Mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris : pauvres modernes !
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Dans le cadre de l’exposition « Grands décors de Notre-Dame » aux Gobelins (dont nous dirons beaucoup de bien, ce week-end) est présenté le nouveau mobilier liturgique de Notre-Dame de Paris. L’ancien mobilier ayant été détruit par l’effondrement de la croisée du transept lors de l’incendie, c’était l’occasion de revenir sur la lente dénaturation du chœur - nous nous plaçons sur le plan patrimonial - menée de Vatican II à Mgr Lustiger. Occasion manquée : l’orgueil moderne a encore son mot à dire.
Les chaises des fidèles ont été créées par une « désigneuse », Ionna Vautrin. Il est dit qu’elles « dialogueront avec le mobilier liturgique tout en répondant à la musicalité du rythme créé par les colonnes et les arches de la nef ». Des chaises musicales, en somme. Elles sont décrites comme « confortables ». Peut-être. Je ne les ai pas essayées. Mais elles n’en ont pas l’air, confortables, avec leur dossier très bas. Qui ne s’est pas assoupi pendant un trop long sermon dans une de ces bonnes vieilles chaises ordinaires, en assise paillée, avec un dossier digne de ce nom ? Mon instinct me dit que ces chaises de chêne massif ne s’y prêteront pas.
Le mobilier liturgique est présenté par des maquettes réduites. Le baptistère a l’air d’un coquetier pour œuf d’autruche géante. On ne pourra pas le rater, car il sera placé dans l’axe de la nef. L’autel a l’air d’un pain de savon (parfum chocolat) ou d’une enclume. La chaise cathédrale a été comparée à un cercueil… Tout cela a été conçu par Guillaume Bardet. Encore un designer, comme Ionna Vautrin. On ne leur en veut pas : ils sont designers, ils ont livré un travail de designers, fonctionnel et décoratif - comme lorsque sont commandées à Ionna Vautrin des loupiottes pour le TGV ou quand Guillaume Bardet dessine un lampadaire tripode. Mais pour l’art chrétien, on repassera. Et là, on en veut à Mgr Ulrich, l’archevêque de Paris.
Présentant ses choix en juin dernier, Mgr Ulrich expliquait qu’il voulait un mobilier liturgique « durable dans le temps ». Souci patrimonial ? On aimerait qu’il en aille ainsi mais Mgr Ulrich, à la tête du diocèse lillois et chancelier de l'Université catholique de Lille, a laissé partir l’Évangéliaire de Saint-Mihiel (« l’un des manuscrits médiévaux les plus précieux au monde ») au musée Getty de Los Angeles pour 8,4 millions d’euros (2020). Il a autorisé la destruction de la chapelle Saint-Joseph à Lille (2021). Emmanuel Macron et lui ont décidé de virer des vitraux de Viollet-le-Duc pour les remplacer par des créations. On l’a compris : le durable dans le temps, c’est pour ce que lui, Mgr Ulrich, décide et fait faire. Son zèle pour la transmission est sélectif.
En ce XXIe siècle où nous n’avons plus de tradition d’art chrétien, plus d’artistes qui s’y consacrent (ce fut le cas de toute une génération entre les deux guerres), où nous n’avons plus de prélats qui maîtrisent ces questions (Mgr Aupetit était du même tonneau), la prudence aurait été de mise. Mais l’orgueilleux désir de laisser sa marque est le plus fort. Et nous n’en sommes pas au bout : le réaménagement de Notre-Dame va être total. Outre le chœur, on craint que les chapelles latérales ne soient dépecées de leurs candélabres et de leurs statues, en tout cas malmenées par un souci de « décoration d’intérieure ». Et l’art ? Et la piété filiale ?
Sur les réseaux sociaux, les réactions sont plutôt négatives. Si certains ont jugé « moderne » le nouveau mobilier, comme si de soi la modernité était une qualité, d’autres n’ont pas mâché leurs mots. Ainsi de Didier Rykner, le directeur de La Tribune de l’art, qui est à l’origine de la pétition pour le maintien des vitraux de Viollet-le-Duc : « C'est quand même d'une médiocrité... Indigne d'une cathédrale » (à propos des chaises). D’autres y voient un « affront », du mobilier « tout droit sorti d’un catalogue IKEA », « du mobilier funéraire ». Un prêtre suisse n’y voit qu’« épouvantables mochetés ». Aux lecteurs de BV de se faire un avis !
Grands décors de Notre-Dame. Jusqu’au 21 juillet 2024. Galerie des Gobelins, 42, avenue des Gobelins, 75013 Paris. Metro : Gobelins (ligne 7). Du mardi au dimanche de 11h à 18h.
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49 commentaires
ces chaises font plus cantine qu’église, elles sont laides et certainement inconfortables car sans dossier pour se maintenir droit.
Qu’est ce que c’est moche. Décidément nos dirigeants et décideurs aiment le laid et s’ échinent consciencieusement à détruire toute la beauté de notre culture.
Je crois que la meilleure description de ces mochetés en est faite par Monsieur Rykner de « La tribune de l’art ». Indigne d’une cathédrale …
Avec toute l’humilité que son haut rang m’impose, puis-je faire remarquer à Mgr Ulrich le pléonasme que je décèle dans son « durable dans le temps » qui est à ranger aux côtés du populaire « tri sélectif ».
Ceci dit, le mobilier présenté est beau comme du Le Corbusier, par exemple le bunker érigé dans la banlieue de Lyon qu’est N-D de la Tourette à Eveux.
Je suis heureux d’assister tous les Dimanche et parfois en semaine, aux messes tridantines en direct sur youtube « ité missa est ». Je retrouve la liturgie et le faste des messes de mon enfance.
On est vraiment gouverné par des incapables et des destructeur de notre pays. Notre pays est devenu la risée de l’Europe voir du Monde. Entre les moqueries de Macron et de son 1er Ministre lors de l’incendie de Notre -Dame et leurs intentions de changer un monument Mondial en art moderne, on arrête pas la bêtise et le manque de goût total. Ces incompétents laisseront une trace dans l’histoire de notre pays de par leur médiocrité absolue .
Il ne fallait quand même pas s’attendre à ce que Notre-Dame soit respectée alors qu’on ne respecte pas les français. Cela m’a au moins appris à ne plus faire de dons à l’avenir.
Il n’y a guère de referendum possible, mais il y aurait fort à parier que le résultat serait très largement : « …oui pour une reconstruction de Notre-Dame à l’identique de ce qu’elle était avant le dernier drame….mobiliers et décorations compris… » ! Ce serait tellement plus simple et sans doute moins onéreux.
Ces choses modernes sont horribles, et ils veulent saccager les chapelles latérales.
C’est une honte de ces orgueilleux prétentieux « modernes »
Une insulte et mépris de nos aîeux qui se se sont tués à la tâche pour bâtir cette merveille avec du coeur et du beau
Remettez tous les vitraux qui n’ont pas étés détruits dans l’incendie.
Ils ont été payés combien pour ces « chef-d’oeuvres »?…
beaucoup trop c’est certain car le laid est à la mode du jour et se paye très, très cher.
« On ne va quand même pas décorer la cathédrale pour les catholiques ! » est l’esprit de ces chaises.