Mgr Rey : « Une des grandes menaces qui pèsent sur notre société, c’est la destruction de l’humain ! »
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L'Église de France appelle les croyants à manifester contre le projet de PMA le 6 octobre prochain. La parole des hommes d'Église a-t-elle une légitimité à prendre part au débat ? Quel dialogue possible entre les politiques et l'Église ?
Réponses de Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, au micro de Boulevard Voltaire.
L’Église de France a appelé officiellement les croyants à aller manifester le 6 octobre avec la Manif pour Tous et les différentes organisations opposées à l’ouverture de la PMA pour les couples de même sexe.
Serez-vous présent et approuvez-vous ce message ?
Compte tenu des enjeux éthiques et anthropologiques de cette loi, l’Église appelle tous les chrétiens à se mobiliser. Par rapport à la technologisation et la commercialisation de l’humain qui est en filigrane de cette législation, nous ne pouvons pas ne pas réagir. Cette mobilisation passe aussi par les manifestations sur la voie publique de notre inquiétude non seulement pour nous-mêmes et nos valeurs, mais tout simplement par rapport aux valeurs d’humanité.
En quoi la parole de l’Église est-elle légitime sur cette question qui touche ce qu’on pourrait appeler l’intimité des femmes et des couples ?
L’Église s’occupe de ce qui est humain, de ce qui fait l’Homme et de ce qui garantit et préserve son humanité. Le pape François a parlé d’écologie intégrale, comment non seulement respecter la nature et l’environnement, mais aussi respecter la nature humaine.
L’Église ne peut pas ne pas se prononcer sur ce qui définit l’humain. Elle se fonde sur une création voulue par Dieu de l’homme et de la femme. Préserver cette humanité, pour reprendre les expressions du livre de la Genèse, est notre fonction. Comme Église, nous avons à défendre la vie humaine et rechercher le bien commun. Cette humanité est menacée par des lois qui mettent en cause les socles anthropologiques fondamentaux.
Monseigneur d’Ornellas, l’évêque de Rennes, a été malmené pendant les auditions. L’Église a eu le droit à toute la pléthore de plaisanteries sur la GPA et des blagues de très mauvais goût.
Pensez-vous que le dialogue entre le politique et l’Église soit encore possible ?
La politique doit retrouver ses lettres de noblesse. La politique, au sens noble du terme, prend en compte ces valeurs que rappelle la doctrine sociale, c’est-à-dire préserver l’humain, garantir la justice, la paix et la liberté de conscience.
Et, il y a le jeu politique. Il y a aujourd’hui une crise du monde politique. À l’égard des hommes politiques, il y a aussi un vrai discrédit. Le jeu politique, comme son nom l’indique, n’ayant plus de repères avec la mort des grandes utopies et des récits fédérateurs et instituants, la politique se réduit à un management à court terme au gré des consensus et des jeux de lobbies médiatiques.
L’Église fait de la politique, au sens noble du terme, mais elle prend de l’altitude par rapport à ce jeu politique souvent très mesquin et d’ailleurs déconsidéré dans une large partie de l’opinion publique.
Le philosophe catholique et député européen, François-Xavier Bellamy, avait déclaré en parlant de la PMA : je crois que le choix de rompre avec la condition humaine parce que ses limites frustrent nos désirs sera notre malédiction. Approuvez-vous ces propos ?
Je considère qu’aujourd’hui une des grandes menaces qui pèse sur notre société et sur son avenir, c’est la destruction de l’humain, de ce qui fait notre humanité. C’est un grand péril avec la technologisation, la robotisation et la commercialisation de l’humain. Il y a un péril considérable qu’il nous faut prévenir.
Devant les générations futures, nous serons redevables d’une parole claire là-dessus ou au contraire d’une complicité par notre silence.
Thématiques :
PMA-GPA
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