[Mini-feuilleton] The Full Monty, la suite télévisée de la comédie culte

the fulle monty

Le cinéma britannique a connu, dans les années 90, toute une série de succès populaires qui sont parvenus avec brio à marier l’humour anglais – absurde et à la fois plein de noirceur – et l’imaginaire intellectuel plus morose d’un Ken Loach. Des comédies sociales parmi lesquelles se distinguèrent nettement Les Virtuoses, The Commitments (coproduit avec l’Irlande et les États-Unis), Billy Elliot, Trainspotting et… The Full Monty.

Sorti en 1997, le film de Peter Cattaneo mettait en scène une bande de chômeurs de la ville industrielle de Sheffield, dans le nord de l’Angleterre, laissés sur le carreau après la crise économique des années 80. Traités en parasites par la société et par leurs proches, épouses et enfants, Gaz et ses compagnons d’infortune partaient à la reconquête de leur virilité perdue à travers un projet pour le moins excentrique : monter un spectacle de chippendales (!).

Fort d’un casting cinq étoiles composé notamment du sémillant Robert Carlyle, de Mark Addy, de Tom Wilkinson et de Paul Barber, et de sa BO du feu de Dieu (signée, entre autres, Donna Summer, Tom Jones ou Hot Chocolate), The Full Monty fut multi-récompensé à l’international et devint même le plus grand succès cinématographique de l’Histoire en Grande-Bretagne, avant d’être détrôné par Titanic, quelques mois plus tard…

Adapté, en 2000, en comédie musicale aux États-Unis, puis en pièce de théâtre en 2013, The Full Monty a droit, aujourd’hui, à une suite télévisée homonyme en huit épisodes, disponible sur Disney+. De retour aux manettes, le scénariste Simon Beaufoy réunit l’ensemble du casting d’origine pour nous raconter un peu ce que sont devenus, au bout de vingt-cinq ans, ces héros d’un soir…

Toujours dans la mouise et, pour certains, en voie de clochardisation, les personnages n’ont rien perdu de leur verve et continuent, comme ils peuvent, de s’épauler dans les moments difficiles, tout en se chicanant les uns les autres… Gaz anime à nouveau la bande, préoccupé comme jadis par sa relation conflictuelle avec ses enfants, quand Dave ne parvient toujours pas à affronter son épouse et que Horse souffre plus que jamais de son arthrose à la hanche. On regrette, cependant, que Tom Wilkinson, qui incarnait Gerald dans le film, l’ancien contremaître de l’usine, acariâtre et amateur de nains de jardin, soit pratiquement relégué au troisième rang, voire réduit à de la simple figuration. D’autant que le feuilleton fait la part belle à une brochette de nouveaux personnages, certes bien écrits mais secondaires dans le cœur des spectateurs…

L’écriture, justement, fourmille de répliques savoureuses et de situations cocasses (la recherche intensive d’un pigeon enfui, un non-braquage surréaliste, le vol d’un cadavre à l’hôpital, etc.) qui rappellent le ton du film. Néanmoins, cette première (et unique ?) saison manque de colonne vertébrale. On ne relève aucun enjeu clairement défini par un quelconque élément déclencheur, comme si le spectacle tragi-comique des injustices et des malheurs de Gaz et de sa bande se suffisait à lui-même. Quant aux spectateurs qui espéreraient un nouvel effeuillage de nos héros contraints par leur situation financière, ils risquent d’être déçus, il n’est jamais question de cela durant ces huit épisodes. Le « Grand Jeu » (traduction de « The Full Monty ») n’est donc pas à l’ordre du jour… Le politiquement correct, par ailleurs, nous guette et passe du discours d’ouverture aux migrants (l’épisode 5) à la gourmandise envers les thématiques LGBT (entre mineurs, notamment !)…

Quoi qu’il en soit, si ce projet de feuilleton n’était clairement pas indispensable et risque de frustrer bien des nostalgiques, le scénariste nous offre des dialogues bien sentis, quelques scènes poignantes et un épisode final émouvant qui remportera l’adhésion du plus grand nombre.

À voir, en souvenir des années 90.

3 étoiles sur 5

Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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