Mort d’une grande d’Espagne : Carmen Franco, fille unique du Caudillo
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La fille de Franco est morte à Madrid ce vendredi 29 décembre 2017. Elle était âgée de 91 ans. Carmen Franco y Polo était la fille unique de celui qui conduisit les destinées de l’Espagne de 1939 à 1975. Elle portait les titres de 1re duchesse de Franco et de grande d’Espagne, titres que le roi Juan Carlos Ier lui avait accordés le 26 novembre 1975.
Elle était née en septembre 1926, quelques mois après que son père avait été nommé général de brigade. À 34 ans ! Le plus jeune général d’Europe. En 1950, elle avait épousé Cristóbal Martínez-Bordiú (1922-1998), 10e marquis de Villaverde. Ce chirurgien fut le premier Espagnol à effectuer une transplantation cardiaque. On lui reprocha surtout l’acharnement thérapeutique sur son beau-père, dont l’agonie dura de longues semaines, jusqu’à sa mort le 20 novembre 1975. Sept enfants étaient nés de cette union dont une fille, elle aussi prénommée Carmen, qui épousa en 1972 Alphonse de Bourbon (1936-1989). La fille du général Franco était donc la grand-mère maternelle de Louis de Bourbon, duc d’Anjou, né en 1974, dit Louis XX, chef de la maison de Bourbon, aîné de tous les Capétiens et prétendant au trône de France.
En 2008, la duchesse de Franco avait confié ses souvenirs à deux historiens, Jesús Palacios et Stanley G. Payne, souvenirs publiés sous le titre Franco, mi padre. Un livre dans lequel celle que l’on surnommait Carmencita clamait son admiration et son amour pour son père. Mon père ce héros, pas ce salaud, pourrait-on dire. "Je suis sa fille et je ne vais pas vous dire beaucoup de choses négatives sur lui", avertissait-elle dans les premières pages de cette somme de 800 pages où l’on découvre par le petit bout de la lorgnette familiale le Caudillo, aujourd’hui tant détesté, surtout par ceux qui n’ont pas connu l’époque. Pour elle, son père avait été le sauveur de l’Espagne. Pas de repentance, donc. Cela dit, a-t-on jamais eu une quelconque repentance de la part des descendants des rouges qui fusillèrent à tour de bras bonnes sœurs et curés durant cette terrible guerre civile espagnole ? L’Église catholique a, du reste, reconnu 1.875 martyrs durant cette guerre.
La sortie du livre en 2008 avait, évidemment, été l’occasion d’une polémique : on allait humaniser Franco. Comme si l’homme, comme si tout homme, était d’un bloc : tout bien ou tout mal. Du reste, la duchesse confiait dans ce livre que la devise de son père était en quelque sorte « Œil pour œil, dent pour dent ». À la violence, Franco répondait par la violence. Et l’on sait que, durant les guerres civiles, la vengeance atteint des sommets paroxysmiques. Les années de fin de règne du Caudillo furent aussi rudes. 1970 : procès de Burgos où 16 nationalistes basques de l’ETA, accusés d’assassinat, furent condamnés à de lourdes peines, dont la mort pour certains (mais, sous la pression internationale, aucun condamné ne fut exécuté). 1973, assassinat par l’ETA, dans un attentat à la bombe, de l’amiral Blanco, président du gouvernement. 1974, dernière exécution au garrot d’un condamné à mort…
Carmen Franco y Polo savait évidemment tout cela. Et l’assumait d’une certaine manière en déclarant : "Après tout, son régime était une dictature, mais à cette époque cela n’avait pas la même connotation qu’aujourd’hui."
La mort de la fille unique de Francisco Franco Bahamonde est peut-être l’occasion de citer un court passage du testament politique du Caudillo : "N’oubliez pas que les ennemis de l’Espagne et de la civilisation chrétienne sont vigilants."
Une publication partagée par Luis Alfonso de Borbón (@luisalfborbon) le
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