par rapport à sa rhétorique et sa clientèle traditionnelles est habile. Le contentieux entre les Insoumis et les forces de l'ordre est ancien et profond. Il n'est qu'à écouter le refrain bien connu de ses troupes : « Tout le monde déteste la police. » Ou rappeler les délires verbaux de ses lieutenants Léaument, Bernalicis ou Portes contre la police. On comprend donc que le leader émérite de LFI ait éprouvé le besoin de tenter quelque chose. Pas sûr, cependant, que les sermons du vendredi soir du père Méluche suffisent à rabibocher ces deux mondes.

Mais cet appel aux forces de l'ordre révèle aussi, comme parfois chez Mélenchon, une intuition politique plus intéressante. Avec un pouvoir considérablement affaibli qui n'a trouvé aucune solution politique à l'impasse dans laquelle il s'est placé avec cette réforme des retraites qui va plomber durablement le quinquennat, et une contestation qui se prolonge en casserolades à chaque sortie de ministre, les forces de l'ordre deviennent, comme lors des gilets jaunes, un point de fixation. D'un côté, elles restent le seul soutien légal du pouvoir ; de l'autre, elles attirent la hargne des manifestants insoumis ou Black Blocs. Dans cette situation, tout élément qui viendrait semer le doute dans ce maillon essentiel à la survie d'un pouvoir impopulaire peut devenir déterminant. Et c'est bien ce que Mélenchon a relevé et voulu exploiter, en vieux madré de la politique : « Si vous croyez que le pouvoir qui vous caresse la tête vous protégera, vous vous trompez. Voyez déjà comment ils ont méprisé les gendarmes, en disant que c'est parce qu'ils n'avaient rien compris qu'ils avaient confisqué les casseroles à des manifestants. » Mélenchon a bien vu tout le parti qu'il pourrait tirer de celle maladresse évidente du pouvoir et visé juste en mettant en exergue son mépris. Pour les policiers, il a même regardé plus loin : « Vous êtes appelés à ne pas avoir de vacances en région parisienne pour assurer la protection des lieux des Jeux olympiques. Vous n'aurez ni juillet, ni août. Vous laisserez faire ? Non, bien sûr, je suis sûr que non. » Une fois de plus, c'est bien vu.

Il y a peu de chances que policiers et gendarmes aient été hypnotisés par la vidéo de Mélenchon et se mettent à marcher derrière lui, lundi, sur l'Élysée. En revanche, tout cela nous dit quelque chose sur l'air du temps.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

32 commentaires

  1. La République, c’est lui. La police tue. Appeler à l’insurrection fait que tout les ingrédients sont réunis pour l’envoyer en prison, Ces divagations sont destinées à ses ouailles, bien entendu mais ce n’est pas un élus, il a une grande chance d’avoir à faire à des responsables… tellement laxistes qu’ils en sont irresponsables.

  2. Mélenchon aurait dû attendre les résultats de la coupe de France, tous les résultats. Magnifique leçon de démocratie venue des spectateurs. Ils n’ont pas mélangé sport et politique. Grand fiasco de la CGT, grande déception de certains médias. Un grand coup de mou dans leurs rédactions ce matin du 30 avril. Le premier Mai ? Qui ne sait pas qu’une manifestation est organisée à cette occasion ? Venant des mêmes médias, information OU grande propagande, supputations, manipulations des esprits ? Toujours est-il qu’ils supposent le pire, à croire qu’ils le souhaitent par doses de répétitions, de matraquage. Qui vivra verra. Une surprise peut-être ! A propos, le premier Mai, fête du travail, mais pas trop en faire pour certains de gauche.

  3. C’est quand même une vraie question (Mélenchon ou pas) : les forces de l’ordre obéiront-elles toujours même quand elles sentiront l »illégitimité de ce pouvoir ? Et le risque, à le suivre aveuglément, de se retrouver devant un tribunal après la chute d’EM ?

    • Mélenchon-la-Ramasse ne rêve (plus) que de Grand Soir, allant jusqu’à lancer un appel solennel à ces forces de l’ordre républicain « qui tuent » et qu’il exècre, lui, petit fonctionnaire pâlot mais parvenu, au patrimoine très arrondi par ses longues sinécures parlementaires de docile apparatchik socialiste, tenant théâtral, aujourd’hui, pour continuer d’exister, du concept mortifère de la Révolution Permanente. Donc, très à l’abri du besoin contrairement à la populace qu’il tente de manipuler,
      Mélenchon s’amuse (comme il peut encore !). Concernant par ailleurs votre évocation d’un éventuel ressenti « d’illégitimité » de l’actuel pouvoir en charge, c’est « un sentiment » de dérive anti-républicaine séduisant certains esprits échauffés mais qu’on se doit de combattre. On peut penser, comme moi, que Macron (comme certains avant lui) a été élu « par défaut » et bénéficie de droit d’un « chèque en blanc de 5 ans ». Mais conservons l’idée que l’ordre républicain doit (devrait ?) être respecté… et qu’il peut être amendé à l’envi, par les voies démocratiques.

  4. Aucune certitude que les Jeux d’Hidalgo aient lieu dans le climat qui s’annonce. Et puis des Jeux sans la Russie ne ressembleraient qu’à un entre-soi ras du bitume .

  5. Il a déjà appelé à voter Macron au deuxième tour des élections présidentielles. Aujourd’hui il appelle contre, la République n’est pas une girouette puisqu’il se dit être la République. Son temps est révolu, LFI devrait lui offrir une canne à pêche.

  6. C’est sûr que les policiers ont envie de suivre les directives de Monsieur Mélenchon. Ils vont faire l’exact contraire même si ça va dans le sens de leurs revendications.

  7. Venant de Mélanchon , cet appel sonne faux ; il n ‘ y a pas longtemps , il criait « la police tue » , à présent , il clame pratiquement le contraire ! pas crédible , il n ‘ agit que pour tenter de remonter dans les sondages .

  8. Il peut arriver que les forces de l’ordre soient amenées à se poser la question de la légitimité d’un pouvoir désavoué en masse par le peuple mais quand à écouter les élucubrations d’un homme qui passe son temps, lui et ses suppôts, à les insulter, il y de la marge. Au moment du passage aux 35 Heures en 2001, les gendarmes à qui on avait dit : circulez, y a rien à voir, sont montés au créneau. Des convois entiers de véhicules gendarmerie ont convergé vers les préfectures et le pouvoir socialiste de l’époque a fait dans son froc. Pas besoin de Mélenchon pour ça.

  9. Tous ces coucous politicards devraient être tous envoyés au Kerguelen en « ticket sans retour » …
    Cela deviendrait leur EPADH; un repère d’incapables à mettre « hors d’état de nuire » au plus vite … Présidents et autres « sinistres » nous coûteraient moins chers car ils seraient soumis au principe de sobriété qu’ils veulent imposer au peuple français ! …
    Ils pourraient essayer de « sympathiser » avec les colonies d’éléphants de mer, de manchots et d’albatros ! …

  10. On est tombé bien bas. Mélenchon se prend pour un grand homme d état. Problème : il n a pas l intelligence,la classe,la lucidité…..ce n est qu un grand bouffon de la République.

  11. Il ne manque vraiment pas d’air, Mélenchon, toujours à surfer sur la vague la plus intéressante pour sa petite personne. Et dans le fond, le menu peuple et ses problèmes, il s’en fout complètement.

  12. Non,ce n’est pas de la bêtise ! C’est le chef d’orchestre de cette idéologie gôchiste qui est prête à utiliser tous les moyens pour arriver au pouvoir.Plus hypocrite qu’eux tu meurs …mais il est vrai aussi que ce machiavel, Anti-républicain pur-jus, pense que tout est possible car produit de cette cinquième république qui s’est construite sur des MENSONGES et TRAHISONS. .

  13. Mélenchon , grand admirateur de Chavez et de Castro qui faisait l’éloge de ces deux démocrates , à Paris à coté de la statue de Simon Bolivar. Mélenchon qui parle de violences policières , voilà maintenant qu’il appelle ces même policiers et gendarmes , à rejoindre LFI qui rêve du grand soir . La Bêtise n’a pas de limite , Melenchon en est l’incarnation .

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