Mort de Fayed et trafic de drogue : la gauche sort ses solutions miracles

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La mort de Fayed, 10 ans, enfant de Nîmes tué d’une balle de kalachnikov dans le dos alors qu’il rentrait chez lui, a ému le pays. Était-ce une balle perdue dans le cadre de représailles ? Une dramatique erreur ? Pour une source policière, « cela s’inscrivait dans le contexte d’un démantèlement de point de deal et, donc, de délimitations des nouveaux territoires ». Aucune excuse, aucune raison ne rendra ce genre de scène supportable. Toute la classe politique a unanimement condamné. « Ce n'est pas le hasard qui l'a tué, mais des barbares qui prospèrent grâce à l’impunité d’État et à l’impuissance politique », a notamment réagi Jordan Bardella sur X.

Pourtant, du coté de la NUPES, on constate que les yeux ont bien du mal à se porter du côté du quartier Pissevin de Nîmes, théâtre du drame. Un quartier endeuillé mais au trafic pas vraiment perturbé : BFM TV a noté que le trafic de drogue avait repris devant l’immeuble ou logeait le petit Fayed.

Chez La France insoumise, principale composante de la NUPES, on se contente de réclamer l’une des mesures phares du volet sécurité de Jean-Luc Mélenchon : le rétablissement de la police de proximité, un rouage essentiel de la police nationale abrogé pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. « 95 % des Français sont d’accord avec la proposition de LFI pour rétablir la police de proximité. Ceux qui n’aiment pas la police sont ceux qui refusent d’entendre cette volonté ultra-majoritaire du peuple français », a notamment écrit, sur X (ex-Twitter), le député de l’Essonne Antoine Léaument.

Il n'est pas contredit dans les rangs mêmes de la police. « La police de proximité était vraiment un bel outil », explique le secrétaire général adjoint du syndicat policier VIGI et conseiller régional Cyril Hemardinquer. Pour lui, c'est le gage d'un « travail d’îlotage donnant au policier une fine connaissance de son quartier et de sa population ». Hemardinquer note également que cette police de proximité permet de faire remonter « une manne incomparable en matière de renseignement humain ». Alors si cette idée est soutenue par la gauche et la droite, pourquoi ne pas l’appliquer ? Parce que cette police présente de nombreuses faiblesses.

« Aujourd’hui, cela n’aurait aucun sens », tempère Hemardinquer. Pour lui, « ce rétablissement serait une mauvaise réponse à un vrai problème ». En cause, pour l’élu local, l’absence totale de réponse judiciaire et le laxisme coupable de la Justice. Confirmation d'un commissaire en poste en France métropolitaine : « La police sait identifier, neutraliser un trafic et interpeller des délinquants, mais quand vous retrouvez en garde à vue des trafiquants munis d’un bracelet électronique, soi-disant en aménagement de peine, vous vous posez des questions. » On l’a compris, ce n’est plus tant une police de proximité qui résoudrait le problème mais bel et bien une simple application de la loi.

Ce sentiment est partagé par le député RN du Nord et ancien policier Michael Taverne : « Le laxisme sécuritaire, judiciaire et l’incompétence depuis trente ans nous conduisent tout droit vers la mexicanisation de la France ! Une politique ferme et de tolérance zéro doit être menée. » Ici encore, le constat est partagé : la réponse ne sera pas sécuritaire mais judiciaire. « On tomberait dans une facilité coupable en chargeant la Place Beauvau », insiste Hemardinquer, qui ne peut pourtant pas être soupçonné de connivence avec Gérald Darmanin.

Autre solution miracle de la gauche, la dépénalisation du cannabis : c'est ce que souhaite, notamment, La France insoumise. « Il faut un changement de logiciel complet », plaide, sur BFM, le député d’ultra-gauche Christophe Bex, par ailleurs président du groupe d’étude sur le cannabis à l’Assemblée nationale. La décision résoudrait, d’après la gauche, les problèmes de trafic… Sauf que rien n’est moins certain.

« Il est utopique de penser qu'en asséchant l'économie du cannabis, les trafiquants vont devenir des marchands de pommes et d'oranges », alerte le député RN de Vesoul et ancien policier Antoine Villedieu. Joint par téléphone, l’élu de Haute-Saône persiste et signe : « En légalisant, le Canada a ouvert un marché », affirme-t-il, tout en précisant que « encore 50 % du cannabis consommé au Canada provient du marché noir ». Un marché noir en recul ? « Il est impossible d’avoir un marché légal plus compétitif que le marché illégal en raison des contraintes et des taxes », affirme Villedieu. En bref, pas de solution miracle. Et certainement pas venant de La France insoumise. « Moi, je suis pour le rétablissement de la police de proximité », sourit un policier joint au téléphone, « mais si c’est à la sauce LFI, c’est à dire sans arme et sans contrôle d’identité, ils vont avoir des problèmes de recrutement. » En attendant, La France insoumise demeure bien silencieuse quand un enfant se fait tuer à coup d’AK-47 alors qu’il rentrait chez lui. Contrairement à Nahel, Fayed n’aura pas le label « petit ange ». Trop innocent, sans doute.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Si Macron faisait appliquer les lois, la délinquance baisserait bien évidemment.
    Mais est-ce bien ce qu’il faut faire pour instaurer une dictature et un contrôle total de la population ?
    Ou laisser encore pourrir pour, qu enfin la population terrorisée demande elle-même plus de police ?

  2. Je pense (donc je suis) qu’il faudrait, plutôt qu’une police de proximité, faire faire des stages à nos militaires dans ces lieux.

  3. Ceuta, la douane espagnole a arrêté, le 20 août, deux familles belgo-marocaines totalisant 200 kilos de haschich !
    Déjà, un problème à régler avec le Maroc et son inimitié à pourrir la vie en France et ailleurs en Europe…
    Quatre enfants dans chaque véhicule, la succession professionnelle est assurée !

  4. Il n’y a aucune véritable volonté de réduire les trafics de drogue. La question est à se poser. Dans les mondes politique et de la finance, qui profite des ressources de ce trafic ? La police fait son travail avec honneur car tout bien considéré, il lui faut beaucoup de courage pour se voir continuellement humiliée par une justice laxiste au plus haut point, avec la complicité du pouvoir. Par l’action sur le portefeuille des consommateurs on sait réduire les ventes de tabac. Mais pas sur la drogue ! Pourquoi ? Légaliser la drogue ? Le tabac est légalisé. Les trafics sont-ils réduits pour autant ? Bien au contraire, ils s’intensifient avec l’apprentissage au contournement des lois. Oui, le pouvoir macronien ne veut véritablement pas combattre énergiquement les trafics de drogue. La France s’enfonce dans la désintégration de tous ses domaines. Et Macron fait le beau, bombe le torse, réjoui. Les privilèges de son fauteuil sont appréciables, confortables.

  5. Ce n’est pas de durcir les lois, c’est plutôt de les appliquer intégralement comme une vrais justice est sensé le pratiquer. Plus de peines planché comme la député de Guyane bizarrement nommé ministre de la justice, une perpétuité effective et surtout qui est condamné à la perpétuité le bagne sans espoir d’en sortir, bagne qui a été abolis en 1938 et supprimé en 45 inutile de chercher pourquoi depuis cette année là on vois la déliquescence se développer et c’est loin d’en finir.

    • Pour qui connait la procédure pénale, les consommateurs ne paieront jamais car la plupart sont insolvables. Par ailleurs, ça contribuera à augmenter les vols et cambriolages pour ceux qui voudront payer leurs condamnation. Enfin sachez qu’il y a un fond d’indemnisation pour se substituer aux gens insolvables alimenté par les impôts des contribuables, donc ce seraient les contribuables qui paieraient. C’est une fausse mauvaise idée de certain intervenants sur CNEW en quête de notoriété et qui n’y connaissent rien.

      Je préférerais nettement que le gouvernement s’attaque aux pays producteurs, mais là…..

      • Taux de recouvrement des amendes pour usage de stupéfiants : 35%. En France, on est plus sûrement puni pour une infraction pour stationnement en zone bleue, que pour le trafic de stupéfiants en zone « sensible ». Quant aux pays producteurs, on y retrouve les pays d’Afrique du Nord (le Maroc notamment). Connaissant le courage de nos politiques face à ces pays, on tient peut-être l’explication du « succès » de notre politique en matière de lutte contre le trafic de drogue …

  6. Au point élevé où en sont les dealers je vois mal des ilotiers circuler tranquillement dans ces quartiers grangrenes par la drogue. Jadis la police était respectée. Aujourd’hui la police est totalement rejetée dans ces lieux de deals. Ce sont encore des fonctionnaires de police qui vont faire les frais du laxisme judiciaire en France. Tous les experts en tout semblent oublier que nous avons un point de non retour. Petit rappel , en Colombie pour rétablir l’ordre des unités spéciales de combat ont été mises en place. En France pays des Bisounours on veut envoyer des ilotiers, c’est proprement du foutage de gueule.

    • Vous avez raison. Comment envoyer une patrouille à pied pour aller au contact des points de vente où les dealers sont armés d’AKM ? La police risque d’avoir du mal à trouver des volontaires pour aller se faire tirer dessus. On le voit bien en ce moment, à Nîmes ou Marseille, ce sont des unités de CRS spécialement formées et équipées qui interviennent. Lors des émeutes ont a eu le GIGN et le RAID engagés en plus des forces habituelles. Chez les LFI ils sont complètement à côté de la plaque … et pas que sur les questions de sécurité.

  7. Dans l’état actuel de ces zones de non droit bienvenue en absurdité avec LFI. Qui s’engagerait dans une police désarmée au milieu de trafiquants armes de Kalash.

  8. Du grand n’importe quoi, et quand les policiers de proximité entreront dans les zones de non-droit, ils confieront leurs armes aux racailles « garde-frontières » et déclineront leurs identités ?

    Et évidemment, toujours aucune idée de mesure contre les pays producteurs !

  9. Du grand n’importe quoi, et quand les policiers de proximité entreront dans les zones de non-droit, ils confieront leurs armes aux racailles « garde-frontières » et déclineront leurs identités ?

  10. C’est vrai que des policiers de proximité armés de ballons de foot changeront surement beaucoup de choses mais y aura t il des nouveaux terrains de foot ? Sinon comme disent les grands frères : les petits se sentiront abandonner .

  11. Bizarre cette affaire, bizarre la réaction du père (c’est comme le vent !). ?????? Si on rétablit une police de proximité, je ne suis pas sûr du résultat réel. Ils subiront des pressions, des menaces sur leur famille s’ils se montrent trop zélés. Et si c’est pour jouer au foot avec les jeunes, ils passeront pour des charlots. Je préfère des opérations « coup de poing » inopinées en encerclant le quartier (avec ponctuellement du monde) et qui « ramasse » tout ce qui bouge (dealers et clients). Ce sera plus efficace et moins cher.

  12. Je le dis, je le martèle et même si à chaque fois je suis « censuré », il faut des appliquer de fortes peines de prison aux consommateurs qui sont complices des trafiquants et qui, comme eux ont des morts sur la conscience et du sang sur les mains.

    • Cela devrait aller de soi et ça va mieux en le disant : pas de consommateurs = pas de commerce .La justice de proximité commence ici .

  13. Mettez une prune de 1000€ à toute personne en possession de drogue avec 15 j pour payer avant transformation de la peine en emprisonnement et je vous parie à 10 contre 1 que en 6 mois on calme le jeu

    • En théorie, oui … mais nous sommes en France. Un article de BFM (qui n’est pas un média d’opposition) du 26 juin dernier affirme que seules 35% des amendes pour consommation de drogue sont effectivement payées. Le Trésor Public renonce aux poursuites, car les frais engendrés sont plus élevés que le montant de l’amende et que les services fiscaux n’ont pas les moyens d’entreprendre les procédures nécessaires. Autrement dit, paient ceux qui sont assez stupides pour payer. Les autres toxicos, probablement déjà familier des procédures judiciaires, ont bien compris qu’ils ne risquaient rien.

  14. Une police qui a les mains liées par les élus pour le « pas de vagues  » ne sert à rien . Et leurs belles paroles juste au moment des faits et oubliées aussitôt ne mènent à rien sans actes forts et une véritable volonté de mettre fin à ces trafics , de donner à la justice les moyens d’agir et surtout d’appliquer les lois et punir sévèrement tout acte d’incivilité . Mais nous savons tous que ce n’est pas ce gouvernement qui agira , tous des trouillards .

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