Métiers en tension : Retailleau face au piège des régularisations
Dimanche 5 janvier, sur France Info et France Inter, le ministre chargé du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, s’est exprimé sur la question des « métiers en tension » : « Avec Bruno Retailleau, on travaille sur la question de la régularisation des sans-papiers, puisque nous devons signer ensemble une circulaire. » Cette circulaire, qui sera publiée fin février, est prévue par la loi Immigration du 26 janvier 2024. Elle doit mettre à jour, chaque année, la liste des métiers concernés afin que les préfets puissent procéder à la régularisation de clandestins. Le ministre a indiqué avoir cartographié les métiers en tension « région par région […] tous niveaux de qualification confondus ».
La régularisation ne fait pas consensus
En 2023, l’ancien système, dit « circulaire Valls », avait débouché sur la régularisation de 34.724 personnes. Finalement intégrée à la loi Immigration après d’intenses tractations, suite à un vote négatif du Sénat, cette nouvelle circulaire évite au clandestin de passer par son employeur pour obtenir sa régularisation, ce dont se félicite le ministre : « Ce qui serait une véritable nouveauté aujourd'hui, ce serait, grâce à la loi, de pouvoir demander spontanément une régularisation sans être dans la main du patron. » Nouveauté qui ne participe pourtant pas à rendre la mesure consensuelle. La question de l’immigration de travail est d'ailleurs un très vieux débat qui agitait déjà les esprits au XIXe siècle. Dans Le Capital, Karl Marx dénonçait en effet la tendance du capitalisme à se créer une « armée industrielle de réserve », c’est-à-dire à importer de la main-d’œuvre à bon marché afin de faire baisser les salaires. Mais aujourd’hui, la gauche étant très largement acquise aux discours immigrationnistes, la critique de la politique de régularisation des clandestins au profit des métiers en tension vient plutôt de la droite.
La droite vent debout
« Nous y voilà ! », a réagi Éric Ciotti (Union des droites pour la République), sur son compte X. Contactée par BV, la porte-parole de Reconquête, Diane Ouvry, considère que « les métiers en tension sont une réalité, mais l’idée qu’il faut toujours plus d’immigrés pour régler le problème est une arnaque. Dans les années 60, déjà, il y avait des métiers en tension. Nos gouvernants ont, depuis, procédé plusieurs fois à des régularisations, et devinez quoi ? Ces métiers sont toujours en tension. Le gouvernement nous propose donc une solution déjà essayée et dont on sait pertinemment qu’elle ne marche pas. »
Interrogé par nos soins sur la question, le député RN de l’Yonne Julien Odoul estime que « l’on nous ressort, une fois encore, l’histoire des métiers que les Français ne voudraient pas ou plus faire. C’est là une vieille propagande mensongère, chantée en chœur par les idéologues pro-immigration et ultralibéraux. L’objectif, qui sert les intérêts communs des associations immigrationnistes de type SOS Méditérannée et une partie du patronat, consiste à créer un appel d’air en direction d’une main-d’œuvre bon marché permettant de tirer les salaires à la baisse. Or, en réalité, les Français veulent travailler, mais dans des conditions décentes pour un salaire décent. »
D'autres solutions possibles ?
Julien Odoul rappelle que le « RN demande des hausses de salaire, avec pour compensation une baisse des charges de 10 %. Il faut aussi adapter les formations aux besoins des bassins d’emploi. Après, il y a aussi des problèmes structurels dans certains métiers. Comme le numerus clausus dans la santé, qui nous vaut aujourd’hui un manque de médecins que l’on a cherché à compenser en faisant appel à des médecins étrangers. » Pour le député, on prend en fait le problème à l'envers : « Cela arrange certains que l’on vide, par exemple, l’Afrique de ses forces vives afin de leur faire faire chez nous des métiers sous-payés. Ce n’est pas notre conception. Les Français doivent pouvoir travailler décemment. Il y a plus de cinq millions de chômeurs à accompagner vers l’emploi. Que dire, aussi, des étrangers légaux actuellement au chômage : faisons en sorte qu’ils travaillent, plutôt que d’en faire venir d’autres et de régulariser des illégaux. Et faisons en sorte que les pays africains gardent leur jeunesse afin de pouvoir se développer. »
Sur son compte X, l'ancien député FN Jean-Yves Le Gallou rappelle que « chaque régularisation (Defferre, Chevènement, Valls) a toujours été suivie (1982, 1998, 2015) d’une accélération de l’immigration ». Aujourd'hui, sa fonction contraint le ministre de l'Intérieur à associer son nom à une mesure qui va à l’encontre de son discours sur l’immigration. Bruno Retailleau ne serait-il pas piégé, dans cette histoire ? Son entourage, contacté par BV, s'en défend : « Rappelons que cette circulaire est prévue par la loi de 2024, qu'elle émanera de la ministre du Travail et ne sera pas "cosignée" par le ministre de l'Intérieur. Les deux ministères travaillent en effet sur les nouvelles listes de métiers en tension, mais avec pour objectif, chez Bruno Retailleau, de limiter les régularisations. Par ailleurs, il faut aussi rappeler que non seulement le RN et Monsieur Ciotti ont voté cette loi, mais qu'en outre, lors des négociations sur cette disposition entre le Sénat et l'Assemblée nationale, ce dernier était favorable au maintien de la circulaire alors que Bruno Retailleau s'y opposait. Et son objectif est plus que jamais de freiner l'immigration. Alors, plutôt que de nous faire de mauvais procès, qu'on nous juge aux résultats. »
Le discours de politique générale de François Bayrou en dira-t-il plus ? En attendant, la vie de ministre de l'Intérieur ne s'annonce décidément pas comme un long fleuve tranquille.
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45 commentaires
La » tension », jadis, c’était le bâtiment et les usines ; pas des ridicules jobs anecdotiques de cuistots et/ou serveurs : on mangeait à la maison ou on emportait sa gamelle ; pour les parigots, le jambon/beurre du bistrot..
Mme Meloni est aujourd’hui encensée pour « sa réussite » dans la baisse drastique de l’immigration par « la voie » italienne. L’envers de la médaille ? Des dizaines de millions d’euros balancées au raïs tunisien et aux factions lybiennes… et régularisation de 500.000 sans-papiers.
On attend avec intérêt de quel faux-nez va se parer « la réussite » française…
Et si on commençait par employer tous nos chômeurs dans ces métiers en tension……Il n’y aurait même pas assez d’emplois pour tous. Alors ces histoires de migrants c’est encore une débilité de plus pour nous faire gober n’importe quoi. Cela fait 30 ans que j’habite dans l’île de Ré et je n’ai toujours vu que de français derrière des camions-poubelles. Qu’on ne vienne donc pas nous dire qu’il y a des métiers que les blancs ne veulent pas faire. C’est un mensonge de plus pour nous faire gober n’importe quoi et nous faire accepter une immigration indésirable !
Les arguments favorables à la régularisation ou l’arrivée massive de migrants sont fallacieux. Ils visent à créer le plus rapidement possible une situation irréversible en saturant le pays d’étrangers qui seront régularisé ou naturalisés à la hâte dans le but essentiel de déstabiliser nos institutions « par le nombre ». Le ministre de l’Intérieur tente de s’y opposer mais il en est empêché par des forces internes à nos administrations.
Bruno Retailleau a raison de s’y opposer, et il nous importe à tous de le soutenir . Mr Bayrou doit en prendre conscience et donner carte blanche à son Mi istre de l’Intérieur.