Mondialiste, cosmopolite, européen, jeune… Tout plutôt que français
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Dans l’inconscient collectif, la France était jusqu’à dimanche dernier une nation aux racines chrétiennes, forte d’une unité culturelle enviée par ses voisins italiens ou espagnols. Avec ses atouts et ses abus, elle possédait un système économique et social issu d’un capitalisme familial et de luttes collectives, où les hommes étaient encore traités comme tels.
À force de souffler dessus, la flamme de la nation vacillait. Mais le pays savait parfois redire son nom, ici, dans un hémicycle onusien pour s’opposer à une guerre inique en Irak, ou là, sur un théâtre d’opérations malien contre le monstre islamiste. Ces interventions indépendantes étaient rares mais nobles, et une lueur française persistait.
Le premier tour de l'élection présidentielle a révélé que les citoyens vibrant pour cette France-là étaient désormais minoritaires.
Les voix de Marine Le Pen ajoutées à celles de Nicolas Dupont-Aignan et, dans le meilleur des cas, à la moitié de celles de François Fillon ne font pas le compte d’un électorat de droite dit conservateur. Et puisque même les moins fragiles d’entre nous ne mourraient plus pour leur pays, il y a peu de chance de voir émerger, à moyen terme, un colonel à moustache qui prendrait le pouvoir par la force.
Dans ces conditions, le suffrage universel valide seul les choix de société et, en l’occurrence, une majorité d’électeurs ne reconnaît plus la France comme l’écrin le plus harmonieux du développement de ses enfants.
Peu importe qu’Emmanuel Macron ait, au préalable, coché toutes les cases d’une carrière politicienne que les Français d’hier semblaient honnir de concert (ENA, maroquin d’envergure occupé sans briller sous un gouvernement socialiste), ce qu’il « incarne » semble suffire à son électorat, qui préfère se sentir mondialiste, cosmopolite, européen, jeune, plutôt que français. Macron sera vraisemblablement le prochain président de la République - inutile de préciser « française », lui-même s’en fout. Soit. L’avenir nous dira si ce « mouvement » avait raison de vouloir être tout cela plutôt qu’un digne héritier de Jeanne d’Arc et de Voltaire.
On imagine assez bien Macron en enfant gâté d’un système sans âme, jouet de plus puissant que lui, retourner sa France — ses France, pardon ! —, de tous les côtés, puis, lassé, l’échanger dans la cour de récréation de l’école Bilderberg, comme son prédécesseur, contre une place de président du conseil régional de la France en Europe. Mais passons sur l’homme, et sur nos aigreurs de perdants : l’un et les autres n’ont pas l’épaisseur d’un trait de crayon dans l’Histoire.
Bien plus grave est ce constat : le nombre de Français nationalistes, patriotes ou extrémistes, selon les humeurs, est trop faible pour maintenir la France en tant qu’entité culturelle et indépendante.
Et comme leurs adversaires, majoritaires, n’en ont rien à faire, alors la France va disparaître.
Les nationalistes d’hier devront se trouver un autre idéal collectif que la France, et croire à un autre concept territorial. Sera-ce une région, dans le cadre d’une décentralisation ouvrant la voie à des baronnies plus excitantes que les États-Unis d’Europe ? Seront-ce un village seulement, une famille, résistant encore et toujours à l’envahisseur nihiliste ? Dieu seul le sait. Mais nous, pauvres mortels de droite, n’entrevoyons pour l’instant qu’une seule chose : la France va mourir, et c’est bien triste.
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