Ministère de la Culture : quand les rumeurs allaient bon train !

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Jusqu’à ce jeudi soir, les spéculations allaient bon train : qui pour succéder à Rima Abdul-Malak Rue de Valois ? « Cela fait partie du jeu des remaniements », s’en amusait Marlène Schiappa, venue sur BFM TV faire patienter les téléspectateurs impatients de connaître le remaniement. Bien sûr, des noms circulaient, tantôt envisagés, tantôt écartés.

Stéphane Bern : « Mon seul parti, c’est le patrimoine ! »

Stéphane Bern ? Reconnaissons que cette nomination aurait été bon signe pour la défense de notre patrimoine, sujet aussi primordial qu’indissociable de nos racines. Toujours prêt à monter au créneau pour défendre les églises en ruines, s’insurger contre la défiguration de nos paysages par les éoliennes ou, plus récemment, se mobiliser contre la destruction du Pavillon des Sources, 28e personnalité préférée des Français, ce dernier avait réagi dans le JDD sur son classement : « Mon seul parti, c’est le patrimoine ! » Signe de son indépendance d’esprit et de sa plus grande utilité en conservant, comme Icare, une bonne distance pour « continuer d’agir de manière utile pour le patrimoine, au-delà de mon métier d’animateur. J’ai accepté la mission que m'a confiée le président de la République et je suis bien résolu à la mener à bien, quitte à ne pas ménager le chef de l’État ! »

Une mission confiée en 2017 par Emmanuel Macron afin d’identifier le patrimoine en péril et proposer des sources novatrices de financement. L'occasion, pour l’animateur de Secrets d’Histoire ou du Village préféré des Français de poser cette question : « Qu’aurons-nous à montrer aux quelque 89 millions de touristes qui visitent chaque année notre pays ? Le patrimoine est notre trésor, sachons le faire fructifier pour les générations futures. » Mais le propriétaire du Collège royal et militaire de Thiron-Gardais a bien vite démenti la rumeur : « Personne ne m’a rien proposé, et heureusement ! J’ai déjà un métier qui m’occupe à plein temps… »

Claire Chazal : l'histoire ne repasse pas les plats…

D’autres bruits de couloir annonçaient Claire Chazal. Il paraît qu’il faut des femmes et des people. L’ancienne star du JT de TF1 avait déjà été approchée en 2018 mais avait refusé, laissant cette place à Franck Riester. Un nom qui avait fait bondir le journaliste Didier Rykner, très actif sur les réseaux sociaux pour défendre, entre autres, les vitraux de Notre-Dame de Paris ou lutter, lui aussi, contre la destruction du Pavillon de l’Institut du radium : « On parle de Claire Chazal. Danièle Gilbert n'était pas libre ? » ironise-t-il, sur son compte X. Le fondateur de La Tribune de l’Art appelait de ses vœux « un ministre de la Culture compétent dans le domaine du patrimoine et qui s'intéresse à ce qui devrait être au cœur de sa politique, ça serait une bonne idée, non ? »

À l’inverse, Pascal Praud, sur Europe 1, ne trouvait pas cette idée si incongrue : « Elle a une légitimité pour parler culture : elle aime la culture, j’ai travaillé avec elle, c’est une femme de culture, d’ailleurs, qui a écrit des romans, qui présente une émission culturelle, et chacun sait sa passion pour la danse […] donc elle a le profil pour être ministre de la Culture. » Mais là encore, comme il fallait attendre le maître des horloges, il faudrait se contenter de ces bribes données à la presse comme un os à ronger. Ainsi Gala de phosphorer à son tour : « "Ça a circulé, un peu. Mais ça n’a jamais été une hypothèse véritablement étudiée", a déclaré un confident du chef de l'État. Pire encore, selon des sources du journal [Le Parisien, NDLR], plusieurs conseillers élyséens auraient même mis un "veto catégorique" à cette nomination. » Claire Chazal aura passé son tour, et il faut croire que l'Histoire ne repasse pas les plats…

Un choix éminemment politique

Rima Abdul-Malak était à peu près sûre de faire ses cartons. Elle s’était opposée à la loi Immigration et avait indigné Emmanuel Macron en annonçant des mesures disciplinaires à l’encontre de Gérard Depardieu sans en informer au préalable le président de la République. Ce dernier ne s’était pas gêné pour lui rappeler qu’il est le grand maître de l’ordre de la Légion d’honneur. Pourtant, jusqu’à 18 heures ce jeudi, le doute était encore permis, le journaliste politique à CNews Florent Tardif prévenait : « Attention à ne pas enterrer trop rapidement Rima Abdul-Malak. »

In fine, c'est contre toute attente que Rachida Dati a récupéré le maroquin et aurait déclaré : « Hidalgo, dans ta gueule, je t’emmerde... » Le ton est donné ! Sa nomination apparaît comme une prise de guerre à la droite, ancien garde des Sceaux sous Sarkozy, chef de file de l’opposition à Paris : si Gabriel Attal est le négatif de Bardella, Dati est de la même manière l’opposée d’Anne Hidalgo. Les réactions politiques ne se font pas attendre : Éric Ciotti l'exclut des LR, le député RN de Gironde Grégoire de Fournas rappelle le discours que tenait la maire du VIIe arrondissement de Paris sur En Marche :

Marion Maréchal abonde : « Rachida Dati est présidente du Conseil national des Républicains : la voici désormais ministre de Macron. La dissolution de LR dans le macronisme est achevée. » Si ces signaux adressés à la droite, à Anne Hidalgo, à Rima Abdul-Malak par Emmanuel Macron révèlent un choix éminemment politique, s’est-il demandé comment le très bling-bling ministre serait accepté par le monde de la culture ? En tout cas, une chose est sûre : le Pavillon des Sources est sauvé...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/01/2024 à 16:01.
Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Chère madame , vous auriez du écrire pour bern le luxembourgeois: « mon seul parti c’est mon patrimoine » en lieu et place de « mon seul parti, c’est le patrimoine » !

  2. Le ministère de la Culture étant l’un des plus grands fiefs gauchistes avec l’Education nationale, il n’est peut-être pas inutile d’y placer une volonté musclée pour essayer de mettre au pas tous ces artistes qui préfèrent faire de la politique qu’exercer correctement leur métier.

  3. On parle beaucoup -en mal- de politique politicienne, il faudrait aussi parler de « médiatique médiaticienne », à la lecture ou à l’écoute des commentateurs presse et TV

  4. Elle vient de s’enterrer ,elle n’aura jamais la Mairie de Paris. Encore une qui renie son parcourt de la V République pour un poste secondaire de Ministre ,on peut dire que la culture c’est important ,mais quand on a été Ministre de la justice le 3iéme chainon de notre république .

  5. Quelle agitation avec ces nominations qui n’ont absolument aucun intérêt. A quoi bon disserter sur le nom des membres de l’équipage d’un bateau dont le capitaine n’a qu’une obsession : le faire échouer sur une plage de l’Union Européenne pour qu’il y soit ferraillé et disparaisse définitivement. Et les passagers, eux, en sont encore à se soucier de l’âge du chef d’orchestre qui dirigera la musique pendant que le navire file en avant toute vers sa perte.

  6. « Éric Ciotti l’exclut des LR… » Va-t-elle sen remettre ? Ca doit lui faire le même effet que la déchéance de nationalité française infligée à un criminel haïssant la France mais possédant une double nationalité.

  7. Il existe un secteur publique sans contestation possible d’erreurs c’est le secteur audio-visuel, sans grande recherche regadons un journal télévision, il existe quelque émissions télévisuels sur des reportages ou réalisations divers mais la majeur partie surtout de médiats d’état la culture est vraiment minable, peut être aussi que notre éducation vieillissante issu des siècles des lumières nous permettent pas d’apprécier la culture nouvelle mondialiste.

  8. De toutes façons elle est ministre de rien puisque Macron a déclaré qu’il n’y avait pas de culture française. Et vlan.

  9. On ne peut que reconnaître à Stéphane Bern de posséder une belle et louable constante, et l’en saluer. C’est tellement rare en politique que ça a le mérite d’être souligné.
    Quand à Rachida Dati, comme est dit clairement l’article de Madame Bridier, on peut déverser sur ses ennemis des tombereaux d’insultes un jour, et leurs tesser des louanges le lendemain.
    La politique n’a pas d’âme, que le son du pognon !

  10. Madame Dati est connue pour son parler vrai et sans nuances, aura t’elle cette liberté comme ministre de Sa Majesté ?

  11. Mieux Rachida que Rima prêtresse woke.
    Une petite chance que le patrimoine soit mieux considéré, que les chèques pour l’Afrique reste en France et (en croisant les doigts) et d’éradiquer l’écriture inclusive véritable assassinat de la langue française.
    Ce qui devrait primer dans ces gouvernements c’est la compétence et l’engagement au service des français et non pas des choix sortis de tableaux « Excel »…

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