Meraviglia : derrière les paillettes, la guerre économique
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Le MSC Meraviglia a été baptisé en grandes pompes samedi 3 juin au Havre devant un parterre de plus de 2.000 invités triés sur le volet. Ce bateau de 316 mètres de long sur 43 de large et 65 de hauteur est, à ce jour, le plus grand d’Europe en activité.
Il fallait donc un événement à la hauteur de ce mastodonte des mers qui part pour sa toute première croisière le 5 juin, entre Le Havre et Gênes, en passant par Vigo, Barcelone et Marseille. Comme à l’accoutumée, et parce que l’armateur du bateau est italien, ce dernier a fait appel à la mythique Sophia Loren, 82 ans, pour être la marraine de ce navire pouvant accueillir 5.700 passagers et 1.500 membres d’équipage. Ce n’est pas la première fois que la Napolitaine, très fière de ses origines au point de les rappeler lors de son discours en français, donne son « marrainage » à un bateau de la flotte de la famille Aponte. Elle en est l’égérie attitrée et chaque paquebot de MSC Croisières détient une suite Sophia Loren. Les invités ont eu droit à une cérémonie enjouée, animée par le parfait bilingue Gad Elmaleh, avec un concert de jeunes enfants de Kids United (UNICEF), et de Patrick Bruel. Le menu de gala était élaboré par Hélène Darroze.
Mais derrière les paillettes, c’est une véritable guerre économique que se livrent les opérateurs du tourisme sur le marché des croisières. Le marché est en pleine croissance depuis un quart de siècle : il y a en effet six fois plus de passagers en 2015 (24 millions) qu’en 1990 (4 millions) pour un volume d’affaires, aujourd’hui, proche de 40 milliards d’euros par an. Cet engouement n’est pas anodin. L’image des voyages en mer a été dépoussiérée. Le bateau de croisière n’est plus un moyen de transport mais une destination à part entière qui fait la part belle aux loisirs. Le MSC Meraviglia en est l’illustration parfaite, avec salles de sports, bowling, casinos, cinéma 4D, boîtes de nuit, parc aquatique, simulateurs de vol et de Formule 1, sans oublier les enfants et le Cirque du Soleil à demeure, etc.
La rentabilité des bateaux passe aussi par la maximalisation de revenus issus des dépenses à bord, par une meilleure segmentation de la clientèle mais également par une astucieuse politique dite de « early-booking ». Comme dans les TGV ou les avions, plus le billet est réservé à l’avance, moins il coûte cher au(x) client(s). C’est ce qui explique que le taux de remplissage d’un bateau comme le Meraviglia atteigne presque 100 %, contre 60 % dans l’hôtellerie.
En outre, le secteur sait se démocratiser et se rajeunir. L’âge moyen du passager est passé, en dix ans, de 60 à 45 ans aux États-Unis et ce sont eux qui, avec 55 % de la clientèle mondiale, donnent le la dans le secteur. Enfin le monde des croisières sait innover et s’adapter. Un seul exemple : en 2014, le MSC Armonia a été spectaculairement coupé en deux dans le sens de la largeur et allongé de 24 mètres pour augmenter sa capacité de 30 % ! Le jeu en vaut sûrement la chandelle…
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