Michel Thooris : « On ne va quand même pas s’excuser d’avoir des patrouilles de police présentes sur la voie publique »

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Dans la nuit de dimanche à lundi, à Argenteuil (Val-d'Oise), un jeune motocycliste, qui roulait sans casque, s'est tué à moto après avoir percuté un poteau électrique, comme le rapporte France Info. La police, qui patrouillait à proximité des lieux de l'accident, a immédiatement été mise en cause par les « proches » de la victime, selon Le Parisien. Des échauffourées s'ensuivirent. Réaction au micro de Boulevard Voltaire de Michel Thooris.

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À Argenteuil, la nuit dernière a été compliquée et agitée. Le jeune Sabri d’Argenteuil âgé de 18 ans s’est crashé en moto et est mort. La police est immédiatement accusée. Que s’est-il passé ?

D’après nos informations, c’est un simple et banal accident de la circulation routière. Un éducateur le qualifie de jeune pilote de moto aguerri. Je ne sais pas ce qu’il entend par jeune pilote aguerri. Je suppose qu’il doit participer à des rodéos. Ce jeune s’est tué, et la BAC a immédiatement été montrée du doigt. Les fonctionnaires auraient été la cause de cet accident banal de la circulation. On conteste évident cette accusation.

Une patrouille de la BAC aurait été présente autour de l’accident. Le parquet déclare que la voiture n’y est pour rien.

On ne va pas s’excuser d’avoir des patrouilles présentes sur la voie publique. Le refus d’obtempérer devrait devenir une grande cause nationale en termes de sécurité. Je rappelle que nos collègues sont quotidiennement victimes à des refus d’obtempérer. Des individus utilisent des véhicules comme des armes pour leur foncer dessus et refuser de s’arrêter lors des contrôles. Dans ces situations- là, nos collègues n’ont pas le droit de faire usage des armes et n’ont pas le droit de prendre en course poursuite le fuyard. Les associations relayées par certains médias mettent une pression en transformant les policiers en auteurs d’infraction, alors que les auteurs sont ceux qui refusent d’obtempérer. D’année en année, les pouvoirs publics et les gouvernements prennent de plus en plus de mesures limitant l’action des forces de police. Par conséquent, nous ne pouvons plus prendre en chasse les véhicules. Nous devons laisser partir une personne qui refuse d’obtempérer. L’autorité de l’État est réduite à cela à cause de cette pression mise par certaines associations relayée par certains médias.

Comment expliquer que la préfecture de Paris ne s’embarrasse pas de ces scrupules lorsque vos collègues sont en patrouille dans les quartiers dits sensibles ?

Quand les collègues sont en patrouille dans les quartiers sensibles, ils agissent dans le cadre d’une mission de police judiciaire et répondent à des consignes permanentes. Une consigne permanente peut être par exemple de ne pas faire de courses poursuites. En revanche, lorsque les collègues sont en opération de maintien de l’ordre, ils agissent dans le cadre d’une police administrative et répondent à des ordres à l’instant t donnés par le préfet, et relayés via les commissaires et les chefs d’escadron. La gestion du maintien de l’ordre est hautement politique, tandis que les missions de police judiciaire répondent beaucoup plus à des règles figées à l’instant t par des notes ou des orientations données par le ministère de l’Intérieur, notamment l’interdiction de faire des courses-poursuites de fuyard.

On est dans un cercle vicieux…

La situation pour les collègues est claire. C’est la double peine. Soit on ne fait rien et on laisse la criminalité opérer de manière totalement libre pour ne pas faire de vague et à ce moment-là c’est à la fois l’autorité de l’État et toute la crédibilité de notre institution qui est remise en question.
Soit, on essaie de faire notre travail et dans ce cas-là, on se transforme en auteur d’infraction, puisqu’on nous reproche d’être violents lors d’interpellation ou de causer des accidents de la circulation. Or, ce n’est absolument pas le cas. Les fonctionnaires de police font leur travail. Une personne qui force un barrage de police et qui refuse de s’arrêter lorsque les injonctions leur sont faites de manière réglementaire commet un délit. Tout doit être fait pour pouvoir l’interpeller.
Notre organisation syndicale est très claire. Nous demandons à ce que le Parlement légifère et souhaitons une réforme très claire de la légitime défense qui nous permettrait, à la fois de faire des courses poursuites lorsqu’on a des refus d’obtempérer, et surtout que l’on puisse faire usage des armes au moment des refus d’obtempérer. Il est absolument anormal qu’on ne puisse pas être couvert si on fait usage du feu, lorsqu’on se retrouve face à des individus qui utilisent leurs véhicules comme des armes pour tenter de blesser ou de tuer les fonctionnaires de police.
La réforme de la légitime défense que l’on nous a vendue il y a quelques années n’en est pas une. Les différentes interprétations jurisprudentielles qui vont découler du flou juridique de ces textes va porter un grave préjudice à nos collègues.

 

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Michel Thooris
Secrétaire général du syndicat France Police

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