Michael Youn, de l’humour potache à la dénonciation d’un député RN

Capture d'écran
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À la sortie de la guerre, on déplorait ce tropisme français – la dénonciation – qui se traduisait alors, nous dit-on, par des tonnes de lettres anonymes envoyées aux forces d’occupation. Aujourd’hui, on en fait un spectacle : l’accusation en un clic, les followers comme peloton d’exécution.

C’est ainsi que ledit Michael Youn, samedi dernier, lors de son concert au Biquet Plage, à Leucate, a invité le public à envoyer des messages à Frédéric Falcon, député RN de la deuxième circonscription de l’Aude. « C’est un message très personnel, donc je vous propose que tout le monde le remercie. Merci vraiment Frédéric ! », a-t-il lancé, et d’envoyer aussitôt sa photo sur grand écran avec fiche et numéro de téléphone. Cerise sur le gâteau : ce n’était pas le téléphone du député mais celui de son collaborateur, maintenant harcelé, puisque tel était le but.

Ça, c’est de l’humour, coco !

Certes, l’humour de Michael Youn n’a jamais volé bien haut. Catalogué « humour potache », parce qu’il faut bien des saltimbanques pour satisfaire les amateurs de ce registre ; mais ça, c’était hier… Le registre en question tient aujourd’hui le haut du pavé politique, servi par les Boyard et Compagnie. Résultat : l’armée des Youn se retrouve privée d’« emploi », comme on dit au théâtre - comprenez en panne de rôle. Que faire, alors ? Mais de la politique, bien sûr !

Frédéric Falcon a donc décidé de porter l’affaire devant la Justice. Il a saisi le parquet de Paris « en tant qu’élu menacé, qu’employeur qui voit son collaborateur harcelé ». « Que vous vous en preniez directement à moi est une chose. En tant qu’élu, j’assume tous les désagréments et risques liés à mon mandat. En revanche, que vous vous en preniez à mon équipe salariée est inqualifiable », écrit-il, sur son compte X.

Contacté, l’entourage du député confirme que Frédéric Falcon et Michael Youn ne se connaissaient pas. Il n’y avait aucun différend entre eux pour expliquer, et certes pas justifier, de l’offrir ainsi à la vindicte populaire. C’est juste que Michael Youn pratique la « bêtise d’opportunité », forme particulière de la délinquance d’opportunité. C’est facile à comprendre, simple comme un syllogisme : Michael Youn n’aime pas le RN, il se produit dans une région dont le député est RN, donc il s’en prend au député.

L’accusation en un clic, les followers comme peloton d’exécution

Notons, au passage, que ce pauvre Youn est en mal d’inspiration, puisqu’il n’a fait là que réitérer, presque jour pour jour, son « sketch » de l’été dernier : le 23 août 2023, il balançait de la même manière le numéro de Gérald Darmanin, expliquant : « C'est ma petite contribution à la politique française. » Quel courage ! Sauf que, là aussi, ce n’était pas le numéro du ministre de l’Intérieur.

C’est d’une bêtise crasse, certes ; ça n’a aucun sens. Pire que cela : c’est faire d’un élu une cible et la lui coller dans le dos à l’heure où notre société est une poudrière que la moindre étincelle peut enflammer. Surtout, c’est honteusement lâche. Mais en cela, hélas, cet humoriste n’est pas une exception. S’en prendre au RN n’est en rien du courage ; au contraire, c’est aujourd’hui la quintessence du conformisme, la planque morale dans laquelle se réfugient ceux qui ne savent que bêler avec le troupeau.

Michael Youn, lorsqu’il s’agit de sa personne, est pourtant des plus chatouilleux. C’est bien lui qui, vexé des critiques acerbes, publiait en 2006, sur son blog, une lettre d’insulte à l’intention des critiques, les traitant de « scribouillards aigris, avec des vies de merde, passées à juger le travail des autres, dans des rédactions éclairées par des plafonniers qui font mal aux yeux ».

Vingt ans ont passé, le monde a changé. Pas Michael Youn ni la société des saltimbanques, pour qui cracher sur le RN est un gage de bonne conduite, comme ça l'est d'ailleurs pour nombre de politiques. L’entourage du député confirme à BV qu'une plainte a été déposée et précise que Frédéric Falcon « ne reviendra pas en arrière, quand bien même Michael Youn présenterait des excuses ».

Espérons que, cette fois, la justice sera au rendez-vous.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

61 commentaires

  1. Encore un clown payé pour abrutir les foules. Que ce type ait du succès est un symptôme de la crise morale de notre époque.

  2. Divulguer des données personnels si non souhaités par son propriétaire est passible de prison. Heureusement pour ces délinquants en col blanc, on manque de prisons mais des équivalences pour enfermer une personne qui risquent de nuire à la population existent même sans repas chaud trois fois par jour.

  3. Ce trublion sans talent n’est que la face visible de cette gauche caviar ridicule qui se comporte en collaboratrice zélée des fossoyeurs de la France. Aucune excuse ne doit être acceptée, ils jettent le pavé dans la mare en sachant qu’elles en seront les conséquences puis se rétractent comme des gamins d cinq ans . Qu’ils assument leurs actes jusqu’au bout.

  4. Michael Youn… ah oui, c’est le gars qui aimait montrer son fondement.
    Pauvre garçon. Mauvais comique et pas fichu de se reconvertir.
    Il va mal vieillir, c’est sûr.

  5.  » Espérons que, cette fois, la justice sera au rendez-vous.  » Ça au moins c’est drôle comme réplique, merci Madame Delarue mais dans le fond vous savez bien, et nous aussi, que Youn prendra le café avec le juge pour qu’on puisse penser qu’il y a eu au moins rappel des lois, et que ça va s’arrêter là.

  6. Un comique de bas étage à boycotter . Ne reste plus qu’à attendre le verdict de notre justice . Justice en laquelle plus aucun français ne croit tant elle est favorable aux voyous contre les honnêtes gens .

    • Tout à fait de votre avis. Je m’imagine bien ce personnage en temps de guerre pratiquer la délation . Ce « saltimbanque » démontre sa médiocrité intellectuelle.

  7. Il a sûrement dans son répertoire le numéro de quelques insoumis. Pourrait-il nous communiquer celui de Louis Boyard ou d’un de ses collègues pour que l’on puisse continuer à rigoler franchement ?

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