Des missiles en guise d’argument diplomatique
Qu'on ne s'y trompe pas : c'est à une nouvelle construction des influences géopolitiques planétaires que nous assistons aujourd'hui. Et c'est à coups de missiles que les États-Unis et les États qui sont à son service, dont la France et la Grande-Bretagne, reconstruisent le mur de Berlin. Les dernières frappes du triumvirat évoqué sur la Syrie, mais largement financées par l'Amérique de Trump, procèdent à n'en pas douter d'une démarche hégémonique des États-Unis sur l'ensemble du monde occidental. Et dans ce vaste chantier qu'a décidé, à l'instar de ses prédécesseurs, de conduire le président américain, il n'y a aucune place pour une Union européenne, désormais incapable de s'affirmer comme un partenaire géopolitique crédible et incontournable face aux grands de ce monde que sont, notamment, les États-Unis, la Russie et la Chine.
En perte de vitesse sur tous les tableaux, l'Europe voulue par le traité de Rome est plus que jamais constituée d’États divisés, incapables de se retrouver sur les valeurs fondamentales qui présidèrent un temps à sa construction. Ainsi, l'échec de tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir en France au cours des dernières décennies est patent. Ne reste à attendre que l'effondrement d'un édifice chimérique qui fut construit sur du sable, et qu'attestent les récents scrutins en Europe.
Face à ce désastre attendu, la France, incapable d'imposer son leadership sur la scène européenne, a décidé de jouer la carte outre-Atlantique. Et peu importe les erreurs du passé. Qu'il s'agisse de l'intervention en Irak, prétextée par la possession, par Saddam Hussein, d'engins de destruction massive, dont on sait aujourd'hui qu'ils n'ont existé que dans les cerveaux bellicistes des services de renseignement américains. Ou de l'intervention franco-britannique en Libye, dont les conséquences dramatiques sur la sécurité du monde occidental pèsent encore de nos jours, c'est une nouvelle escalade de la violence dans une région déjà fortement déstabilisée qui a été décidée par nos va-t-en-guerre.
Là encore, pour décider de cette intervention, dont les conséquences réelles pour la sécurité du monde sont imprévisibles, aucune des garanties habituellement requises, telles qu'un mandat de l'ONU ou bien même la consultation des parlements nationaux, n'a été mise en œuvre. C'est de leur propre chef que les présidents Trump et Macron ainsi que le chef du gouvernement britannique ont décidé, sans présenter la moindre preuve du motif invoqué pour cette attaque prétendument ciblée, de frapper l’État syrien.
Mais on le sait, derrière ce coup de billard militaire à plusieurs bandes, c'est bien la Russie qui est visée. Son intervention en Ukraine ainsi que l'annexion de la Crimée en 2014 sont restées en travers de la gorge des Occidentaux. Traduisant de manière claire et sans appel la volonté de Vladimir Poutine de revenir sur le devant de la scène internationale, cette "immixtion" de l’État russe dans le jeu politique européen ne pouvait pas passer. C'est donc la Syrie et sa population qui paient le prix fort d'une confrontation qui ne devrait pas s'arrêter de sitôt.
La question qui se pose maintenant est de savoir si la diplomatie mondiale doit se limiter à l'envoi systématique de missiles, et si nous sommes condamnés à attendre l'escalade ultime qui signera la fin de notre monde. Mais soyons sereins, si conflagration finale il y a, ce sera, à n'en pas douter, pour avoir servi les droits de l'homme et la démocratie mondiale.
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