Meurtre de Philippine : Thomas Guénolé provoque l’indignation sur TPMP

© Capture écran C8
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« Il n’a honte de rien ! », « Quelle indécence ! » Depuis près de 24 heures, la participation du politologue Thomas Guénolé, un temps proche de La France insoumise, à l’émission Touche pas à mon poste !, ce 25 septembre, fait abondamment réagir. En cause, son analyse du meurtre de Philippine, jugée par beaucoup démagogue et déplacée.

Indignation, sur le plateau

Invité par Cyril Hanouna pour parler de son Manuel de résistance à l’extrême droite (Enrick), Thomas Guénolé, qui notons-le a tout de même eu le courage de venir affronter ses détracteurs en direct, n’a pas échappé aux questions d’actualité. En effet, après avoir soutenu Lucie Castets qui, sur une chaîne concurrente, appelait à régulariser l’ensemble des sans-papiers, l’ancien directeur de l’école de formation de La France insoumise a inévitablement été interrogé sur le meurtre de Philippine qui émeut la France entière. Rapidement, la question du faible taux d’exécution des obligations de quitter le territoire français (OQTF) est arrivée au cœur du débat. C’est alors que le politologue tente une démonstration en interrogeant les chroniqueurs, sidérés par la question : « Une OQTF en droit, c’est l’État qui donne l’ordre de quitter le pays. Où est-ce qu'on a chopé le mec ? » « En Suisse, répond-il tout seul. Ça veut dire que l’OQTF avait déjà été appliquée. » « Ce que j'ai voulu dire, c'est que le système des OQTF est idiot parce qu'il consiste généralement à ce que la Justice demande à la personne de quitter par elle-même le territoire », précise, auprès de BV, le politologue.

Un raisonnement qui déclenche tout de même l’indignation quasi unanime des chroniqueurs présents autour de la table. Les premiers lui rétorquent en effet que si le principal suspect a bel et bien été interpellé en Suisse, c’est sans doute qu’il était en cavale. Les autres ajoutent que cet individu était visé par une OQTF, non exécutée, bien avant le meurtre de Philippine. Jean-Michel Maire, notamment, souligne que « si les OQTF n’étaient pas là [sur le territoire français], Philippine serait encore en vie ». Une rhétorique malheureusement maintes fois répétée, et à raison, qui ne convainc pas le politologue. « C’est très sale… Vous dites quelque chose d’assez atroce envers tous les [individus visés par une] OQTF qui ne sont pas des meurtriers. C’est très moche », rétorque ainsi Thomas Guénolé. Pourtant, force est de constater que si le meurtrier présumé de Philippine avait pu être expulsé à sa sortie de prison ou pendant qu’il était encore en centre de rétention administrative, alors Philippine irait encore en cours, aujourd’hui… Auprès de BV, le politologue se justifie : « J'ai dit que "c'était sale et moche" car il a établi un lien de cause à effet entre l'application des OQTF en général et le fait qu'il y ait ou pas davantage d'assassinats, [...] d'où ma réaction. »

Un sentiment d'insécurité ?

Mais pour Thomas Guénolé, le véritable problème de cette affaire, qui vient allonger la liste des victimes d’une non-exécution des OQTF, ne porte pas tant sur le laxisme judiciaire ou un manque de volonté politique, mais concerne un « un problème de surmédiatisation des faits divers ». « Les médias sont collectivement [responsables] », accuse-t-il, sur le plateau. À croire que l’insécurité ne serait qu’un sentiment… Contacté par BV, le principal intéressé persiste : « L'effet loupe est un concept en sociologique des médias qui consiste à étudier l'écart entre la prévalence objective des crimes et délit dans le monde réel et leur prévalence [dans les médias]. Cela permet de constater objectivement une surexposition médiatique de l'insécurité. »

Ce n’est pas la première fois que Thomas Guénolé fait parler de lui. Sur France Info, ce 22 septembre, il appelait ainsi à « interdire le Rassemblement national », un parti qui selon lui serait coupable de « provocation à la haine et discrimination ». Une position qu’il maintient sur Touche pas à mon poste !, malgré les onze millions d’électeurs du parti de Jordan Bardella… Il n’en est pas à sa première prise de position jugée hors-sol. En 2022, l’ancien fidèle de Jean-Luc Mélenchon, purgé du parti, affirmait par ailleurs, toujours sur France Info, que « les nations n’existent pas ». « Les frontières sont des lignes imaginaires : rejeter un être humain en détresse parce qu’il en franchit une, c’est absurde. Les nations n’existent pas : ce sont des fictions collectives. Je suis citoyen du monde, cosmopolite, et j’en suis fier », expliquait ainsi le politologue.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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