Meloni-Salvini, unis ou rivaux ?

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Nous en parlions, il y a quelques jours : la gauche européenne a tenté de saborder l’accord avec la Tunisie, accord que Giorgia Meloni et Antionio Tajani, son ministre des Affaires étrangères et ancien président du Parlement Européen, entendent bien remettre en selle mais aussi dupliquer avec d’autres pays d’Afrique d’où sont originaires les clandestins qui se déversent à flots continus à Lampedusa - près de 124.000 depuis début 2023, seulement sur les côtes italiennes ; près de 19.000 depuis une semaine.

Mais cette action coordonnée de la gauche européenne vise également à fragiliser le pouvoir en Italie, et particulièrement la coalition au pouvoir. On l’imagine, l’arrivée massive et coordonnée de clandestins sur les côtes italiennes, sous un gouvernement de droite, a provoqué bien des interrogations chez les électeurs de Fratelli d’Italia, de la Lega et de Forza Italia.

Pourtant, un sondage récent de Euromedia research pour la chaîne de télévision La7 montre que Fratelli d’Italia, comme il y a un an, obtiendrait 26 % des voix si les élections avaient lieu ces jours-ci, la Lega, en légère progression, se situant autour de 10 %.

Y a-t-il des bisbilles sérieuses entre les deux leaders, comme le répètent à l’envi nombre de médias italiens traquant, pour les besoins d’une narration journalistique, le moindre désaccord réel ou supposé entre le Premier ministre Giorgia Meloni et son vice-Premier ministre Matteo Salvini ? La réponse a été donnée par Matteo Salvini lors du rassemblement annuel de la Ligue, à Pontida.

Marine Le Pen invitée à Pontida

C’était la guest-star de la traditionnelle fête de la Ligue et elle n’a pas ménagé sa peine en démonstration d’amitié envers le leader de la Ligue : « Nous défendons nos peuples contre la vague migratoire organisée. Comme l’a fait Matteo quand il avait le pouvoir de le faire. À ce moment-là, toute l’Europe regardait l’Italie avec admiration et nous étions fiers de la Ligue et de Salvini. Nous attendons que ce moment revienne », terminant son intervention par un vibrant « Viva il Capitano! »

Une critique sous-entendue à l’action de Giorgia Meloni en la matière ? Matteo Salvini, sur le même podium de Pontida, s’était empressé de dire, à propos de la gauche et de la coalition gouvernementale que son parti forme avec celui de Giorgia Meloni : « Matteo à Pontida et Giorgia à Lampedusa sont la synthèse d’un objectif et d’un destin commun. Avec Giorgia, ils ne nous diviseront pas » [le même jour que la fête de la Ligue, Giorgia Meloni était à Lampedusa avec Ursula von der Leyen, NDLR].
Ajoutant qu’il comptait bien gouverner – avec Giorgia – au moins cinq ans c’est-à-dire toute la durée de la législature. Ce qui, pour l’Italie, serait proprement révolutionnaire !

Le lendemain, lors de l’émission « Cinque minuti » de Bruno Vespa, journaliste qui a lui seul est une institution en Italie, Matteo Salvini précisait sa pensée avec, en duplex de Paris, Marine Le Pen. Salvini, alors, plaide pour l’union des droites sans exclure Marine Le Pen, tandis que cette dernière ne nie pas qu’elle cherche des alliances en Europe, même s’il y aura toujours, et c’est bien naturel, « des divergences entre alliés, sauf avec Salvini », précise-t-elle.

Et qu’il y a avec Giorgia Meloni plus de points communs – notamment la défense des frontières nationales, qui en Italie sont aussi celles de l’Europe – que de différences. Lors de cette émission, Marine Le Pen n’hésite pas à plaider pour une union la plus large possible après les élections, par la création d’un groupe qui, s’il était majoritaire, permettrait de défaire la gauche. « Et chacun devra alors décider avec quel groupe il veut être. » Union des droites oui, mais à Bruxelles et Strasbourg.

Ce à quoi Matteo Salvini renchérit : « C’est la première fois depuis que l’Union européenne existe que nous avons l’occasion de former un gouvernement sans les socialistes. […] Unir tout le centre droit en Europe est l’unique espoir pour refonder l’Europe sur le travail, sur le bonheur, sur la famille. »

Ce qui est certain, c’est qu’il sera difficile pour les partenaires de la coalition gouvernementale italienne d’afficher un front uni et une action commune quand il faudra, dans le même temps, faire campagne en vue des élections européennes pour son propre parti. La culture de coalition propre à la vie politique italienne facilitera sûrement un peu les choses.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Les membres de la commission Européenne commencent à trembler car ils voient bien que nombre d’états s’opposent à leurs décisions. Soutien total à la Hongrie, à la Pologne et à tous ceux qui sont de leur côté et courage à madame Melonie et à tous les souverainistes.

  2. Comment un pays européen seul pourrait contenir une immigration de masse alors que l’Union Européenne fait tout pour l’en empêcher. Il est évident que l’immigration est un problème européen et que la sécurité aux frontières de l’Union devrait être une de ses toutes premières priorités, mais certaine évidences ne sauraient être vues par les adeptes du mondialisme effréné et de l’enrichissement immédiat, quelles qu’en soient les conséquences pour les peuples européens.

  3. Comme il est bon de répéter, à gauche, que Giorgia Meloni a échoué. Je trouve qu’au contraire, obliger Ursula van der Leyen a venir voir, en personne, les échecs de son idéologie, est un exploit.

    • Comme cela était de la faire venir à Rome en Juillet pour le sommet de la Méditerranée et de lui faire signer le memorandum avec la Tunisie.

  4. Évidemment arrivant au pouvoir avec de belles idées concrètes et salvatrices pour son pays et de voir les entraves venus de l’étranger bien qu ‘en parti prévus çà laisse à réfléchir c’est sans doute ce que RN et Reconquête doivent faire très attention même s’ils savent que la majeur parti de l’opinion les suivent entièrement.

    • sans être capable ? sans la vouloir, en la refusant. ça s’appelle de la politique politicienne. De la politique pour la politique, de la politique pour la boutique et non pas pour l’intérêt général du Pays.

  5. JFK disait que la politique était l’art de conserver ses idéaux tout en perdant ses illusions. C’est peut-être l’exercice auquel doit se livrer Mme Meloni, qui a mis beaucoup d’eau dans son vin de « Droite ». Elle est finalement bien cadenassée par Mme Van der Leyen qui ne craint pas de menacer l’Italie. Pourtant, l’on se dit que si l’Italienne avait du cran, disons comme Margaret Thatcher, pour s’opposer à l’Europe, il est certain qu’une puissance comme l’Italie créerait du « ramdam » apeuré à Bruxelles. Meloni a plus de pouvoir qu’elle ne le croit, mais il faut le lui cacher à tout prix.

    • C’est l’art du possible, en face des REALITES. Je puis vous assurer que Madame Meloni est bien plus dans les realités que Madame von der Layen. Et qu’il est bien possible que Madame von der Layen soit aimablement remerciée après les prochaines élections en attendant peut être de se voir convoquée par les juges … Dernier point : ne soyons pas comme les médias et le journalistes qui reste dans l’immédiat et la superficialité. Ce qui compte ce sont les fondations et la constance. Et la prudence dans la détermination. Vous voulez envoyer la marine en Méditerranée ? Relisez l’histoire de l’affaire de Suez.

  6. Malgré 2 trous béants auprès de ses électeurs (l’immigration et le soutien à l’Ukraine), G. Meloni tient bien la route dans son parti, dans son pays et en Europe. Salvini a la réputation à vie d’être un « chiacchierone », sans doute injuste mais c’est ainsi. Le principal problème, à mes yeux, est l’absence dans la coalition au pouvoir du moindre contrepoids – ou lanceur d’alerte si vous voulez – depuis la disparition de Berlusconi…

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