Mort de Maggie Smith (1934-2024) : adieu à la comtesse douairière de Grantham

Capture d'écran
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Maggie Smith vient de mourir paisiblement, à l’âge de 89 ans. C’est son rôle de Lady Violet Crawley, comtesse douairière de Grantham et mère d’un châtelain pris dans la tourmente du XXème siècle commençant, dans la série Downtown Abbey, à partir de 2010, qui en avait fait une star internationale. Elle avait alors 76 ans. Le succès, comme Philippe de Villiers le dit de la politique, est-il un sport de vieux ? Maggie Smith, DBE (Dame de l’Empire Britannique), avait en tout cas fait mille choses avant de connaître une notoriété internationale, et considérait la célébrité comme quelque chose de « totalement stupide » - un mot définitif et un brin méprisant comme son dernier grand rôle en avait également le secret.

Née avant la guerre, elle décide très tôt de devenir actrice, puis, rapidement repérée par le grand Laurence Olivier, elle rejoint la troupe du Royal National Theatre qui est en train de se constituer. Au sein de cette équipe brillante, elle jouera Shakespeare, mais aussi Ionesco et Ibsen, et sera mise en scène par Zeffirelli et Bergman. Un début de carrière assez pointu, donc, qui lui assure la reconnaissance de la profession mais la maintient à l’écart du succès populaire, ce qui ne la dérange pas. Au cinéma, malgré des rôles prestigieux pour des cinéastes qui ne le sont pas moins (Mankiewicz ou Cukor), elle est unanimement saluée également mais ne fait pas partie des stars qui crèvent l’écran. Est-ce la faute de son physique, anguleux et racé mais pas tellement photogénique ? Ou bien de son tempérament, pas exhibitionniste pour un sou ? Un peu des deux, peut-être. Elle obtiendra tout de même plusieurs très grands succès, sur les planches comme au cinéma, ce qui lui vaudra notamment deux oscars.

Il faudra cependant attendre les années 1990 et sa participation à quelques blockbusters (Hook et Sister Act notamment) pour que le grand public la découvre. Il y a des actrices qui sont faites pour être jeunes : Maggie Smith était peut-être faite pour être vieille. A partir de 2001, elle devient une star internationale, grâce à la saga Harry Potter, dans laquelle elle interprète le professeur Mac Gonagall. Et puis, évidemment, c’est le rôle de Lady Violet Crawley qui la rend incroyablement populaire. Vieux jeu, hautaine, garante de traditions surannées, qui n’ont plus leur place dans un monde rapide et vulgaire, Lady Crawley est également pleine d’esprit, très drôle, et à l’occasion infiniment touchante. Ces dernières années, Maggie Smith avait été atteinte d’un cancer, dont elle avait réchappé. Très « never explain, never complain », elle avait porté une perruque pendant toute une saison de la série et joué presque comme si de rien n’était.

Ce sont les deux fils de l’actrice, acteurs eux aussi, qui ont annoncé son décès. Les hommages qui lui ont été rendus, par des admirateurs anonymes ou par des acteurs et actrices célèbres - et jusqu’au roi - montrent qu’elle incarnait, aux yeux de la Grande-Bretagne, l’Empire que les Anglais ont aimé être et dont ils peinent sans doute à retrouver la trace en 2024. La mairie de Londres a illuminé de violet, en guise de clin d’œil au dernier rôle de Maggie Smith, plusieurs bâtiments publics. Aurait-elle imaginé devenir une icône nationale ? Probablement pas. Such is life

 

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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