Mort d’Élias : la mairie de Paris dégaine son « plan couteaux »

© Instagram Nicolas Nordman
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Triste hasard du calendrier. Trois jours après le décès d’Élias, poignardé à mort à la sortie de son entraînement de football dans le XIVe arrondissement de Paris, la ville de Paris dévoilait, ce lundi 27 janvier, le nouveau volet de son plan de « prévention des rixes ». Une réunion prévue de longue date par les équipes municipales mais qui rencontre un malheureux écho dans l’actualité. D’autant plus que les solutions proposées par la mairie de Paris pour endiguer la prolifération des armes blanches semblent bien dérisoires - si ce n’est inutiles - pour éviter que de nouveaux drames se produisent.

Une vidéo contre les couteaux

Des lames de 22 centimètres aux petits couteaux, l’utilisation d’armes blanches s’est « banalisée », dans la capitale, déplore Nicolas Nordman, adjoint en charge de la prévention, de la sécurité et de la police municipale, auprès du Monde. La mort tragique d’Élias en est un triste exemple. À la sortie de son entraînement de football, le jeune adolescent a été poignardé à mort au niveau de la clavicule pour avoir refusé de donner son téléphone à ses agresseurs. Transporté aux urgences, il décédera le lendemain matin, après plusieurs arrêts cardiaques, d’une hémorragie interne. Un cas loin d’être anecdotique. Comme le rappelle Le Parisien, sur l’année scolaire 2023-2024, 74 agressions à l’arme blanche ont été recensées dans les collèges, 38 dans des lycées et même 18 dans les écoles primaires ! Sur le premier trimestre 2024, déjà 40 attaques au couteau ont par ailleurs été signalées, aux abords des écoles. En décembre, un adolescent de 16 ans était ainsi poignardé et tué devant le lycée Rodin (Paris XIIIe) au cours d’une violente rixe.

Pour endiguer ce fléau meurtrier, la ville de Paris promet les grands moyens. Ce lundi 27 janvier, la municipalité dévoilait son plan de prévention et de sensibilisation. Au programme : une distribution de flyers, la diffusion d’une vidéo « Ne mets pas un couteau dans ta poche » dans toutes les classes, le passage de médiateurs dans les établissements scolaires et un mot-dièse sur X #StopCouteaux. La municipalité prévoit, en outre, de doubler les effectifs de médiation. Un appel à projets doit également être lancé pour développer des actions de sensibilisation contre le port d’armes blanches. Enfin, les armuriers vont être sensibilisés au contrôle de l’âge de leurs acheteurs. De son côté, la maire du XIVe arrondissement appelait, sur BFM TV, à renouer « la confiance » avec les familles par un travail de terrain.

Autant d’éléments raillés par l’opposition qui les juge bien inutiles - voire hors-sol -, face au défi et à l’insécurité grandissante, notamment parmi les adolescents. Plutôt que diffuser une vidéo et rabâcher aux élèves que le port d’une arme blanche est proscrit par la loi, Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement, appelle surtout au « déploiement d’une police municipale armée » dans les rues de la capitale. Par ailleurs, si le rappel des règles chez les armuriers peut être utile, force est de constater que bien souvent, les adolescents se procurent leurs couteaux sur Internet… En octobre dernier, déjà, la mairie avait dévoilé une première vidéo - « Les couteaux, ça reste à la maison » - diffusée dans les salles de classe, dont l’efficacité peut être questionnée au vu de la banalisation du phénomène, ces derniers mois.

Un plan national nécessaire

Et ce, d’autant plus que la formulation de l’un des flyers peut prêter à confusion. En effet, sur ce document, le slogan « Porter un couteau, c’est se mettre en danger, pas se protéger » est inscrit en grands caractères. Dans les recommandations, la ville de Paris ajoute : « Un couteau ne protège pas, il peut exposer au pire. En le portant, on risque sa vie et celle des autres. » Sur les réseaux sociaux, beaucoup n’ont pas manqué de souligner l’inversion opérée par les services municipaux. Bien souvent, le porteur du couteau n’est en effet pas la victime, comme le suggère le flyer, mais bien l’agresseur. Et bien souvent, les personnes qui portent une arme blanche - ce qui constitue déjà un délit puni d'un an d'emprisonnement - ne la portent pas pour se protéger...

En réalité, c’est d’abord au niveau national qu’il convient d’agir. Certains politiques appellent à une révision de la justice des mineurs afin que les sanctions tombent immédiatement et soient effectives. Gérald Darmanin, ministre de la Justice, a annoncé la création de 100 postes de magistrats délégués à la justice des mineurs, dont 50 juges pour enfants.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

64 commentaires

  1. mais on ne parle pas des parents des tueurs, eux sont encore exonérés de responsabilité, des gens cherchent des logements, je pense que ces 2 familles bénéficient de logements sociaux, foutez les dehors, à charge pour eux de se reloger, ils iront peut être à Villeneuve Saint Georges, là où si le « fort Boyard » est élu, ce sera un repaire pour délinquants, espérons que les villeneuvois se déplaceront pour empêcher ça.

  2. Il me paraitrait plus efficace de communiquer sur l’interdiction formelle de porter un couteau sur sois et de verbaliser en cas de manquement… s’il le faut installer un peu partout des portiques de sécurité détectants ces armes…

  3. Elle nous fait peur, Hidalgo avec es mesures drastiques !En fait, telle que je la connais, je la soupçonne de prendre ses mesurettes pour avancer à pas de loup vers une interdiction totale des voitures (pour éviter les rodéo) dans Paris, interdiction totale des 2 roues également pour éviter les rodéos et pour faire plaisir à son adjoint préféré pour éviter que ces sauvages ne blessent quelques surmulots. Si elle interdisait les portables, cela éviterait que leurs propriétaires ne se fassent assassiner par des barbares qui souhaitent les voler.

  4. Cela fait sourire, car il ne font déjà rien pour mettre les jeunes en garde contre la consommation de drogue, et pour l’alcool ? « A consommer avec modération  » jolie formule creuse une fois de plus !! Combien parmi les députés et peut être même dans le gouvernement y compris leur Roi, consomment pour compenser des esprits indécis ou je dirai même incompétents ? Ne cherchez pas c’est clair comme de l’eau de roche !!

  5. Porter un couteau mettra en danger le jour où les Français, las de servir de proies à des meurtriers débiles profonds, porteront un revolver. Jusqu’à ce moment, qui viendra un jour, des parents continueront à attendre dans l’angoisse un enfant qui ne reviendra pas.

  6. Avec de telles mesures, ce sera la victime qui se retrouvera sanctionnée par le port du couteau qui lui aura été porté. Si autrefois, il ne serait venu à n’importe quel enfant de se défendre avec un couteau, c’est que la discipline existait et que les parents et les enseignants surveillaient et sanctionnaient celui qui faisait montre d’incivilité. Mais 68 est passé par là et on voit le résultat.

  7. J’étais persuadé qu’il apporterait LA solution à ce problème. Interdire les couteaux plutôt que les processeurs, en voilà une brillante et courageuse décision ! Enfin, nos enfants vont pouvoir réinvestir pack et jardin ! Dans la même logique, interdire l’hypocrisie et le mépris nous préserverait-il de ces pitoyables et pervers politiciens ?

  8. Totalement ridicule…des flyers, des spots pub des vncibtroles d’armuriers.. ! Dans n’importe quel supermarché on trouve des couteaux à viande de plus de 22 cm ..va t on demander aux caissières de contrôler qui les achète ( ou vole),aux caisses automatiques de les détecter?..
    Le vrai problème n’est évidemment pas l’arme ,mais l’intention…s’il s’agit de se défendre contre une agression,il faut laisser les gens s’armer,même les former…et surtout pas interdire la vente,ou imposer le dépôt à la gendarmerie..les racailles n’ ont aucun mal à se procurer des armes (souvent fournies en amont à l’Ukraine et revendues)..Dans la guerre civile qui s’annonce comme  » un sentiment » pour les gamelleurs qui gouvernent,nous risquons fort de jouer les agneaux abattus sans endormissement( hallal)

  9. Si des automobilistes ne respectent pas le panneau 50, je ne vois pas en quoi le remplacer par un panneau 30 va améliorer la sécurité urbaine vis-à -vis d’eux… Alors, l’interdiction des couteaux pour ceux qui ne s’en serviront jamais, et d’ailleurs qui n’en n’ont pas, n’est qu’une mesure de dédouanement, « auto-rassurante »!

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