Mort de la reine Élisabeth : Que d’Allemands ! Et Guillaume le Conquérant, dans tout ça ?

guillaume le conquérant

On a à peu près tout dit sur la mort de la reine Élisabeth, sur cette longue page d’Histoire qui se ferme pour le Royaume-Uni, une page qui faisait le lien entre les XIXe et XXe siècles : lorsque Élisabeth d’York naquit en 1926, beaucoup d’Anglais avaient connu la reine Victoria, morte à peine un quart de siècle avant et née alors que Napoléon Ier croupissait encore à Sainte-Hélène !

Mais on oublie qu’avec la mort de la reine Élisabeth, c’est aussi une page dynastique qui se tourne. Certes, depuis la Première Guerre mondiale, la famille royale a pris le nom de Windsor, mais cela ne peut occulter les réalités généalogiques : arrière-arrière-petite-fille de Victoria et du prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, Élisabeth était donc une Saxe-Cobourg-Gotha, c’est-à-dire d’ascendance allemande en lignée paternelle, avec des racines plongeant dans la Saxe d’avant l’an mille. Une famille qui a donc régné 121 ans sur le Royaume-Uni avec les rois Édouard VII, fils de Victoria, George V, fils d’Édouard VII, Édouard VIII et George VI, tous deux fils de George V et Élisabeth, fille de George VI. Aujourd’hui, les Saxe-Cobourg-Gotha règnent encore en Belgique avec le roi Philippe. Sa fille, la princesse Élisabeth, qui devrait lui succéder un jour, sera donc la dernière de cette lignée à porter la couronne de Belgique. Par ailleurs, c'est-à-dire par son père, la reine Victoria était une Hanovre, donc aussi d'une famille allemande. Les Hanovre qui régnèrent sur le royaume de Grande-Bretagne de 1714 à 1901.

Avec l’accession du prince Charles, c’est une autre maison allemande qui monte sur le trône britannique. Non pas celle des Mountbatten (anglicisation de Battenberg), comme on peut le penser, puisque c’est le nom qui avait été donné au prince Philip lorsqu’il fut naturalisé à l’occasion de son mariage, nom qui était celui de sa mère, la princesse Alice de Battenberg. Membre de la famille royale de Grèce, elle-même issue de la famille royale de Danemark, le prince Philip était – on s’accroche – un Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg. Cette maison qui portait le titre de duc était elle-même une branche de la maison d’Oldenburg – du nom d’une ville située aujourd’hui en Basse-Saxe, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Brême -, remontant au début du XIe siècle. Aujourd’hui, cette famille de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg règne encore sur le Danemark avec la reine Margrethe II qui a fêté, cette année, son jubilé d’or. Elle sera la dernière de cette maison à régner sur le Danemark, son fils, Frederik ayant pour père le prince Henrik, né Henri de Laborde de Montpezat. Les Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg règnent aussi sur la Norvège avec le roi Harald V auquel devrait succéder son fils Haakon.

Beaucoup de lecteurs seront surpris d’apprendre que cette maison d’Oldenburg a étendu ses rameaux jusqu’en Russie. En effet, Pierre Ier le Grand (1682-1725), fondateur de Saint-Pétersbourg, sans descendants mâles, réussit à marier sa fille Anna, née hors mariage, avec le duc Charles-Frédéric de Schleshwig-Holstein-Gottorp (1700-1739), issu de la maison d'Oldenburg. Un enfant naquit de cette union, le futur Pierre III (1728-1762). Ainsi, stricto sensu, tous les Romanov depuis Pierre III sont des Oldenburg !

Que d’Allemands ! Mais alors, Guillaume le Conquérant dont se targuent de descendre tous les souverains britanniques ? C’est incontestable, qu’on se rassure, ils en descendent ! George Ier (1660-1727), le premier roi Hanovre, tenait ses droits sur la couronne d’Angleterre par sa grand-mère maternelle Élisabeth Stuart (1596-1662), fille de Jacques Ier Stuart (1566-1625), roi d’Angleterre et d’Écosse. Les Stuart tenaient, pour faire court, la couronne d’Angleterre par les Tudor et Beaufort, eux-mêmes descendants des Plantagenêt qui en héritèrent par le mariage, en 1128, de Geoffroy V Plantagenêt, comte d’Anjou, avec Mathilde l’Emperesse, fille d’Henri Ier Beauclerc, lui-même fils de Guillaume le Conquérant.

Un plaisir que de parcourir ce jardin à l’anglaise qu'est la généalogie des rois d’Angleterre ! Rien à voir avec le jardin à la française capétien.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Merci pour cet exposé,il me semble qu’il y manque un lien avec la famille d’Orange-Nassau qui règne encore aux Pays-Bas,et de l’épouse du Roi Alphonse XIII d’Espagne,petite fille de la reine Victoria et arrière-grand-mère de l’actuel roi Felipe VI d’Espagne.
    Il faudrait une bibliothèque entière consacrée aux liens familiaux des familles souveraines ,la loi salique rend plus aisé à remonter la ligné des souverains Français.

  2. Merci pour ces explication car, justement, je cherchais à savoir s’ils descendaient de Guillaume le Conquérant. Dynastie beaucoup plus compliquée que la dynastie française.

  3. La royauté anglaise a toujours été l’ennemie de la royauté française. La royauté anglaise n’a jamais supporté qu’elle, royauté française, soit plus glorieuse que celle d’Angleterre. Versailles ça leur a fait de l’ombre. En effet, il faut se rappeler aussi que la saxe est une région allemande et quand on dit « les anglo-SAXONS » ce n’est pas pour rien. Il y a eu souvent des alliances entre anglais et « saxons » contre la France. Eric Zemmour en parle dans un de ses livres notamment.

  4. Comme quoi nous avons, nous-mêmes, un peu fait…les « rosbifs », que nous contemptons pourtant souvent allègrement en adjectifs, voire en chansons…cette généalogie chemine aux côtés de la mienne et, je suppose, si l’on se penche un peu dessus, sur celle de nombre de Français…Reste, mon colonel, qu’à côté des Saxons, vous oubliâtes les Angles, lady Godiva, etc…etc…

  5. Merci d’avoir rappelé Guillaume le Conquérant qui a conquis et peut-être bien établi le trône anglais à la bataille de Hastings remportée en 1066. C’est ainsi que dans de nombreuses églises anglaises on peut lire des inscriptions en français alors que dans les églises françaises on ne voit aucune inscription en anglais. Lorsqu’on dit ça à nos amis anglais ils ne sont pas contents du tout! Car Dieu les aime bien mais chez eux comme a dit Jeanne d’Arc.

  6. Les prétendants légitimes à la Couronne de Saint-Georges sont les Stuarts. Et par conséquent la famille Lorraine de Guise. La mère de Marie Stuart était Marie de Guise, soeur du « Balafré ».
    Hartley Fletcher Mac Dowall.

  7. Merci mon Colonel pour ce rappel historique des familles et de tout ces cousins qui se firent la guerre joyeusement sur le dos des peuples !!!!!

  8. C’est en repellant cette généalogie qu’Aristide Briand voulait se servir pour essayer d’inflaencer les différents responsables à mettre fin le plus rapidement possible à cette guerre 14-18.Malheureusement le destin en a voulu autrement .
    .

  9. Pour valider l’origine impériale russe des ossements retrouvés dans une forêt près d’Ekaterinbourg, on les avait comparés avec l’ADN du prince Philip et/ou du prince Charles (aujourd’hui roi), entre autres « royals » : il s’agissait bien des Romanov.

    • C’est une conclusion hâtive car il reste toujours « l’ombre d’un doute » quant à l’authenticité génétique de ces ossements. L’absence de reconnaissance de ces ossements comme appartenant à Nicolas II et sa famille par les religieux au moment des obsèques de ces « restes », montre à quel point cette histoire reste un…doute!

  10. Tous ces cousins germains se sont entretués à la guerre de 14-18, comme les atrides ! Arrêtons d’en faire des icônes, le matraquage actuel est indécent pour qui se renseigne au delà de la version officielle …

  11. Les nombreuses alliances entre les maisons nobles allemandes s’expliquent par l’éclatement de l’Empire en 365 États souverains après la guerre de Trente Ans (1618-1648). Ces maisons princières ont produit de nombreux descendants nobles, dont beaucoup étaient acceptables pour des mariages avec des maisons royales. Malheureusement, ces liens familiaux n’ont pas permis d’instaurer une paix familiale complète en Europe.

  12. La part de sang britannique semble en effet bien tenu . Le goût de ces souverains pour la Révolution Française se comprend mieux encore ainsi comme dirait Bainville .

  13. Détail orthographique, mon Colonel : pourquoi écrivez-vous EliSabeth, et non EliZabeth ? Est-ce pour rappeler ses origines normandes ? P’tête ben qu’oui, p’tête ben qu’non !

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