Jean-Michel Blanquer et l’enseignant du XXIe siècle…
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Là où passe un pédagogue, la culture ne pousse plus...
Les professeurs ayant vécu leur lot de chambardements pédagogiques, depuis la réforme Haby (soit maintenant plus d'un demi-siècle !), se montreront blasés devant les récentes déclarations, au « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », du ministre de l’Éducation, Michel Blanquer, qui s'essaie, comme ses prédécesseurs, à ses rêves de révolution culturelle : « Nous avons une occasion historique de parler de l’ensemble des missions des enseignants […], de discuter de ce qu’est l’école du XXIe siècle. »
Nous aurons reconnu le leitmotiv du parfait progressiste qui fonde sa légitimité sur la « marche de l'Histoire ».
Voyons donc ce que les temps nouveaux nous offrent comme merveilles...
Allons, pour ce faire, au cœur de la question, sans nous attarder aux considérations qui sont de l'ordre de l'intendance. On commencera par constater que les hauts cadres du ministère, comme Alain Michel, conseiller scientifique du think tank Futurible (il va de soi que l'anglais s'impose), s'inscrivent dans une tradition pédagogiste anglo-saxonne, vieille de plus d'un siècle, dont le « penseur » britannique Ken Robinson - qui, bizarrement, considère que l'école (vocable grec antique skholè, rappelons-le) est une survivance d'un monde industriel en voie de disparition - est l'inspirateur actuel. À ce pudding, il faudra, naturellement, ajouter une cerise, ces fameuses neurosciences que notre ministre n'est pas loin de considérer comme le Graal qui résoudra tous les problèmes, largement dus à ces mêmes Diafoirus.
Nous résumerons les prescriptions du courant pédagogiste à quelques points majeurs, liés à une vision libérale d'inspiration protestante :
Le « savoir humaniste » est inutile, voire nocif, car il véhicule des valeurs éthiques et esthétiques responsables des guerres anciennes (de même que, dans "Fahrenheit 451", les livres sont accusés de proposer des visions disparates et divergentes, origine du désordre).
L'individu est le seul créateur de sens, la verticalité de la transmission étant un legs du catholicisme.
La sociologie, la pesanteur du milieu, conditionnent la didactique.
Les disciplines sont des cloisons, que l'évaluation par compétences et l'imposition de l'équipe comme actrice décisionnelle feront voler en éclats, avec le groupe classe.
Or, ne nous cachons pas qu'un programme semblable est une fabrique à crétins dirigée par des sots techniciens (la technique ne pensant pas, elle est là pour remplir le vide du sens), que les matières ont leur légitimité épistémologique et leurs finalités qu'on appellera « humanistes » (étudier à fond un grand auteur a un sens !), que ce qu'on caricature comme une espèce de « Questions pour un champion », à savoir la culture générale, que l'on fait disparaître des concours d'entrée à l'ENA et aux grandes écoles, est tout simplement, si l'on veut être juste, l'héritage, le patrimoine, la source de notre civilisation. Faire table rase est le projet d'un Attila.
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