Mourir pour la démocratie ? Oui, mais pas n’importe laquelle

Mourir pour la démocratie, peut-être, mais pas n’importe laquelle. Cinq Américains sont morts dans l’occupation du Capitole, le saint des saints de la démocratie américaine. Notons au passage que, contrairement à d’autres pays, dits démocrates - la France, par exemple -, il n’y a pas eu ou très peu de dégâts matériels et que les manifestants n’étaient ni masqués ni cagoulés.

En revanche, constatons que la démocratie à l’occidentale n’est rien moins qu’un match de catch entre deux camps. Du grand spectacle, en quelque sorte. Non seulement les noms d'oiseau volent. Mais la sémantique ne laisse aucun doute sur la nature de la campagne. Vous avez dit campagne ? Pas la verte, mais celle qui conduit aux morts et aux blessés. Car le langage utilisé est celui de la guerre. Qu'on en juge : il n'est question que de « remporter la victoire », de « gagner la bataille », de « battre l'adversaire ». Tous les coups bas sont permis, y compris le vote par correspondance. Comme si, lors d’un marathon, les coureurs pouvaient partir au jour et à l’heure de leur guise. D’où des recomptages et des contestations sans fin. Au total, un spectacle lamentable dont l'Occident se glorifie, à tort. Car non seulement ces élections laissent une partie de l’électorat meurtrie, mais elle fracture durablement les citoyens entre pour et contre.

Mais le fond du problème n’est pas là. Peut-on appeler encore démocratie une délégation de pouvoir dans la durée, qui permet parfois au gagnant de l’élection de devenir un autocrate et vous priver de vos libertés fondamentales ? De décider si vous pouvez ou non travailler et comment ? Si vous pouvez ouvrir votre commerce et quand ? Si vous pouvez sortir de chez vous, où et comment vous déplacer ? Maintenant, même votre parole, vos écrits, vos opinions politiques sont contrôlés. Et par qui ? Par des sociétés privées ! Pas question d’exprimer votre pensée sur les réseaux sociaux si elle va à l’encontre de la bien-pensance. Même un président en exercice, Donald Trump, vient d’en faire l’amère expérience. Et ce n’est pas fini, la discrimination positive est en route : non vaccinés, vous serez traités en pestiférés. Est-il étonnant que des citoyens se rebellent contre cette dictature et cette infantilisation?

La démocratie en Occident reste à réinventer. Il y a belle lurette qu’elle n’est plus le gouvernement du peuple par le peuple. Vous avez dit le peuple ? Mais les antipopulistes le haïssent. Les faux anges gardiens de la démocratie se sont assis sur les référendums européens. Ils détournent le système électoral en restant maîtres de l’offre et en instaurant un système à deux tours pour être sûrs de conserver leurs postes. Ils ont en horreur les RIC et autres modes référendaires. Quant aux médias et aux réseaux sociaux, ils y font régner leur censure. Bref, le système actuel, qui permet à cette oligarchie de prospérer et de lui assurer une rente de situation en toute quiétude, lui convient parfaitement. Puisque le peuple serait sot, versatile et ignare, il est fait, toujours selon eux, pour être gouverné et pas l’inverse. Du coup, sous couvert de conseils scientifiques, de comités ad hoc, de conseils citoyens improvisés, de Monsieur Vaccin, ces antipopulistes mettent en place et justifient toute une série de mesures autoritaires qui attentent aux libertés fondamentales. L’état d’urgence, les couvre-feux, les confinements les arrangent. Grâce à la pandémie et à la peur savamment entretenue, pas de manifestation, pas de grève, pas de barrage sur les routes. Bref, la vie enviable du parfait dictateur.

Mais ces prétendues élites se rendent-elles compte qu’elles provoquent la colère du peuple ? Qu’elles initient le mouvement en faveur d’un pouvoir fort, d’une dictature qu’elles prétendent justement combattre ? Se rendent-elles compte qu’excédés par leur autoritarisme, les patriotes, qu’ils soient américains ou européens, préféreront se choisir quelqu’un ou quelqu’une de courageux au programme clair ?

Ces politiques, ces oligarques font exactement le contraire des valeurs qu’ils prétendent défendre et le lit de la femme ou de l’homme providentiel qu’ils prétendent empêcher.

Bérenger de Montmuel
Bérenger de Montmuel
Philosophe et anthropologue

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