Mort de deux héros et rapatriement de deux touristes

drapeauberne

Nouveau jour de deuil pour l’armée française ; donc pour la France : deux jeunes Français, soldats d’élite dont notre nation est si pauvre, ont été tués pour sauver deux irresponsables qui se sont exposés eux-mêmes en allant dans des régions africaines vivement déconseillées en raison de leur dangerosité.

Notons que cette brillante manœuvre a été montée grâce, en partie, à la coopération avec l’armée américaine dans le domaine du renseignement. Une fois de plus, nous avons la démonstration de la nécessité d’alliance. Une leçon de plus pour ceux qui prônent - utopie dangereuse, car inaccessible - un retour à une totale indépendance de la défense française.

Saluons le courage de ces jeunes soldats ; apprécions le haut niveau opérationnel des unités spéciales dont ils sont issus et, plus globalement, la grande qualité de l’ensemble d’une armée française bien entraînée, motivée et dévouée. Mais à chaque affrontement, abondamment commenté par une presse friande d’événements exceptionnels, on ne peut s’empêcher de faire les mêmes remarques sur cette nouvelle aventure.

Depuis plus de six ans, nous menons une opération dont on ne voit pas le bout. 4.500 hommes pour une zone grande comme l’Europe, secondés par des unités africaines à la cohésion douteuse, à la motivation précaire, sous-équipées et sous-entraînées, et timidement aidés par quelques rares pays européens aux contingents squelettiques et, en général, cantonnés dans des missions de soutien ou d’instruction. Tout ça dans une Afrique à la perdition, aux élites trop souvent incompétentes et corrompues, où des États fabriqués par les colonisateurs se disloquent lentement et retournent aux guerres tribales d’antan, attisées par l’islam et alimentées par les trafics en tous genres, drogue et êtres humains y compris. C’est mission impossible dans ces conditions ; dans trente ans, on y sera encore.

Ou bien la situation justifie là-bas, dans notre intérêt ici, que l’on s’en mêle, et pour avoir une chance de succès, ce ne peut être qu’un engagement collectif européen, voire plus large. Ou bien nous nous retirons. L’armée française, déjà chichement dimensionnée et dotée, s’use, là-bas, et il me navre de voir que nous y faisons tuer les nôtres pendant que des foules d’Africains arrivent, chaque année, chez nous alors qu’ils devraient d’abord se défendre chez eux. N’y a-t-il pas plus de 60.000 Maliens en France ?

Bien sûr, on peut alléguer que notre présence militaire offre une protection certaine à nos ressortissants expatriés dans ces régions. Mais cette insécurité concerne tous les étrangers et le souci devrait donc être partagé comme les moyens et les dépenses. Ce n’est pas le cas actuellement.

Le Président accueille, pendant qu’on prépare les cercueils de leurs sauveurs, nos deux « touristes » inconscients à leur retour sur le territoire français. D’un côté le deuil pathétique pour deux guerriers français qui sont allés au bout de leur engagement, de l’autre le soulagement penaud de deux imbéciles égarés dans le monde des brutes.

Ce comité d’accueil présidentiel est-il bien opportun ? À mon avis non. Mais c’est dans la tradition française récente. Combien de fois a-t-on vu les prédécesseurs de M. Macron faire le même geste ? Cela fait partie, avec les bougies, les fleurs, les marches blanches et les cellules psy, de la gesticulation martiale que l’on offre à l’admiration des foules chaque fois qu’un drame nous frappe. Dans ce pays, où on confond si facilement victime et héros, on va peut-être penser à eux pour une décoration.

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