Mondiaux d’athlétisme à Doha : on y achève bien les champions !
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Les championnats du monde d’athlétisme ont débuté vendredi dernier, le 27 septembre, à Doha, capitale du Qatar. Ils s’achèveront le 6 octobre comme ils ont commencé : sous une chaleur écrasante. À l’heure où j’écris ces lignes, il n’y a pas encore de mort mais ça pourrait venir. C’est même presque venu, déjà, au point qu’un journaliste de LCI déclarait, samedi, au cours de son reportage, que « jamais un stade n’avait autant ressemblé à un hôpital ».
C’est un calvaire pour les athlètes qui tombent comme des mouches, surtout ceux qui concourent en extérieur, bien sûr, cela, même si l’on a programmé les compétitions au milieu de la nuit !
À la veille de la course, Yohann Diniz, champion du monde en titre du 50 kilomètres marche, est contraint de s’entraîner dans les couloirs de son hôtel, seul lieu climatisé dans cette fournaise. Sidéré, le journaliste sportif de L’Union écrit que cette compétition « s’annonce dantesque. Tout se passe, dit-il, comme si les plus éminentes autorités de l’athlétisme avaient découvert, en se brûlant le bout du pied sitôt posé sur le tarmac, qu’on battait des records de chaleur et d’humidité aux portes du désert et qu’on allait demander à des humains, certes des champions rompus au surpassement, de devoir, peut-être, puiser dans des réserves extrêmes et vagabonder en terre inconnue. »
La veille, les marathoniennes ont vécu l’enfer : sur 70 inscrites, 28 ont dû abandonner et 2 n’ont pu prendre le départ. Comment les corps surchauffés peuvent-ils résister à un tel effort quand la température extérieure affiche 32 degrés au milieu de la nuit (ressenti 40 degrés !) avec un taux d’humidité de 75 % ? C’est dans ces mêmes conditions, malgré un départ de course donné à 23 h 30, que Yohann Diniz a, lui aussi, lâché prise au 16e kilomètre.
Kevin Meyer, spécialiste du décathlon qui fera son entrée, mercredi prochain, dénonce lui aussi les conditions impossibles qui sont imposées aux athlètes : « On voit tous que c’est une catastrophe, qu’il n’y a personne dans les tribunes. La chaleur n’est pas du tout adaptée », même si le stade où se déroulent les épreuves en salle est climatisé à 24 degrés.
« On nous prend pour des cons », dit Yohann Diniz, avec le franc-parler qu’on lui connaît. Ce que le médecin de l’équipe belge a explicité un peu plus élégamment, dénonçant une organisation « complètement irresponsable ».
La vérité qui saute aux yeux, en effet, est que les athlètes ne sont pas la préoccupation majeure des organisateurs en costume-cravate et gros cigare à la bouche. Leur souci, leur seul et unique souci, c’est le pognon lâché par leurs interlocuteurs en babouches et keffiehs.
Voilà plusieurs mois que les athlètes préviennent, qu’ils s’interrogent. En vain. En août dernier, déjà, Kevin Meyer balançait aux « Grandes Gueules du sport », sur RMC : « À 16 h, il fera 25 degrés dans le stade et 40 dans le stade d’échauffement. Avec la différence de températures, les chances de se blesser seront énormes. J’ai l’impression qu’il y avait énormément de problèmes mais qu’ils ont quand même forcé les choses pour que ce soit organisé là-bas. »
Il paraît que la place est au sport, pas aux affaires. C’est sans doute pourquoi on évoque peu, dans nos grands médias, les soupçons de corruption qui planent sur l’organisation de ces compétitions. Les Échos rappellent, ainsi, que la Justice française tente toujours de démêler « l'écheveau de virements suspects [qui] a fini par éclabousser l'attribution des Jeux de Rio (2016) et de Tokyo (2020), en plus des Mondiaux d'athlétisme ». C’est dans ce cadre qu’ont été inculpées, en mai dernier, « plusieurs figures du monde sportif et médiatique dont le Qatari Nasser Al-Khelaïfi, président du club de football français du Paris Saint-Germain ».
Mais les Qataris sont nos grands amis, n’est-ce pas, et face à leurs milliards, que peuvent bien peser quelques athlètes ?
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