Miel Michaud : l’UFC-Que Choisir porte plainte pour un étiquetage supposé trompeur

Indication sournoise de la provenance du miel
"Miel l'Apiculteur" en rayon. © BV

L’entreprise française Michaud, numéro 1 du miel en Europe, est visée par une plainte de la part de UFC-Que choisir pour un étiquetage trompeur sur l’origine de son miel. Une sale affaire, quand on sait que 86 % des Français accordent une importance primordiale à l’origine des produits, selon une étude de 2023 du collectif Appinio. D’autant plus pour le miel, selon l’association : « 88 % des Français jugent légitimement l’origine du miel comme très importante, dès lors qu’elle influe sur la qualité de ce dernier. » Dans les faits, l’origine est bien souvent étrangère puisque, toujours selon UFC-Que Choisir, la France importe 80 % du miel qu’elle consomme.

Une signalisation minimaliste de l’origine

Une mention claire devrait donc s’imposer. Si Michaud met en avant le caractère français et bio du produit, elle ne facilite pas la compréhension de l’origine géographique de son miel ! Comme l'a constaté BV sur les rayons de supermarché, le pays est mentionné avec une police en pattes de mouche à côté de la date de péremption - et ce, pour toutes les marques, tous les modèles, tous les formats, sauf deux d’entre eux !

L’entreprise semble donc appliquer le service minimum depuis le décret de 2022 qui oblige les entreprises  commercialisant du miel en France à indiquer les pays d'origine des mélanges de miels conditionnés sur le territoire national. Et ce, quelles que soient les marques sous lesquelles Michaud commercialise ses miels. Ainsi, avec sa marque Miel l’Apiculteur, on peut lire sur le Miel d’Acacia, Domaine Saint-Georges et le miel des Alpes Bio, une origine en Italie ou en Hongrie. Seul le miel Crémeux de France est récolté en France à 100 %. Sa marque d'entrée de gamme Lune de Miel ne promet pas monts et merveilles quant à l’origine de ses produits Miel de Fleurs ou Tartimiel venant tous d’« Ukraine, Vietnam, Argentine, Espagne », mais leur indication est toujours aussi peu lisible. Pour Miel de Fleurs, décliné en plusieurs formats, en verre comme en plastique, la mention n’est pas sur l'étiquette mais sur le bouchon.

Un jeune apiculteur du bassin d’Arcachon explique à BV : « C’est systématiquement Lune de Miel qui effectue les demandes avec les autorités françaises, [car ils pèsent très lourd]. Elle va chercher à aligner les textes de loi par rapport à leurs conditions. » Cela ne les rend pas tout-puissants pour autant.

Des antécédents judiciaires et de nombreux signalements

Déjà, en 2017, la marque Lune de Miel était dans le collimateur de la Justice à cause de sa mention « 100 % pur et naturel » jugée redondante, car à l’inverse, ce ne serait pas du miel. Le grief invoqué était « concurrence déloyale ». Le directeur de la société s’en défendait farouchement, affirmant qu’il voulait signifier que son miel n’était pas contaminé par des polluants.

Peut-être la plainte déposée aboutira-t-elle à une proposition de loi obligeant à rendre l’indication de la provenance géographique intelligible. Pour autant, verrait-on un collectif allemand mettre à l’index un fleuron allemand ? « C'est affligeant […] L'argent public devrait être utilisé à des choses utiles et pas pour lutter contre le système économique », s’indignait Vincent Michaud auprès de France Bleu, en 2017. « Si cette plainte est un peu contre-productive pour l’entreprise par rapport au marché mondial, cela va permettre à des conditionneurs plus petits de tirer leur épingle du jeu », conclut notre apiculteur arcachonnais.

Au-delà de l'affaire Michaud, l'occasion de revenir à de bonnes pratiques pour le miel de façon générale ? Certaines marques ou certains produits ajoutent des substances, souvent du sirop de sucre, pour diminuer la proportion de miel, selon les apiculteurs et les associations de consommateurs. L'Union européenne s’apprête, dans les prochains mois, à rendre obligatoire l’indication, sur l’étiquette, du ou des pays où a été récolté le miel, avec le pourcentage qu’il représente par rapport aux autres substances.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. très attaché à a provenance française, j’ai effectivement constaté, dans les supermarchés, le flou de l’étiquetage Michaud, provenance européenne ou nom d’un domaine sans précision de lieu. Je n’ai donc pas acheté et, d’ailleurs, dans la coopérative agricole près de mon domicile, se vend du miel local, certifié et pratiquement au même prix que celui de Michaud.

  2. Je suis originaire de la région et je connais la réputation de la famille MICHAUD …. quelle déception !
    Désormais, plus jamais un pot de miel MICHAUD !

  3. Moi aussi j’achète un maximum locale a la ferme du village d’a coté ( je suis a l’extreme sud de l’Alsace) village de 560 habitants. Déjà pour la viande ce sont leurs propre animaux et de plus il travaille avec d’autres ferme pour le fromage et bien sur le miel. En fait ce n’est pas plus chère que dans les grands magasins et on sait d’où viens le produit. Pour ce qui est du miel je n’en achète plus dans les grandes surfaces et comme dit plus haut ce n’est pas plus chère. J’adore le miel de châtaigné il est du super gout. Au fait mon voisin a deux ruches et on fait des échanges il me donne du miel de ses abeilles et moi je lui donne une (bonne) bouteille de vin. C’est comme pour mes poules, quand j’ai trop d’œufs je fait des échange avec mes voisins, bon souvent j’en donne même gratuits.

  4. En Bretagne, vous trouverez dans certains petits villages d’irréductibles, du miel local. Un délice.

  5. Ces histoires d’étiquetage sont un feuilleton sans fin.
    Avec l’arrivée du fumeux « nutriscore » (qui ne sert pas à grand chose si ce n’est de culpabiliser l’acheteur) il y a de moins en moins de clarté sur la provenance des produit « EU » semblant suffisant…
    Alors comme le dit cet article, il est formidable que UFC porte plainte contre un fleuron français, bon c’est dans la droite ligne de « les voitures française ne valent rien », etc… cette manie de dénigrer notre pays au profit de produits étrangers encore plus mal étiquetés est une spécialité d’une certaine catégorie d’organismes.
    Bientôt (hélas) nous verrons bien ce que donne l’étiquetage dans une europe fédérale…

  6. Et l’huile d’olive qui indique bien souvent: »olives d’origine UE et hors UE »
    C’est à dire le monde entier, peut-être même la lune ou Mars.!!!

  7. BV ce matin a trois articles sur l’alimentation: la cuisine française qui se « rebiffe », le vin, et ici le miel. Pour ce dernier, tant qu’il sera refusé au miel un étiquetage aussi implacable que celui apposé aux meilleurs produits alimentaires, tant que les producteurs auront le droit de mettre à peu près n’importe quoi sur leurs étiquettes (de beaux brins de lavande), les Français mangeront en majorité du miel frelaté.

    • …comme dans toute les grandes surfaces ou à peu près. Dans les années 90 le miel importé massivement du Mexique n’était pas du miel, de l’aveu même de l’importateur.

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