Mort du président tchadien Idriss Deby : quelles conséquences pour la France ?
3 minutes de lecture
« La France perd un ami courageux. » Ce 20 avril, le communiqué de l’Élysée rend hommage à Idriss Deby, qui fut le président du Tchad au pouvoir depuis 1990. Militaire de carrière, il avait été réélu avec 79,32 % des voix pour un sixième mandat, suite à l’élection présidentielle qui s’était déroulée le 11 avril dans le pays. Il est mort le lendemain de la déclaration des résultats officiels provisoires.
Selon les informations officielles, il est mort des suites de ses blessures en dirigeant lui-même les combats contre des bandes rebelles à la frontière libyenne. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est mort en accord avec sa légende. « Il a pris la tête des opérations lors du combat héroïque contre les hordes terroristes venues de Libye. Il a été blessé au cours d’un accrochage et a rendu l’âme une fois rentré à N’Djamena » (capitale du Tchad), d’après le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée tchadienne. Une déclaration qu’il serait présomptueux de croire sur parole, tant le flou persiste autour du décès imprévu du président.
Immédiatement, les forces de sécurité tchadiennes ont instauré un couvre-feu et assuré un verrouillage total du pays pour prévenir tout désordre. Le général Mahamat Idriss Deby, 37 ans, fils du défunt président, a été mis à la tête d’un « Conseil militaire de transition » censé garantir « l’indépendance nationale, la sécurité, l’intégrité du territoire et le respect des accords internationaux ». Ce Conseil, installé pour 18 mois, est censé assurer la tenue d’élections à l’issue de cette période. Au Tchad, la situation est perçue comme tendue. Sous un calme apparent, la population récrimine contre la prise de pouvoir du fils Deby et de cette junte de 14 généraux.
L’interrogation Barkhane
Partenaire stratégique de la France dans le cadre de l’opération Barkhane, 90e puissance militaire mondiale, le Tchad est doté d’une armée professionnelle qui est à la fois son point fort et son talon d’Achille. Instable, parfois indisciplinée, elle souffre, d’après Crisis Group, de tensions ethniques en raison de la faible représentation de certaines ethnies dans les différents corps d’armée.
Paradoxalement, le Tchad a acquis un rôle de premier plan dans la politique africaine pendant la décennie écoulée en raison de son activité contre les groupes terroristes et islamistes qui menacent l’équilibre précaire de la région. Ayant frontière commune au nord avec le sud de la Libye, à l’ouest avec le Niger et à l’est avec le Soudan et au sud avec la Centrafrique, la république tchadienne se voit encerclée par les différents groupes terroristes. Le constat semble clair : ni la France ni le Tchad ne peuvent se permettre de voir la situation intérieure du pays se dégrader.
Ce vendredi 23 avril, Emmanuel Macron est sur place pour assister aux obsèques d’Idriss Deby. L’occasion, pour lui, de rappeler à son allié de circonstance ses obligations et l’amitié entre les deux nations.
Vos commentaires
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées