Menace permanente : un attentat déjoué par mois

Six mois après le début de sa mission au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau fait le bilan. Si, indéniablement, il y a une volonté à Beauvau, entre attentats déjoués et insécurité endémique, plane sur la France une menace permanente.
En conférence de presse ce jeudi matin, Bruno Retailleau annonçait 12 attentats déjoués en 2024 et 2025. Symptomatique d’une France en proie à une menace terroriste de grande ampleur qui se débat avec un ministre de l’Intérieur de bonne volonté mais frôlant l’impuissance, tant sa marge de manœuvre est réduite. Il avoue lui-même être « limité » dans son action. « Par les circonstances », puisque « sans majorité », le ministre est, de son propre aveu, dans l’incapacité de proposer avec le gouvernement, à la représentation nationale, les lois nécessaires à la résolution des problèmes structurels français.
Quelques lueurs
Certains points de l’action du premier flic de France permettent d’attirer l’attention et de saluer un volontarisme. Bruno Retailleau annonce une « baisse de 20 % de régularisations », depuis l’envoi, en janvier, de sa circulaire aux préfets dans laquelle il les appelait à être plus stricts dans l'application des conditions de régularisation. Dans ce prolongement sur le sujet de l’immigration, le ministre annonce une autre circulaire aux préfets, qui doit « renforcer les conditions d’assimilation et d’exemplarité ». Sur le front du narcotrafic, « +202 % de cocaïne saisie » et « +46 % de saisies d’héroïne en janvier-février 2025 », par rapport à la même période en 2024, sont annoncés. Quelques points distillés (-9 % de délivrances de visas de long séjour, 269 filières de passeurs démantelées en 2024) sont comme des petites lueurs dans la nuit.
86 attentats déjoués depuis 2012
Ce qui frappe les esprits, c’est que ces chiffres se heurtent au mur de la menace islamiste qui gangrène le pays. Il y a ces attentats permanents. Ceux qui éclatent et ceux qui sont déjoués. À Mulhouse, en février, une attaque islamiste au couteau a encore fait un mort et sept blessés. Il y a quelques jours, à Dunkerque cette fois, trois hommes ont été interpellés avant qu’ils ne commettent vraisemblablement un attentat. Deux individus ont été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste et détention de produit explosif », selon le parquet national antiterroriste. Un troisième homme a été mis en examen pour « non-dénonciation d’un crime terroriste » et placé sous contrôle judiciaire. Le principal suspect, un jeune homme de 19 ans, est soupçonné d'avoir fomenté une attaque kamikaze. Dans sa chambre, une panoplie effrayante a été découverte : un gilet artisanal, une recette pour fabriquer de l'explosif et une lettre d'allégeance à l'État islamique. En France, depuis 2012, ce sont donc 86 attentats qui ont été déjoués par les services de l’État. Et le rythme s’accélère, puisque Bruno Retailleau annonce 6 attentats déjoués depuis son arrivée Place Beauvau. La France vit donc au rythme d’un attentat terroriste déjoué par mois, et l’on sait comme ces drames peuvent être empêchés parfois in extremis. C’est cette fameuse menace « endogène » dont parle le ministre de l’Intérieur, qui veut aussi attirer l’attention sur « l’entrisme » des Frères musulmans. Il doit dévoiler « d’ici quelques semaines » un rapport qui met en lumière cette « menace qui s'étend de manière pernicieuse et progressive ».
La situation est catastrophique et Bruno Retailleau le sait. À cette menace islamiste exponentielle, il faut ajouter l’ensauvagement global et progressif de la société qui forme, selon les mots du ministre, « cette chronique des faits abominables ».En pleine campagne pour la présidence des LR, Bruno Retailleau avance contraint de ne pas laisser son concurrent occuper la place médiatique. Face aux accusations d’immobilisme, d’inutilité dans la crise algérienne, il se cherche une couverture. « On n'efface pas en quelques mois des décennies de désordres », précise-t-il, avant d’insister sur le temps long, « l’endurance et la persévérance » nécessaires pour faire bouger les lignes.
Bruno Retailleau veut se persuader lui-même, « 6 mois de travail, d’action et de combats », commente-t-il. Face à l’urgence du rouleau compresseur de l’immigration et de l’islamisme, ces mois paraissent des années interminables.

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26 commentaires
Les français ordinaires, ceux qui bossent et font rentrer les impôts, expriment leur ras le bol désormais tout haut, dans les salles d’attente, dans les files, dans les associations. la parole est libérée. Elle n’est plus politique. On n’attend plus rien des politiques, du gouvernement, des préfets, des maires. Chacun souligne qu’ils sont dans une barque dorée loin des réalités et ne travaillent que pour leur carrière, à droite comme à gauche. Fin l’idéologie » le communisme nous sauvera » ou » vive le socialisme » » ou » RN au pouvoir ». Tous sont ressentis comme au mieux incompétents au pire nocifs. Quelle solution leur restent-ils pour nourrir leurs enfants? La solution va apparaitre rapidement…ils sont prets..
Possible mais comme c’est un LR, un doute m’habite…
» dans l’incapacité de proposer avec le gouvernement, à la représentation nationale, les lois nécessaires à la résolution des problèmes structurels français. » Si les lois, déversées à pleins tombereaux depuis des années, suffisaient à résoudre nos problèmes, ça se saurait. Ce qui manque, et qu’on ne voit toujours pas venir, c’est la volonté.
Monsieur Rateillau vous êtes plein de bonnes volontés, mais c’est tout !
Quand il « demande » (appelle) aux Préfets : « appelait à être plus stricts dans l’application des conditions de régularisation »…
Un ministre de l’intérieur « n’appelle pas » ces troupes, préfets ou pas, « à… ».
Un ministre de l’intérieur « exige à… » !
En France on ne mange pas avec des baguettes, pourtant ça devait être « à la baguette » dans la prise de décisions, et l’exécution !
Si Rateillau ne peut rien faire, ou si peu, à cause de Macron, du gouvernement, et même de certains préfets macronistes, qu’il parte avec pertes et fracas, en provocant ouvertement une crise politique !
Ras-le-bol de ses litanies soufreuteuses !
Retailleau est juste un politicien LR est comme tous les LR seul leur carrière compte , il ne fera rien qui ne mettrait son poste dans la balance , sinon il aurait déjà démissionné
Si Bruno Retailleau souhaite être élu president de LR .IL faudra qu’ il quitte rapidement le gouvernement de BAYROU .Parce qu’ il dot cesser de commenter l’ actualité mais agir ensuite BAYROU ne tiendra pas longtemps il y aura une censure .Mais le futur president de LR devra aller chercher des alliances à droites pour accéder au 2 tour des présidentielles en 2027
Je ne doute pas de la sincérité et du désir de bien faire du ministre de l’Intérieur, mais cela ne suffit pas pour passer du bavardage à l’action, et ce passage est INTERDIT par le président de la République, la plupart des membres du gouvernement, le Conseil d’Etat, le Conseil constitutionnel, la plus grande partie de l’administration, et j’en passe. Les Français seraient reconnaissants à M Retailleau d’en tirer les conséquences, c’est à dire abandonner ce radeau de La Méduse qu’est devenu l’exécutif. RIEN, ni aujourd’hui ni demain, ne sera possible sans accepter le conflit avec la Commission et tous ceux cités plus haut. Tous les « C’est inacceptable! » et les « Je condamne fermement! » resteront sans suite si ce combat n’est pas mené.