Mort de l’émir de l’État islamique au Grand Sahara et camouflet en Australie : semaine allégorique pour notre politique de défense

Barkhane

Cette semaine a été dense, pour la Défense française. Les forces françaises au Sahel ont d'abord réussi à neutraliser Adnan Abou Walid al-Sahraoui, émir de l'État islamique au Grand Sahara (EIGS), comme l'ont annoncé Florence Parly et Emmanuel Macron. Branche nord-africaine de l'État islamique en Iraq et au Levant (Daech, pour les intimes), ce groupe terroriste est à l'origine de nombreuses attaques contre les troupes de l'opération Barkhane, déployées dans la bande sahélo-saharienne (Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad) pour assurer à la région une très relative stabilité.

La France n'a pas eu le temps de se satisfaire de ce succès majeur. On apprenait en effet, « en même temps », que l'Australie revenait sur son accord avec la France, signé en 2016, et prévoyant l'achat de douze sous-marins français pour un montant total de 56 milliards d'euros. À la manœuvre, l'administration Biden et son inévitable vassal britannique. Peut-être l'impact du réseau Five Eyes, prévoyant un partage de renseignements entre les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, est-il pour quelque chose dans la représentation, même inconsciente, que l'Australie se fait de ses alliés privilégiés. Peut-être la demande, par les Australiens, de disposer de sous-marins à propulsion nucléaire, au mépris de la loi anti-nucléaire de son voisin néo-zélandais, ouvre-t-elle une nouvelle page, assez inquiétante d'ailleurs, du côté d'une nouvelle guerre froide, dans le Pacifique cette fois. C'est, d'ailleurs, l'opinion de la Chine.

En tous les cas, cette victoire tactique au Sahel, vite éclipsée par une défaite politique, stratégique et industrielle dans le Pacifique, est une allégorie de la Défense française : brillante à l'échelon tactique, avec une armée solide, elle est défaite en termes de rayonnement, d'influence et de stratégie à long terme. En attendant peut-être, malheureusement, de nouveaux développements au Sahel : la société russe Wagner, faux nez de la Défense russe, vient en effet d'être engagée pour assurer la protection des autorités maliennes. Est-ce un nouveau frein à la politique africaine de la France ? Qui vivra verra…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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