Migrants : toujours accuser la France, jamais l’Algérie. Pourquoi ?

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Un nouveau drame dans la Manche s'est produit, mardi. Un bateau avec 70 personnes à bord a chaviré au large de Wimereux. « sans gilet de sauvetage », selon le maire de Wimereux. La préfecture maritime explique que « l'ensemble des migrants » se sont retrouvés à l'eau. Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le bilan provisoire est de 12 morts, deux disparus et plusieurs blessés. La préfecture maritime annonce que 65 naufragés ont été secourus et que les opérations de recherches sont toujours en cours. Et, évidemment, les associations d’aide aux migrants pointent immédiatement la responsabilité de la France.

C’est, bien sûr, un drame humain terrible. Et c’est parce que c’est un drame humain terrible que le récit culpabilisant, brandi immanquablement contre une France supposée raciste et répressive à chaque fois qu’une catastrophe de ce type arrive, l’enjoignant à ouvrir toujours plus grand ses frontières, est devenu insupportable. Insupportable d’hypocrisie, d’hémiplégie et d’inversion accusatoire.

Charlotte Kwantes, de l'association d'aide aux migrants Utopia 56, a dénoncé auprès de l'AFP une politique de répression policière sur le littoral français « complètement inefficace [...] qui conduit à des incidents et à des drames [...] à répétition ». « Ça fait deux mois et demi qu'il y a, quasiment toutes les semaines, des morts dans la Manche. »

 

Inversion accusatoire

D’abord, l’inversion accusatoire : qui incite ces migrants à cette folle traversée, sinon l’accueil inconditionnel prôné par ces associations de jeunes bourgeois parisiens, issus pour beaucoup des rues d’Ulm ou Saint-Guillaume, qui voient dans cette grande cause de la migration, comme les dames patronnesses de Maupassant dans leurs bonnes œuvres, une rédemption à bon compte, une expiation de leur propre mode de vie ouaté. Sauf que battre sa coulpe sur la poitrine du voisin, c’est facile : ce ne sont pas eux qui feront cette traversée mortifère, à 80 sans gilet de sauvetage sur un Zodiac™ prévu pour 60. Pas eux, non plus, qui vivront avec ces migrants dans les quartiers populaires. Utopia 56 porte bien son nom : tout son projet n’est qu’une chimère mortifère. Ces sirènes qui chantent suavement depuis la berge pour attirer les migrants en France les précipitent sur les récifs. Quand un rafiot surchargé de voyageurs démunis fait naufrage, qui pointe-t-on du doigt ? Ceux qui ont affrété ce bateau, ceux qui ont encouragé les passagers à partir, en dépit du danger avéré. Pas les sauveteurs, débordés, comme c’est le cas ici, qui n’ont pas réussi, en dépit de leurs efforts désespérés, à retrouver tout le monde et à les hisser à bord. Les bons chiffres récents de l’Italie en matière d’immigration clandestine et les mauvais chiffres, a contrario, de l’Espagne et de la Grèce sont une démonstration éclatante : c’est le laxisme qui pousse ces bateaux à se lancer à l’assaut des côtes. C'est la fermeté qui les dissuade de le faire.

 

Hémiplégie hypocrite 

Vient ensuite l’hémiplégie hypocrite : dans leurs grandes écoles, ces étudiants d’Utopia 56 n’ont-ils pas pris l’habitude de lire Le Monde ? Fortuitement, il se trouve que le « quotidien de référence » vient de publier une enquête sur l’Algérie et le traitement très particulier des migrants qui transitent par son sol.

Entre janvier et août, l’Algérie a refoulé vers le Niger près de 20.000 migrants africains, y compris des femmes et des enfants, vers le Niger, selon l’ONG locale Alarme Phone Sahara, qui secourt des migrants dans le désert entre l’Algérie et le Niger. Depuis 2014, ces migrants sont expulsés « dans des conditions épouvantables » avec, « dans le pire des cas, des conséquences mortelles » : « Les migrants sont arrêtés lors des rafles en ville, au niveau de leurs maisons, de leur lieu de travail ou à la frontière tunisienne et sont regroupés à Tamanrasset [Sud algérien], avant d’être acheminés dans des camions vers le Niger. » Le traitement est alors différent selon l’origine de chacun : « Les refoulés nigériens sont transportés jusqu’à Assamakka, premier village nigérien, où ils sont accueillis par les autorités locales. Mais les migrants d’autres pays africains sont débarqués au "point zéro", zone désertique délimitant la frontière entre les deux pays, et doivent parcourir à pied 15 kilomètres pour atteindre Assamakka dans des conditions climatiques extrêmes. » Avec des femmes et des enfants, donc. L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, témoigne, auprès de BV, avoir lui-même vu, sur les routes algériennes, en plein désert, des cortèges de migrants refoulés.

Il y a, toujours selon Le Monde, « beaucoup de témoignages d’abus, de violences et de confiscation des biens des migrants par les forces algériennes ». Où se cache donc l’antenne algérienne d’Utopia 56 ? Qu’en pense LFI, si prompte à dénoncer l’accueil des migrants en France et à tisser en même temps des couronnes de laurier à l’Algérie, cette « Mecque de la liberté » (dixit Rima Hassan) ? Ou bien en va-t-il du traitement des migrants comme de la traite arabo-musulmane : il ne faut pas l’évoquer afin d’éviter - selon la préconisation de Christiane Taubira - que les jeunes Arabes en portent le poids sur leur dos ? À moins que ce pays-là, mystérieusement, nul n’ose le traiter de raciste, de colonialiste ou de suprémaciste ? Ou que, tout bonnement, ces associations soient moins motivées par la charitable défense des migrants que par le plaisir pervers et sournois de pouvoir taper, une fois de plus, sur leur propre pays ?

Pourtant, une constatation tombe sous le sens : pour ne pas exposer les migrants, à forte composante musulmane, à un trop gros choc culturel, l’Algérie serait, en toute logique, un pays d’accueil bien plus souhaitable que la France.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Le problème n’est pas de les empêcher de traverser la Manche mais plutôt la Méditerranée !
    Il faut supprimer ces organisations qui vont les chercher aux portes de la Lybie au lieu de leur donner des subventions et leur faire des procès pour favorisation de l’immigration clandestine et de ce fait atteinte à la sécurité de l’état !

  2. ce n’est pas la France qui est responsable ce sont les associations telles Utopia56, l’auberge des migrants et consorts, ils attirent les immigrés pour leur business et sont incapables de les empêcher de monter dans les canots, en effet il faut un flux continu pour justifier toutes les subventions qu’ils encaissent, quand à nous, comment ce fait-il qu’on ne peut pas expulser les nigériens en situation irrégulière alors que l’Algérie peut le faire et qu’il y a un village d’accueil des gens qui reviennent au Nigéria, la faiblesse de nos politiques est encore mise en évidence.

  3. Mais au fait , d’où viennent ces bateaux ? il y a bien un fabricant, et qui les livre aux points de départs ? enfin qui les achète et les entreposent ? Ces personnes sont bien protégées … et pourtant ce sont les vrais responsables , qui ont tous ces morts sur la conscience, là silence radio !

  4. 1/!Les bobos les fesses dans la soie font la loi par certains médias plus que complaisants.
    2/ Bien des français ont des parcours de vie tout aussi difficiles que ces gens là, galèrent et survivent sans chialer et voir ailleurs si l’herbe est plus verte car ils devinent qu’un tient même infime vaut mieux que deux tu l’auras
    3/ Ils sont adultes ils prennent leurs risques et en plus ils désertent leur pays en devenir. C’est leur choix.

  5. Si la France ne peut être tenue responsable des embarcations parties de l’étranger, il lui appartient toutefois de veiller à la conformité de celles qui partent de ses côtes. Il y a donc un manquement évident de surveillance de notre littoral à moins que là encore on préféra sanctionner le plaisancier ou le professionnel de la mer plutôt que le délinquant.

  6. Les responsables et coupables de ces drames sont ceux qui organisent ces voyages dans des conditions précaires, et les associations qui les encouragent.
    Le mieux, ce sont les coupables qui accusent.
    De quels droits ces associations introduisent-elles illégalement des migrants sur le territoire, et pourquoi ne sont elles pas poursuivies ?

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