Michel Thooris : « Les syndicats majoritaires étouffent la contestation très forte des policiers ! »
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Michel Thooris réagit aux deux nouveaux suicides de policiers, ces derniers jours, et au départ en retraite anticipé d'Éric Morvan, directeur général de la police nationale, qu'il salue. Il dénonce l'attitude des syndicats majoritaires : « Ce sont eux qui ont nui de façon la plus profonde aux policiers ! »
Ces deux derniers jours, deux suicides ont eu lieu au sein de la police nationale. Des mesures ont-elles été prises pour limiter ce fléau ?
Absolument rien n’a été fait. La seule réponse de l’autorité politique : des mots. Ces derniers ne répondent évidemment pas à une crise institutionnelle profonde. Le départ du directeur de la police nationale est un élément dont on doit tenir compte. Ce départ à lui seul ne suffira pas pour une refonte profonde de la politique menée au sein de notre institution. C’est cette refonte-là que les policiers attendent.
Comment interpréter le départ du directeur de la police nationale M. Morvan ?
Monsieur Morvan était lessivé par une situation très difficile et intenable. Très honnêtement, nous saluons cette décision. Il fait plutôt preuve de panache à partir et à reconnaître que les maux de la police nationale sont trop complexes et difficiles, plutôt que de se maintenir à son poste contre vents et marées, sans pouvoir véritablement mener une politique favorable pour les policiers. Il s’en va, on en prend note. Nous allons voir comment les choses vont se passer avec son successeur. Nous sommes très dubitatifs de l’avenir, sur ces questions-là.
Hier soir, à BFM TV, Noam Anouar rappelait que la police nationale était le dernier corps de métier à soutenir encore le gouvernement. Comment expliquez-vous que cette institution, qui est la plus touchée par le suicide dans le cadre professionnel, soit la dernière institution à défendre l’État ?
Je ne partage pas complètement le constat de Noam Anouar. Je pense que ce sont les syndicats de police qui étouffent de manière permanente la contestation des collègues.
Je suis officier de police judiciaire, je suis tous les jours dans les services de police et je ne croise pas un seul collègue qui soit satisfait de la politique menée par la Macronie. La contestation au sein de notre institution est totalement vérolée, phagocytée et étouffée par les syndicats de police majoritaires, que ce soit Alliance Police nationale, Unité SGP Force ouvrière ou UNSA-Police. Ces trois organisations sont les bras armés de Christophe Castaner pour faire avaler aux collègues une politique absolument mortifère pour notre institution et qui conduit à la crise profonde. Malheureusement, on n’entend pas les policiers. En revanche, ce sont les syndicats de police qui s’expriment pour leur compte et en leur nom.
Selon vous, le premier « adversaire » du policier n’est pas tant la hiérarchie mais les syndicats ?
Ceux qui nuisent de manière profonde sont les syndicats. Ils sont responsables d’une situation de crise. Depuis des années, le ministère de l’Intérieur a accepté la gestion unique par les organisations syndicales. Elles avaient malheureusement le droit de vie ou de mort sur la carrière des collègues. Pour préserver cette mainmise sur la carrière des collègues, ils ont accepté toutes les politiques les plus difficiles sur le plan social. Aujourd’hui, je le dis, les principaux ennemis sont davantage les syndicats que le gouvernement.
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