Mélenchon républicain, vraiment ?
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On le sait depuis que l’homme est homme. Il n’est que rarement taillé d’un seul bloc, étant souvent la somme de ses propres contradictions. Tel Jean-Luc Mélenchon qui, dans un interminable entretien accordé à L’Express, ce 23 mai, en dit un peu plus sur sa véritable personnalité.
Accusé de plus souvent « jouer la controverse que l’apaisement », il répond, non sans raison : « Ça s’appelle la démocratie. Et la ruse n’est pas interdite. Parfois, il faut savoir provoquer des polémiques et compter sur l’adversaire pour l’obliger à faire une partie du travail à votre service. Ceux qui ont répété sur tous les tons “qu’on n’élit pas le Premier ministre” ont été nos agents de propagande. » Voilà qui n’était pas si mal joué que ça, cette « ruse » lui ayant permis de revenir aux avant-postes des élections législatives alors qu’il n’était que troisième au scrutin présidentiel…
Puis il se lâche en tartarinades de circonstance visant les journalistes : « Il y a une pente autoritaire dans l’arrogance libérale. Vous n’êtes pas des vaches sacrées. Non, c’est ma personne qui est sacrée. C’est moi le tribun du peuple », argument qui n’est pas fondamentalement faux et qui lui permet ensuite de viser plus que juste et d’affirmer : « Je trouve anormal que neuf milliardaires possèdent 90 % de la presse. » Pas faux, une fois de plus. Pour le reste, il s’agit d’une tout autre histoire, sachant que la Méluche d’aujourd’hui n’est plus tout à fait celle d’hier. Quand, en 2010, interrogé sur une femme voilée et présentée au suffrage universel par une autre officine trotskiste, celle du NPA d’Olivier Besancenot (l’ancienne Ligue communiste révolutionnaire du défunt Alain Krivine), il assurait à d’autres plumitifs, ceux de Marianne : « On a le sentiment que ces gens vont au-devant des stigmatisations. Ils se stigmatisent eux-mêmes – car qu’est-ce que porter le voile, si ce n’est s’infliger un stigmate – et se plaignent ensuite de la stigmatisation dont ils se sentent victimes. »
Il est vrai qu’entre-temps, lors de l’élection présidentielle de 2017, Jean-Luc Mélenchon s’est rendu compte que s’il avait été moins « laïc », un demi-million de voix issues des banlieues auraient pu faire la différence et lui assurer un second tour face à Emmanuel Macron. D’où son discours sur la « créolisation de la France ». D’où, encore, ce pas de deux en forme de triple salto arrière à propos de la religion et d’un Robespierre, figure de la Révolution ayant porté « le premier discours politique cohérent, humaniste, laïc ». En effet, Robespierre « déduit un système politique d’un raisonnement et non pas de Dieu. Le roi, lui, est roi par la grâce de Dieu et ce système politique découle d’un acte de foi qui fonde sa légitimité. »
Mais alors, pourquoi aller draguer d’aussi vulgaire manière le « peuple musulman » des cités qui, souvent fort d’un islam des plus rudimentaires, met justement la loi divine au-dessus de celle des hommes, n’ayant que faire d’avancées sociétales telles que le mariage homosexuel, véritable hérésie aux yeux d’une religion demeurée archaïque, au sens noble du terme ?
C’est peut-être Sébastien Le Fol qui, dans Le Point de ce 19 mai, fournit la réponse la plus convaincante : « Comme l’a écrit Antoine Menusier, ancien rédacteur en chef du Bondy Blog : “La gauche française se passionne pour la figure de l’Arabe. Elle l’idéalise et le plaint tout à fois. Sur lui, son origine, sa religion supposée, elle mise une partie de son capital politique”. » Plus terrible encore : « Ce qui est effroyable dans la défense des Insoumis, c’est son inhumanité glaçante. Au fond, Taha Bouhafs [privé d’élections législatives pour une affaire de harcèlement sexuel, NDLRr] n’est pas pour eux un individu doué de raison. C’est un concept, une victime éternelle et éternellement convocable. […] Ce n’est pas Taha Bouhafs qui intéresse les Insoumis, mais ses origines algériennes. À la vérité, ils le méprisent humainement. »
On ne saurait mieux dire, Jean-Luc Mélenchon démontrant, ici et maintenant, que pour lui, l’émancipation vaut assignation à origines ethnique, religieuse et sociale. Pas très républicain, tout ça…
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18 commentaires
Mélenchon est comme macron, il dit tout et son contraire.
Plus cela détruit, plus il insiste.