Millau (12) : Pour les municipales, alliance inédite entre le RN et Reconquête
4 minutes de lecture
L’union des droites en passe de se réaliser en Aveyron ? Alors qu’Emmanuelle Gazel, socialiste élue à la mairie de Millau en 2020, peine à convaincre même parmi ses premiers soutiens, un appel a été lancé, jeudi 25 janvier, pour constituer une liste alliant « toutes les sensibilités de droite » en vue des prochaines élections municipales. Co-signé par Laurent Bourillon, délégué départemental de Reconquête, Guy Brahic, ancien membre de la liste « Millau à venir » (proche des Républicains et du Centre), et Jean-Philippe Chartier, délégué départemental Rassemblement national, le communiqué ratisse large : « Nous lançons un appel aux citoyens millavois de toutes les sensibilités de droite, que vous soyez encartés chez les Républicains, au Rassemblement national, chez Reconquête ou sans étiquette politique. »
Contacté par téléphone, Laurent Bourrillon, ancien candidat du Front national pour les départementales, dit qu’il faut « être prêts en cas de dissolution pour ne pas partir en rang dispersé » : « Nous avons démarché des personnes du Rassemblement national, des Républicains mais aussi de Résistons afin de faire une grande liste commune », précise-t-il. Toutefois, du côté des LR locaux, la situation coince. « La situation est compliquée avec les LR. Guy Brahic [ancien proche de l’ex-maire de Millau, Christophe Saint-Pierre, NDLR] a reçu un non catégorique de M. Saint-Pierre plus proche d’Horizons que de notre camp », explique le militant Reconquête.
Objectif : « casser les clivages au niveau national »
Laurent Bourrillon est fier. « L’alliance entre le Rassemblement national et Reconquête est une première nationale ! » insiste-t-il. « Pour Reconquête, cette alliance, est une bonne nouvelle, renchérit le commercial. À l’échelle locale, les militants sont ravis et certaines personnes qui s’étaient abstenues aux dernières élections comptent bien se déplacer au bureau de vote si une liste d’union des droites émerge. » Suivant la ligne introduite par Éric Zemmour lors de la campagne présidentielle et répétée par Marion Maréchal pour les élections européennes, l’union des droites est un thème cher aux yeux des militants Reconquête. Le délégué départemental de Reconquête poursuit : « Lorsque nous avons rencontré Jean-Philippe Chartier, celui-ci était sur la même longueur d’onde mais il lui fallait l’accord du bureau national pour publier notre communiqué », ajoutant « tout ce que nous savons, c’est qu’il a eu le feu vert oral de sa hiérarchie. Cette alliance est donc une première nationale ! » Et de réaffirmer : « Tout cela est porteur d’espoir et j’espère que ça permettra de casser les clivages au niveau national. »
Bientôt des élections anticipées ?
La place d’Emmanuelle Gazel ne tient plus qu’à un fil. Après le départ d’une partie de sa majorité en septembre dernier, rapidement rejointe par l’opposition (conduite par l’ancien maire LR Christophe Saint-Pierre), l’édile reconnaît que son mandat « est extrêmement difficile » auprès de nos confrères de La Dépêche, alors qu’une élection anticipée pointe le bout de son nez. Pour Laurent Bourrillon, Emmanuel Gazel paie les conséquences de son alliance avec « les écolos radicaux ». « Madame le maire a fait une sorte de NUPES à échelle locale pour gagner les municipales de 2022, remarque le délégué Reconquête. Le problème, c’est qu’en s’alliant avec des radicaux et des écolos, elle a beaucoup déçu. »
Maintenant, « son conseil municipal ne tient plus qu’à une personne », ajoute le soutien d’Éric Zemmour, qui dénonce les pratiques au sein du conseil municipal pour se maintenir en place. « Pour l’anecdote, un des membres de son conseil n’a jamais siégé en mairie, s’insurge-t-il. Il est bien loin de Millau et du terrain, puisqu’il étudie actuellement au Japon [dans un programme d’échange semestriel dans le cadre de son Master 2, jusqu’en mars 2024, NDLR] et fait ses études en Picardie à Compiègne. » Des informations dont BV a pu avoir confirmation. La place est vide mais toujours considérée comme occupée aux yeux de la loi ; ce qui sauve, à un siège près, la place du maire (art. L. 270 du Code électoral). En effet, pour procéder à des élections anticipées, le conseil municipal de Millau, normalement composé de trente-cinq sièges (dont onze sièges sont aujourd’hui vacants) doit être vide au tiers (ce qui serait le cas si une démission survenait).
En cas d’élection anticipée, la bataille risque néanmoins d’être rude pour la droite unificatrice qui doit encore convaincre les électeurs des Républicains et s’installer dans une commune où LFI arrive en deuxième position des législatives.
[Mise à jour du 30 janvier 2024] Dans un communiqué de presse, M. Chartier (contacté par nos équipes, restées sans réponse), délégué départemental du Rassemblement national, tient à préciser :
À la suite de différents articles publiés et face aux réactions de certains je tenais à apporter les précisions suivantes. Je suis en discussion avec d’autres responsables politiques du département en vue d’un accord en cas d’élection partielle sur la commune de Millau. Ces discussions sont menées uniquement dans l’hypothèse ou il n’y aurait plus de majorité municipale et qu’une élection partielle serait nécessaire. Ces discussions que nous menons avec différentes formations politiques ne sont en aucune façon, à ce stade, un accord politique contrairement a ce qui a été dit ou écrit. Elles ne préjugent en rien de ce que sera la stratégie du rassemblement national pour les futures élections municipales.
Jean-Philippe Chartier
Représentant du Rassemblement National pour le département de l’Aveyron
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
74 commentaires
Enfin une décision intelligente !
Enfin une bonne nouvelle. Certains ont la volonté de…
Cette étincelle de bon sens sera-t-elle un feu d’artifice, ou un pétard mouillé? Selon que vous serez optimiste ou sceptique…Après tout, une droite intelligente peut enfin émerger, non?
Enfin !
l’union des droites ce n’est bien que si Reconquête tire le RN vers la droite avant qu’il ne s’échappe définitivement vers les macronistes et vers la gauche, ce qui est sa tendance naturelle.
Petit marrant . Il me rappelle que le seul ayant voté Mitterand s’appelle Zemmour. Et que la seule qui défend le peuple est MLP.
Je suis tout à fait d’accord avec celui que vous traitez de « petit marrant ». MLP défend le peuple en discours, mais assez peu souvent dans ses votes.
ENFIN une bonne réalisation ….à imiter à travers l’ensemble du territoire .
Le bon sens serait il en train de gagner du terrain à droite de l’échiquier politique ? on ne peux que l’espérer ; C’est l’avenir de la France qui est en jeu et non pas le pouvoir personnel de chacun.
Bonne pioche enfin ! Mais craignons que MLP n’y voit une brêche dans son projet hégémonique. Il est pourtant clair que la propagande anti RN aidant, elle ne pourra jamais s’en sortir seule.
Vaut mieux être seul que mal accompagné.
Oui, mais en politique, si on raisonne comme ça, autant se coucher la tête sous l’oreiller ou comme l’autruche, la tête dans le sable.
Un Bon Début !!
Espérons que ce galop d’essai servira de test (de tremplin…) pour les prochaines échéances cruciales pour la France
Bonne nouvelle : une lueur d’intelligence chez les politiques de terrain. Bravo !
Ouf !!!! Pas trop tôt. Bravo à l’ Aveyron ! C’ est ce que les militants des deux partis réclament. La division fait le jeu de Macron.
Oui c’est une excellente nouvelle qui je l’espère va se généraliser au pays. A condition que les egos se mettent en retrait pour le bien de la France
Et j’ajouterais LR, un trio qui ferait peur aux ennemis de la France !
Quelque chose d’assez commun en Espagne où plusieurs « autonomias », que sont les régions, sont dirigées par le PP (notre LR) associé à VOX ( notre RN)!
C’est le bonne voie !
Enfin c’est pas trop tôt , il faut bien commencer par petit pour voir plus grand , l’espoir revient .