Merci, M. Poutine, pour cette guerre du pétrole !

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Depuis les années 1970, les Américains avaient pris l’habitude de régner sur le monde des hydrocarbures et le monde économique tout court, tant le pouvoir que leur conférait le pétrodollar était grand. Récemment, en revanche, le vent a tourné, l’Asie est un centre économique de premier plan et la Russie s’est reconstruite. Les cartes du jeu mondial ont changé et Donald Trump nous a montré qu’il l’avait bien compris pendant sa campagne présidentielle.

Malgré cette situation, les faucons américains refusent de voir cette évolution géopolitique et tentent, avec l’énergie du désespoir, de s’accrocher à leurs privilèges du siècle passé. Ces acteurs majeurs du complexe militaro-industriel, contre lesquels Eisenhower nous avait mis en garde, font tout pour affaiblir le partenariat entre l’Europe et la Russie pour l’acheminement des hydrocarbures. Ils ont lutté contre le projet South Stream, ils ont menacé le projet Turkish Stream et ont imposé des sanctions dans le cadre du projet Nord Stream 2. Ils ont même déclenché des guerres en Irak et en Syrie pour défendre leurs intérêts pétroliers et gaziers au détriment des intérêts des Européens qui souffrent des conséquences politiques, économiques et migratoires de ces politiques agressives américaines.

Le 5 mars dernier, lors de la réunion OPEP+, la Russie a décidé de passer à la contre-attaque. Moscou a, en effet, pris tout le monde de court en maintenant sa production de pétrole au lieu de la diminuer, ce qui a entraîné ipso facto une chute importante du prix du baril. La Russie a annoncé qu’elle avait des réserves financières suffisamment importantes pour maintenir cette situation pendant plusieurs années. Cette situation met à mal l’Arabie saoudite et on a cru que la position russe pouvait être une attaque contre Riyad, mais celle-ci s’est alignée, bien qu’étant beaucoup plus dépendante, budgétairement, du prix du pétrole que la Russie. En effet, Moscou et Riyad savent que s’il y a bien un producteur mondial qui pourra difficilement survivre à un prix du baril si bas, c’est… Washington. En effet, avec un prix du baril en dessous de 25 dollars, l’exploitation du pétrole de schiste est déficitaire. Aux États-Unis, on a même commencé à voir des prix négatifs (les producteurs payent pour se débarrasser des hydrocarbures) !

Riyad et Moscou vont tenter de profiter de cette situation pour gagner des parts de marché qu’ils avaient perdues au profit des Américains il y a quelques années. Ceteris paribus, si le baril revient à un prix « normal », les Américains auront du mal à récupérer les parts perdues.

Cette situation est une aubaine inespérée pour l’Europe, qui va bénéficier d’un pétrole et d’un gaz très bon marché. Vu la crise du coronavirus et la crise économique qui s’accélère, nous pouvons dire merci à M. Poutine, qui va nous permettre d'alléger nos dépenses énergétiques malgré les sanctions que nous lui imposons. Il est temps de lever ces sanctions et de se rapprocher de la Russie, qui est notre alliée naturelle et indispensable et avec qui nous pourrons construire à long terme dans un monde de plus en plus incertain.

Nikola Mirkovic
Nikola Mirkovic
Responsable d’une association humanitaire

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