Meurtre de Philippine : tout près de Dauphine, seringues et prostitution

Le corps de Philippine a été retrouvé dans une zone boisée du bois de Boulogne © Boulevard Voltaire
Le corps de Philippine a été retrouvé dans une zone boisée du bois de Boulogne © Boulevard Voltaire

« Ressortissant marocain de 22 ans visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), déjà condamné à sept ans de prison par la Cour de justice des mineurs pour viol  ». Quatre jours après le meurtre de Philippine dans le bois de Boulogne, un suspect a été interpellé en Suisse, nous apprend Europe 1, selon une source policière. Une fois encore, son profil, s’il s’avère être confirmé, semble démontrer l’impuissance de la justice et le laxisme migratoire. Reportage au bois de Boulogne, sur les lieux présumés du meurtre.

Ce mardi 24 septembre, trois jours après la découverte macabre du corps de Philippine, 19 ans, à moitié enseveli dans le bois de Boulogne, les promeneurs se font rares, dans les allées du parc que nous avons empruntées. Un coureur, un passant et une poignée de journalistes se croisent sans un bruit. Au détour du chemin, des lambeaux de Rubalise™ signalent qu’un drame s’est déroulé à cet endroit. Seules les voitures, sur le boulevard périphérique qui borde la zone boisée, viennent troubler le silence qui s’est installé dans cette partie du XVIe arrondissement, depuis vendredi soir.

Une mort par asphyxie

Ce jour-là, Philippine, étudiante en troisième année à l’université Paris-Dauphine, est portée disparue. Grâce à la géolocalisation de son téléphone et à la mobilisation de ses proches, son corps est retrouvé le lendemain, à moitié enterré. Rapidement, une enquête est ouverte par le parquet de Paris pour « homicide volontaire ». Les investigations sont confiées à la brigade criminelle de Paris. Contactée par nos soins, la police ne laisse filtrer aucune information sur l’enquête en cours. Seule information révélée par Le Parisien, la rumeur selon laquelle la jeune fille aurait reçu des coups et des sévices, un temps diffusée par les médias, s’avère fausse. Les premières constatations réalisées lors de l’autopsie concluent, selon Le Parisien, a une mort par asphyxie, sans, pour le moment, que la cause précise de l’asphyxie ne soit déterminée. D’autres « examens et expertises » vont être menés pour comprendre les causes de la mort, annonce le parquet. L’enquête devra également déterminer le mobile, encore très mystérieux, de ce meurtre et répondre à plusieurs questions, notamment : que faisait Philippine dans le bois de Boulogne, cette après-midi-là, à l’opposé de la station de RER où elle devait se rendre pour rejoindre ses parents ?

La mort de cette étudiante que beaucoup décrivent comme « bienveillante » et « sérieuse » a suscité un émoi particulier auprès de ses camarades de Dauphine, du corps enseignant mais également de la France entière. La découverte de sa dépouille relance le débat sur la situation sécuritaire aux abords et au sein du bois de Boulogne, « un sujet qui n’est pas nouveau », regrette le maire du XVIe arrondissement de Paris, interrogé par BFM TV. Si l’espace boisé est apprécié des familles franciliennes qui viennent se détendre et profiter des infrastructures sportives, il est également le lieu de rencontre de groupes marginaux. Vols à la roulotte, agressions de promeneurs, dégradations de véhicules, drogue… le bois abrite de nombreux délits. En 2018, une prostituée transgenre y a été tuée par balle lors d’une expédition punitive.

Insécurité dans le bois de Boulogne

Trois jours après la découverte du corps de Philippine, si le calme règne dans cette zone du bois de Boulogne, il ne faut pas aller bien loin pour constater l'insécurité du parc. En s’enfonçant un peu sous les arbres, on bute ainsi rapidement sur une seringue. Plus loin, on devine des zones de prostitution.

Face à la recrudescence de cette insécurité, plusieurs élus parisiens ont lancé l’alerte. Comme le rappelle aujourd’hui Rachida Dati, « depuis 2020, [son groupe] demande des caméras de vidéoprotection dans les deux bois de Paris : Boulogne et Vincennes, avec une antenne de police municipale dédiée dans chaque bois ! » Mais le ministre de la Culture essuie un « refus systématique d’Anne Hidalgo ». Une mission d’évaluation et d’information a été lancé par le Conseil de Paris. Là encore, les « enjeux sécuritaires liés à la présence de sans-abri et à un système prostitutionnel pouvant générer des actes de délinquance, voire des crimes », sont soulevés de nombreuses fois. Par ailleurs, note le rapport, les infractions liées au stupéfiants ont augmenté de 17 %, entre 2022 et 2023.

Les auteurs de cette mission d’information recommandent donc de « renforcer la présence de la police municipale formée aux enjeux des bois » et d’« expérimenter […] des dispositifs d’éclairage intelligent » pour tenter d’endiguer la spirale d’insécurité. Le groupe Changer Paris, mené par Rachida Dati, a, à l’occasion de la publication de ce rapport, réitéré sa demande de « déployer un système de caméras de vidéoprotections sur les grandes axes des Bois » et de créer des unités de police municipale dédiées aux Bois. Autant de recommandations auxquelles la mairie de Paris n’a, pour l’heure, pas donné suite… Combien faudra-t-il de drames avant que des mesures concrètes pour assurer la sécurité des Parisiens ne soient prises ?

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

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