Motion de censure : l’incroyable image du désarroi gouvernemental
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Personne n’en a parlé, et pour cause. Ce n’est qu’une image. Un instant infime de la vie politique française contemporaine. Une poignée de secondes à l’antenne de la petite chaîne qui retransmet les débats de l’Assemblée nationale, La Chaîne parlementaire. Ce 24 octobre, le Premier ministre Élisabeth Borne, le ministre chargé des Relations avec le Parlement Franck Riester et le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire sont assis, côte à côte, dans l'enceinte du palais Bourbon, comme il se doit, sur les sièges réservés au gouvernement. Ils écoutent Marine Le Pen clamer du haut du perchoir les raisons pour lesquelles elle a décidé, et les 88 autres députés du groupe RN avec elle, de voter la motion de censure contre le gouvernement en mêlant les voix du groupe RN à celles de la NUPES. Un joli coup tactique qui met LR au pied du mur - c'est le premier objectif de la manœuvre -, place aussi la NUPES dans l’embarras et renvoie la Macronie face à ses failles, sa solitude et ses échecs.
Marine Le Pen a tempêté du haut de la tribune l'intérêt supérieur de la nation, ce qu'on n'entend plus : « Pour nous, lorsque les circonstances l’exigent, c’est l’expression solennelle et responsable d’une défiance républicaine et démocratique face à un pouvoir gravement défaillant. Seul l’intérêt national guide ces paroles et ces actes […] »
Ils ont compris. Alors, à cet instant précis, sur le banc du gouvernement, les visages de nos trois ministres portent, comme le bouc émissaire, tous les malheurs du monde. Un ange passe et Dieu seul sait si c’est l’ange du carnage, celui des temps d'épreuve ou celui de la dernière heure. Ils portent les mêmes sentiments, ces visages : la fatalité, l’accablement, une certaine résignation devant l’imparable logique de ce coup de force et de ce coup de semonce. Ils sont petits, nos trois politiques, isolés, un peu dépassés, un peu perdus. Pour un peu, ils susciteraient la pitié, la tendresse. Pour un peu, ils appelleraient le réconfort. Ils ont l’expression de l’enfant qui n’a pu s’empêcher, une fois de plus, de tremper le doigt dans le pot de confiture devant témoins et qui sait que la sanction va venir. Il en éprouve de la peine.
On lit l’inquiétude face à l'inconnu, car la preuve est faite que les oppositions peuvent, à l’occasion, se liguer contre le pouvoir. « Adopter cette motion de censure, ça n'est pas seulement faire tomber le gouvernement, ça n'est pas seulement empêcher le financement de notre Sécurité sociale, c'est aussi empêcher tout débat sur le fond de nos politiques sociales », se défend Élisabeth Borne en séance après avoir alerté les parlementaires sur le risque de chute du gouvernement. Avec 239 voix sur 289 nécessaires, la motion de censure échoue, ce 24 octobre. Le pouvoir s'en sort mais le cœur n'y est pas. Rien ne change mais tout a changé. Il y a eu ces visages défaits, ce vertige, cet instant passé sur le vide, ces regards soumis, marqués par la signature longtemps retardée du réel : désormais, le roi est nu, ses ministres aussi. Au lieu du roi, le désarroi. Il y a dans cette image plus qu'un discours, plus qu'une démonstration : une impuissance. Il reste à la Macronie plus de quatre ans à tenir.
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55 commentaires
Les lr montrent leur vrai visage , le masque est tombé ! si avant le vote le doute pouvait encore exister maintenant il n’est plus permis ! ce ne sont que des traitres à la nation , au peuple . Ils ne veulent surtout pas perdre leur siège et ne comprennent rien car leur non vote va leur coûter bien plus que leur siège ! et tant mieux !
Tout à fait d’accord avec vous.
Le plus grave selon moi, c’est qu’un mandat n’a pas suffit pour voir la nullité de ce gouvernement, et qu’une majorité de Français qui se sont exprimés ont souhaité remettre au pouvoir celui là même qu’il critiquait. La suite c’est la continuation de la privatisation de ce qui pourra l’être, la réforme de la sécurité sociale et de l’hôpital public sont à l’ordre du jour, quand à Edf son sort est en jeté la réforme déjà engagé continuera. Nous n’avons pas fini de nous plaindre au pays de la mondialisation heureuse.
Il est hélas a craindre que cette « manœuvre » reste sans effet sur l’idéologie atlantiste de macron.
Bonjour, Joel Bernard ! Et bien vu !
La seule manœuvre qui aurait pu, en effet, produire de l’effet sur un tel gouvernement eut été de le censurer ! Ce que le RN a bien compris.
Malheureusement les Républicains, à la fois vestiges de ce qui fut le premier gouvernement des débuts salvateurs de la Vème République et actuel boulet de la démocratie en France, ont fait capoter la manœuvre.
Les républicains ont, du même fait la démonstration qu’ils formaient bien, avec les restes du Parti socialiste /Solférino, ce que Le Pen père avait qualifié en son temps « d’U.M.P.S. ».
Bravo, les Républicains ! Un vrai succès !
Et nos compliments à votre magister Nicolas Sarkozy lorsque vous le reverrez !
Enfin un sursaut ,quand le réveil ?
Je suis toujours estomaqué par le nombre impressionnant de Ministres de ceci ou »en charge » de cela qui intéresse aucun citoyen digne du nom . Ambassadeur de la banquise n’est ni le dernière ni la moindre .
Un coup de semonce qui remet les pendules à l’heure et qui était bien nécessaire pour rappeler tout le monde aux réalités.
Un mauvais chef s’entoure souvent de plus médiocres que lui même , c’est un gage d’asservissement et d’autorité autocratique…. Ce qui est bien c’est qu’il n’y a aucun ciment qui amalgame ces équipes , dès qu’elles sentent les turbulences , elles se délitent à vitesse grande V laissant le « chef « s’expliquer avec l’adversaire. « On a les équipes qu’on mérite « reste une vérité immuable dans beaucoup de domaines d’activité
La France pourra t’elle attendre quatre ans ?
les LR viennent de signer l’arrêt de mort de ce parti !!! ils montrent qu’il sont pro-Macron , et aux prochaines élections ils seront en dessus de 4% ! je me retire de cette droite et ne voterai plus pour eux !! il n’y en a qu’un qui reste droit dans ses bottes, c’est Zemmour !!!
Pauvres LR… Ils passent leur temps à tenter d’exister en clamant qu’ils sont dans l’opposition. Ils ont annoncé que la loi en question est une ineptie et… au moment de le prouver, il n’y a plus personne. Ah la belle opposition que voilà ! Même Ciotti s’est déculotté. En fin de compte le petit roquet aboit mais laisse passer la caravane. La grande peur que si Macron dissolvait l’Assemblée ils perdent encore des places. Lâches jusqu’au bout les « Gaullistes ».
Dans ce gouvernement ,les LR se sont donné, tout seuls, le rôle de variable d’ajustement ,autrement dit de strapontin
Leurs électeurs leur donnent un chèque en blanc .Ils ignorent complètement ce qu’ils vont en faire .C’est confortable comme situation .
Il n’y a plus qu’une marche à franchir pour la prochaine motion de censure…
Coup magistral du RN ! La NUPES décontenancé ! Et les LR à la ramasse !
On aime ou pas MLP, mais il faut bien reconnaître que son coup fut réussi, presque une réparation de son humiliation de 2017 face à Macron. Le fait d’une décision volontairement tardive de se rallier à la motion de censure Nupes qui a pris tout le monde à contre-pied, à commencer par les gauchistes, est assez jouissif. C’est ça aussi la politique, cet art de considérer les autres comme antidémocrates, sous prétexte qu’ils ont utilisé un moyen qui vous auriez très bien pu utiliser vous-mêmes en le considérant alors comme justifié.
Une fois bien installé, les fainéants et assistés de la Ripoublique ne vont pas laisser leur place il faut préserver sa retraite Républicaine après 5 ans et pour l’idéal 10 ans pour être tranquille