Messes dominicales de plus en plus boudées : le pape joue-t-il les Ponce Pilate ?

Le pape François s'inquiète de la baisse de fréquentation des églises pour la messe dominicale. C'est ce qui ressort d'un communiqué publié le 23 août. Il n'y voit pas seulement une conséquence de la pandémie de Covid-19 mais, selon l'hebdomadaire Famille chrétienne, une « indication alarmante du stade avancé de changement d'époque ». Plutôt que d'employer cette formule passe-partout, ne devrait-il pas s'interroger sur sa propre responsabilité ?

Le pape souligne que les mesures de confinement et de distanciation sociale ont gravement affecté le rendez-vous hebdomadaire des catholiques. Chacun sait qu'il est difficile de se libérer des mauvaises habitudes. Mais le mal vient de plus loin : « La perception même du temps et, par conséquent, du dimanche lui-même, de l’espace, a changé », souligne-t-il, avant d’évoquer les répercussions de ce changement sur « la manière d’être des communautés, des personnes, de la famille et des relations avec un territoire » : déséquilibre « générationnel »« disparité culturelle », « difficultés à s’intégrer de manière harmonieuse dans la vie paroissiale ».

Pour parler sans détour, les églises se vident de plus en plus. Ce n'est pas un scoop. Les mesures sanitaires n'ont pas arrangé les choses. Mais au-delà d'un « changement d'époque », ne faudrait-il pas rechercher les véritables causes de cette baisse de fréquentation ? Pourquoi les catholiques sont-ils de moins en moins pratiquants ? Parce que la société se sécularise davantage ? On peut se demander si la hiérarchie de l'Église, hormis quelques évêques et cardinaux, n'a pas une part de responsabilité dans cette désertion. Le pape lui-même ne peut jouer les Ponce Pilate et s'en laver les mains.

La France, notamment, semble avoir oublié qu'elle est la « fille aînée de l'Église ». Ses évêques, sauf exception, ne font pas preuve d'une grande combativité pour défendre les valeurs chrétiennes, comme s'ils craignaient d'aller à contre-courant de l'opinion, qu'ils croient acquise aux lieux communs de la bien-pensance. Ils manifestent généralement une tiédeur précautionneuse qui n'est pas très attractive et peut être prise pour de la lâcheté. Et quand ils se mêlent de politique, la tunique de la pensée unique leur colle à la peau.

Tout ce que dit François, comme il aime à se faire appeler, n'est pas parole d'évangile. Quand il ne s'exprime pas ex cathedra en matière de foi et de morale, il n'est qu'un homme comme les autres, avec ses défauts et ses préjugés. Le 16 juillet dernier, l'annulation du motu proprio de Benoît XVI, qui facilitait l'usage du rite tridentin, plus communément appelé « messe en latin », on peut douter qu'elle soit inspirée par le Saint-Esprit. On n'œuvre pas pour l'unité de l'Église en commençant par priver des catholiques, qui ne font de mal à personne, de la messe de saint Pie V.

Le pape François devrait savoir que la majorité des fidèles – et une partie importante de la jeunesse – aspirent au sacré et que le sacré se traduit aussi dans les rites et la beauté d'une cérémonie. C'est peut-être là que se situe le non-dit de son message : la diminution des participants à la messe dominicale a nécessairement des répercussions financières. Les paroisses qualifiées de « traditionalistes », où les fidèles affluent, sont moins touchées que les autres : voilà qui est insupportable pour des encenseurs de Vatican II, qui seraient surtout incommodés par la perte de ressources. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le pape s'y prend mal pour renflouer les caisses.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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