Motion de censure : pourquoi la droite ne suit pas la NUPES ?
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À peine un mois après le résultat des élections législatives, la NUPES a annoncé, mercredi dernier, vouloir déposer une motion de censure à l’Assemblée nationale afin de faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne. Regrettant le refus du Premier ministre de procéder à un « vote de confiance », Mathilde Panot, qui préside le groupe des Insoumis dans l’Hémicycle, affirme « ne pas avoir d’autre choix que de soumettre cette motion de défiance ». Problème de taille pour les députés NUPES : pour être recevable, une motion de censure doit être votée par une majorité de députés, soit 289 votes. Avec ses 151 membres, la NUPES ne peut espérer à elle seule faire ratifier sa motion. Seulement voilà : ni LR (61 députés) ni le RN (89 députés) ne comptent signer la motion. Mais pourquoi donc la droite ne cherche-t-elle pas à faire tomber le gouvernement ?
Le RN en quête de respectabilité
Marine Le Pen l’a affirmé sur RMC, le RN ne votera en aucun cas la motion de censure déposée par la NUPES : « On a bien compris quel est l'agenda de ces députés. C'est de faire sauter la Ve République. Ce n'est pas mon objectif. » Afin de mieux comprendre les objectifs du RN, nous avons contacté Caroline Parmentier, l’ancienne conseillère presse de Marine Le Pen devenue députée de la 9e circonscription du Pas-de-Calais. « Tout d’abord, nous n’avons pas beaucoup de points commun avec la NUPES », affirme-elle. « La priorité du Rassemblement national, c’est le pouvoir d’achat. Sur le terrain, pendant ma campagne, j’ai entendu tellement de Français me dire qu’ils ne pouvaient plus faire leur plein d’essence, ni remplir leurs Caddie™ ni acheter de nouvelles chaussures à leurs enfants ; nous devons tout faire pour que cela change ! »
À ce jeu-là, le risque pour le RN serait de perdre l’étiquette pourtant martelée jusqu’alors de « première opposition à Emmanuel Macron ». Réponse immédiate de Caroline Parmentier : « Nous sommes une opposition constructive et nous ne ferons pas d’obstruction systématique. Cette motion de censure est une perte de temps, il faut agir au plus vite pour le pouvoir d’achat des Français. Nous verrons donc mesure par mesure et, à l’avenir, nous ne nous interdirons pas de déposer des motions de censure, mais là, ce n’est pas le moment. »
Coopérer de manière constructive afin de gagner en respectabilité semble être le nouveau credo du Rassemblement national. Avec ses 89 députés, le parti de Marine Le Pen fait ainsi le choix de l’élève attentif plutôt que du semeur de trouble. La stratégie s'avérera-t-elle gagnante ? L'avenir le dira.
Les Républicains jouent les équilibristes
Invité sur FranceInfo (11 juillet), le député LR de la 7e circonscription du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, a jugé que la motion déposée par la NUPES « ne servait strictement à rien ». Dans leur jeu de slalom entre alliés du gouvernement et parti d’opposition, le groupe parlementaire présidé par Olivier Marleix cache ses intentions réelles derrière l’article 49-1 de la Constitution. Seuls les députés LR favorables à la motion de censure sont autorisés à voter ; il n’y en a aucun.
En attendant, les discussions à l’Assemblée ont commencé aujourd’hui à 16 heures. Le Premier ministre Élisabeth Borne a doublement taclé la NUPES avec, tout d’abord, un « Que censurez-vous ? » suivi d’un « Que proposez-vous » ? provoquant l’ire des députés de gauche. La députée Les Républicains Michèle Tabarot a ensuite pris la parole pour affirmer être « une opposition responsable, ne tombant jamais dans le blocage stérile ». « Les Français n’attendent pas de nous que nous paralysions la France », ajoute-t-elle, avant d’affirmer que « le gouvernement devra apprendre à travailler avec nous ».
La motion de censure déposée par la NUPES n’aboutira donc évidemment pas. Le Rassemblement national, choisissant de prioriser l’action sur le pouvoir d’achat des Français, fait le pari du long terme avec, en tête, l’accession au pouvoir en 2027. Quant aux Républicains, ils promettent de n’être ni « défiants, ni confiants » envers le Président. Mais tout pourrait bien changer lorsque des projets de loi particulièrement tumultueux entreront en discussion à l’Assemblée, comme la prolongation du passe sanitaire ou bien la retraite à 65 ans.
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