Menaces et impunité de l’extrême gauche : ce député qui « dit les termes »…

Alexandre Allégret-Pilot

C’est une expression comme la jeunesse en produit à chaque génération : « dire les termes », c’est s’exprimer sans langue de bois, quitte à choquer. Les termes, Alexandre Allégret-Pilot les a dits à l’Assemblée nationale, le 22 octobre. Le député de la 5e circonscription du Gard, qui porte l’étiquette UDR, a été élu en 2024. Il était sur ses terres, au Vigan, ce week-end, et a fait face à un rassemblement d’extrême gauche, évidemment pour lui faire comprendre avec violence et haine que c’était un sale facho. Le député a tout expliqué par le menu : comment l’extrême gauche ne respecte pas le résultat des élections, comment elle empêche ses adversaires de s’exprimer, comment l’argent du contribuable paie des Jean Moulin en carton pour agresser des élus du peuple. Et cette phrase, à la fois inquiétante et limpide : « Je fais désormais partie des représentants du peuple dont (je cite) "on veut violer la mère et l’envoyer à l’hôpital" »… qui appelle deux questions du jeune député (« Suis-je un sous-député ? Sommes-nous des sous-citoyens ? »).

 

 

On a envie de répondre « bien sûr que non ». On n’imagine d’ailleurs pas un collectif de droitards désœuvrés, tombant à cinquante contre un sur un élu de gauche. Bastonner ses opposants et leur faire boire de l’huile de ricin, c’est ce que faisaient les fascistes, les vrais, en Italie sous Mussolini. En ce week-end de 2024, un siècle plus tard, il a fallu quinze gendarmes pour extraire le député Allégret-Pilot de ce traquenard gauchiste au cours duquel il a également été enfariné. C’est ça, la démocratie, pour eux : c’est quand on empêche un député de parler au nom de la défense des libertés. Il n’empêche : dans les faits, Alexandre Allégret-Pilot a bel et bien été traité comme un sous-citoyen. Il a bel et bien fait les frais de l’hystérisation du débat public.

Ce Midi rouge

On se souviendra peut-être que Jérôme Fourquet a caractérisé cet « arc rouge » qui va de l’Ariège aux Hautes-Alpes en passant par les Corbières, le Larzac, les Cévennes, la Drôme et le Vercors. Dans ces terres où on pratique une agriculture peu intensive, paysans et néoruraux (arrivés depuis les années 60 sans discontinuer) se retrouvent autour des valeurs du « peuple de gauche ». On est passé de « Gardarem lou Larzac » (les anciens s’en souviendront) aux festivals de la décroissance, mais la matrice est la même. Ce « Midi rouge » est en pleine décomposition, mais il y a quelque chose qui assure la survie du cancer gauchiste dans ces paysages sublimes : l’absence, jusqu’à une date assez récente, de la bienfaisante diversité. Il a fallu attendre les années 90, et même parfois au-delà, pour voir arriver des djellabas et des hijabs, des revendications communautaires et des agressions au couteau. « Que la montagne est belle », chantait Jean Ferrat qui, installé en Ardèche pour sa part, était pile sur cet axe campagnard peuplé de communistes. C’est bien vrai. On n’y voit pas de tours de béton, de prières de rue, de rodéos ou de barrettes de shit. On n’arrive pas à croire ce que les autres voient : là-haut, la tradition protestante de résistance à l’autorité centrale, couplée à la modestie des revenus et à un certain dédain de la bourgeoisie d’affaires, celle des grandes villes « d’en bas » (Montpellier, Nîmes etc.), a longtemps tenu lieu de colonne vertébrale idéologique.

Bravo à ce député qui dit la vérité. Tant pis pour le Sud, comme dirait l’autre, et tant pis pour cette si belle France centrale, celle des chemins et des solitudes qui dominent la vallée, une France qui mérite mieux que ces imbéciles.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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