Mgr Ravel, archevêque de Strasbourg, votera Macron, « bien entendu »…

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Le clergé français, depuis Vatican II et Mai 68, a toujours été en pointe dans la lutte contre la droite nationale. On se souvient qu'en 2002, une bonne partie des évêques, dont l'archevêque de Paris, Mgr Lustiger, avaient donné des consignes de vote contre Jean-Marie Le Pen. Vingt ans plus tard, les églises sont de plus en plus vides, les pratiquants de plus en plus vieux… mais les prélats ne sont pas devenus muets.

Certains analystes du vote catholique, comme Yann Raison du Cleuziou, n'hésitent pas à parler de radicalisation des catholiques pratiquants, qui ont pour certains voté pour Zemmour (7 % des non-pratiquants ont voté Zemmour, ils sont 10 % parmi les pratiquants occasionnels et 16 % parmi les réguliers). On ne peut songer sans une certaine crainte aux chantiers de déradicalisation qui devront être entrepris pour éviter les attentats catholiques dans les années qui viennent… De son côté, la Conférence des évêques de France, probablement gênée aux entournures, n'a pas donné de consignes officielles pour le second tour. Cela n'empêche pas, évidemment, les prises de position individuelles.

Voyez Mgr Ravel, par exemple. Ancien évêque aux armées, archevêque de Strasbourg depuis 2017, il a affirmé, vendredi, que « le citoyen Ravel que je suis, lui, votera Emmanuel Macron, bien entendu». Bien entendu, c'est-à-dire : cela tombe sous le sens. L'évêque a toutefois tenu à préciser sa position, invoquant notamment l'apaisement et l'unité nationale. Qui mieux que Macron, évidemment, pour rassembler et apaiser, comme il n'a cessé de le faire pendant cinq ans ? Et qui mieux qu'un évêque pour se prononcer sur la situation politique ? Cela, aussi, tombe peut-être sous le sens pour Mgr Ravel.

Dans les années 80, lors d'un discours resté célèbre, Jean-Marie Le Pen avait ironisé en ces termes : « À gauche du Parti radical, du Grand Orient et de la Ligue des droits de l'homme, je vois quelques évêques […] Alors eux, c'est le tir de barrage. […] C'est, à ma connaissance, la première fois qu'ils montent au filet sur le plan politique. On ne les a pas entendus parler du goulag… » Et il concluait en ces termes : « Et si vous vous mêliez de ce qui vous regarde ? » On est bien obligé de constater, malgré les outrances tribuniciennes du fondateur du FN, que les choses n'ont pas beaucoup changé. On n'a pas trop entendu monseigneur Ravel sur l'avortement à 14 semaines, la PMA pour toutes ni sur aucun sujet qui s'oppose frontalement au magistère de l'Église, d'ailleurs. On est surpris (quoique pas vraiment) de cette soudaine passion pour la chose publique, dans un domaine qui n'a pas grand-chose à voir avec le salut des âmes. À moins que le vote Le Pen ne soit considéré comme un péché mortel ? Écoutons encore monseigneur Ravel : « Il y a très certainement des centaines de milliers, peut-être des millions de chrétiens qui vont voter pour Marine Le Pen. Je les invite simplement à réfléchir en conscience. »

Le mot « conscience », dans le vocabulaire catholique, n'est pas anodin. Réfléchir en conscience, c'est utiliser un outil puissant, éduqué par l'usage et éclairé par la grâce, pour choisir le bien et dédaigner le mal. En est-on vraiment là ? Que se passera t-il, au jour du Jugement, si un chrétien glisse un bulletin Le Pen dans l'urne ? Vaudrait-il mieux « que cet homme-là ne fût pas né », comme le dit le Christ à propos de Judas ?

En tant que fidèle de base, pauvre pécheur et sans armes théologiques de pointe à dégainer, je me demande tout simplement si, par hasard, monseigneur Ravel ne se moquerait pas un peu du monde en utilisant la grandeur de sa charge pour donner des conseils. Est-ce cela, l'Église ? Et un évêque qui se considère comme citoyen, est-ce un progrès ou est-ce le dernier avatar du gallicanisme rebelle, qui fait mine de ne rien comprendre à la séparation du spirituel et du temporel ?

En dépit des apparences, on n'est pas si loin de l'héritage de la Révolution : il existe toujours de petites communautés catholiques réactionnaires, moquées et vilipendées, quand elles ne sont pas simplement persécutées… et il existe toujours un clergé jureur, qui espère conserver sa clientèle avec des accommodements raisonnables.

Tout passera, nous le savons bien. Clercs et fidèles s'endormiront dans la paix du Seigneur. Qui, alors, ira prier dans ces églises sans Dieu, sans prêtres et sans fidèles, qui ont remplacé la charité par la tolérance et à qui Jésus avait demandé d'être un signe de contradiction ? Où est la radicalité brûlante des enseignements de l'Évangile dans cette soupe tiède tellement soumise à l'esprit du monde ?

Dimanche 24 avril, deuxième tour des élections, c'est aussi le dimanche in Albis, ou dimanche de Quasimodo dans le calendrier catholique. C'est le dimanche de l'esprit d'enfance (Quasi modo genitis infantes, comme des enfants nouveau-nés), de son besoin d'absolu et de son dégoût bernanosien devant les mensonges et les lâchetés des prétendues grandes personnes. Puissions-nous garder cela en tête au moment d'entrer dans l'isoloir.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/04/2022 à 18:23.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

141 commentaires

  1. Les évêques n’ont jamais condamné l’horreur des transitions de « genre » chez les mineurs. Ils votent avec les musulmans pour un président immoral qui propose des choses immorales en France et devant le Parlement européen ! Je ne m’occupe plus des consignes de la hiérarchie de l’Eglise : des aveugles conduisant des aveugles.

  2. On a déjà connu un archevêque supposé français et qui militait pour des ennemis notoires de la France et qui, chef des catholiques de son diocèse travaillait avec ceux qui voulaient les faire disparaitre. Il s’agit bien sûr de Mgr Duval. Que croyez vous qui arriva ? Le Pape lui offrit un chapeau de cardinal et l’ineffable Bouteflika réclama sa canonisation !

  3. Ce que disent les évêques et le pape François ne me concerne plus. Je considère désormais que le chef spirituel de l’Europe est le patriarche Kirill. Le pape François est judéo-protestant, il représente un monde qui n’est pas le mien.

  4. J’ai connu de vrais prêtres, on les appelait Padre ou Curé….des Hommes de Dieu qui ne pensaient pas chaque matin a quelle chevalière ou bague ils allaient porter la journée
    Ils étaient au milieu de nous , en treillis, à boire une canette ou fumer une troupe autour du feu en manœuvre ou au foyer du soldat au Quartier …..on ne se posait pas de question concernant l’existence ou non de Dieu car le Padre était là avec nous , et pour le reste ….

  5. quand j’entends mr castaner dire que tous ceux qui votent pour MLP sont des Fachos je voudrais qu’il me dise dans quelle catégorie se positionne t’il.

  6. Le pape et ses évêques proches politiqueent car ils n’ont rien à voir avec l’Eglise ne sont que des franc maçons là pour détruire l’Eglsie alors qui mieux que macron et ses amis muzz ? Mais ces gens ont trop fait et la majorité de Français en ont marre. Les crédules n’iront pas voter les pro MLP voteront et les antis MLP aussi mais ces dernier savent qu’ils sont minoritaires et perdront du fait de leur jeu pro abstention

  7. Je doute que le Christ lui ait fait quelque recommandation que ce soit ; s’il agit comme simple citoyen son choix nous importe peu, si c’est es qualité d’Archevèque, il se trompe de siècle et ternit la portée de sa future parole auprès des cathos comme moi. Il me fait penser à notre Pape qui accueille ceux qui s’en prennent à notre foi, à nos églises.

  8. Lorsqu’un évêque appelle à voter pour un disciple de l’antéchrist, ça laisse rêveur … ou révolté

  9. Ainsi, un archevêque préconise de voter pour un candidat qui a laissé passer des lois « bioéthiques » qui autorisent l’avortement jusqu’à 14 semaines, jusqu’au terme en cas de « détresse psychosociale » (sans autre précision bien sûr), les chimères, la PMA, et bientôt l’euthanasie, baptisée du terme orwellien de « fin de vie dans la dignité ». Où en sommes nous arrivés ?

  10. Lâche et soumise l église catholique ne trouve rien à redire sur la façon dont certains on été inhumés pendant le covid. Pire que des chiens. Cette grenouille de bénitier vient juste de me convaincre de me faire excommuniée, ce que je ferais dès mardi. Je ne veux plus appartenir à cette secte malfaisante .

  11. C’est beau comme attitude .Nous pouvons constater une nouvelle fois que l’effacement de l’Eglise Catholique n’est pas uniquement du à l’immigration -invasion Musulmane ,mais à la haute trahison de ses dignitaires .Il ne reste plus qu’a cet archevêque de se faire iman …

  12. Avec l’article sur « les musulmans appelent à voter macron », on appelle cela « l’oecuménisme » ! Mais mesiieurs les « musulmans », macron ne fait-il pas parti de la caste qui faisait « suer le burnous » ? Réflechissez !

  13. Monseigneur, vous voici bien mal embarqué, même si vous fûtes un jour directeur de consciences il n’est pas dans vos prérogatives de vous mêler de nos idées politiques ni de nous dire pour qui voter. Cependant permettez- moi de vous dire que vous allez voter pour un menteur, un parjure, un apostat, en un mot un vaurien.

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