Michel Thooris : « Pour le maintien de l’ordre, laissons les forces de police opérer, et non l’armée ! »

Michel Thooris

[amazon_link asins="" template="" marketplace="" link_id=""]A la suite des dernières violences survenues lors de l'Acte 18 des Gilets jaunes, le gouvernement a annoncé la mobilisation de la mission antiterroriste militaire Sentinelle, en renfort pour la prochaine manifestation.

Réaction de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire.



Le gouvernement a annoncé qu’il ferait appel à l’opération sentinelle pour sécuriser certains points fixes dans la capitale.
Qu’en pense votre syndicat ?

Nous sommes tout simplement consternés. En 2005, nous faisons face à des émeutes extrêmement dures dans les banlieues. Nos collègues ont été victimes de tirs à armes à feu à balles réelles. Nous étions dans une situation véritablement insurrectionnelle. Des dizaines de nos collègues ont pris du plomb dans le corps. À l’époque le gouvernement n’avait pas bougé le petit doigt.
Pour la première fois dans l’Histoire de la Ve République, on envoie l’armée pour des opérations de maintien de l’ordre à l’intérieur de nos frontières, sans aucun mandat, seulement à cause de quelques casseurs parfaitement connus et identifiés.
Sentinelle n’agit que dans le cadre de la lutte antiterroriste. On détourne les ressources de la lutte antiterroriste, mission pourtant absolument capitale pour la sécurité des Français. Tout cela pour assurer un prétendu maintien de l’ordre sur des manifestations qui, je le répète, sont composées de casseurs parfaitement connus et identifiés.

Certains de vos collègues syndicalistes avaient appelé de leurs vœux cette intervention militaire…

Je leur laisse la responsabilité de le faire. Je suis un peu surpris que ces collègues et ces syndicats-là, je pense notamment au syndicat Alliance Police Nationale, ne fassent pas appel à l’armée lorsque nos collègues font face à de véritables scènes de guerres civiles dans les banlieues. Étonnamment, dans ce cas-là, personne n’en parle.
En revanche, lorsqu’il s’agit de manifestations de gilets jaunes étonnamment on demande l’intervention de l’armée. Mais ce ne sont pas les gilets jaunes qui cassent, ce sont bien des groupes qui n’ont rien à voir avec les gilets jaunes qui profitent du mouvement social pour venir casser.
Je suis aussi désolé qu’on délaisse la lutte antiterroriste pour cela. La mission prioritaire aujourd’hui est de protéger les Français contre le terrorisme. Si on n’est pas capable d’arrêter les casseurs avant même qu’ils viennent sur les Champs-Élysées, alors je pense que les hauts dirigeants, ceux qui commandent la police, doivent s’en aller et laisser faire ceux qui sont en capacité de remplir cette mission.

Certaines voix à droite se sont étonnées que de telles mesures soient appliquées aux gilets jaunes et pas forcément dans les banlieues à risque.
Seriez-vous favorable à ce que l’armée soit envoyée dans les banlieues?

Nous y sommes favorables exclusivement quand il y a des troubles graves à l’ordre public comme on a connu en 2005. La règle est plutôt la situation de statu quo. Tant que les trafiquants et les gangs dans les quartiers ne sont pas dérangés par des interventions de police, les quartiers sont calmes. Ce n’est que lorsque nos collègues y entrent pour porter secours aux personnes ou pour tenter d’arrêter les trafics que nous faisons face immédiatement à une série d’émeutes.
Pour l’instant, je ne pense pas qu’il y ait une nécessité quelconque de faire intervenir les forces armées sur le territoire national. Il faut laisser les forces de police opérer et il faut surtout que les casseurs identifiés, dès lors qu’ils sont interpellés, soient jugés et sévèrement condamnés.
C’est encore une fois un problème de justice.
Tous les casseurs qui opèrent aujourd’hui sont des gens qui ont tous été déjà au moins arrêtés une fois, voire plusieurs pour des faits similaires. À chaque fois, ils ont bénéficié d’une clémence évidente de la part de la justice qui cède malheureusement pour certains magistrats au tropisme du Chéguévarisme. Parce que nous avons affaire à des groupuscules d’extrême gauche, beaucoup de juges sont enclins à la clémence.

Michel Thooris
Michel Thooris
Secrétaire général du syndicat France Police

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