« Moussa » : quand Darmanin donne raison à Eric Zemmour
3 minutes de lecture
Reste-t-il quelqu’un en France qui ignore encore que le deuxième prénom de Gérald Darmanin est Moussa ? Sans doute pas. L’ex-ministre de l’Intérieur s’était montré ces dernières années très loquace sur le sujet, rappelant dès qu’il en avait l’occasion que, lui aussi, était issu de l’immigration et qu’il avait hérité de son grand-père algérien son deuxième prénom. Au moment de quitter la place Beauvau, lundi 23 septembre, c’est d’ailleurs sur cette identité connue de tous qu’il a voulu revenir. « Je m’appelle Gérald Moussa Jean Darmanin, lança-t-il fièrement, avant de donner à son discours de passation un tour victimaire inattendu. Il est assez évident, si nous sommes honnêtes, que si je m'étais appelé Moussa Darmanin, je n'aurais pas été élu maire et député et sans doute n'aurais-je pas été ministre de l'Intérieur (…) Il faut regarder les choses en face. »
Gérald Darmanin: "Si je m'étais appelé Moussa Darmanin, je n'aurais pas été élu maire et député et sans doute n'aurais-je pas été ministre de l'Intérieur" pic.twitter.com/joYdCpMJWt
— BFMTV (@BFMTV) September 23, 2024
Ah bon ? Il serait impossible de devenir ministre ou d’être élu quand on porte un prénom exotique ? Il faudra en avertir Rachida, Othman, Rama, Najat, Pap et Rima. « Qu’on s’appelle Gérald Darmanin, Bruno Retailleau ou Rachida Dati, franchement on s’en fout, s’est agacé Matthieu Valet à l'antenne de BFM TV, député RN et ancien commissaire de police, sur X. Cette victimisation grotesque du racisme d’État, c’est l’apanage de l’extrême-gauche. » Pas faux.
Un étrange signal envoyé aux électeurs
Cette déclaration de l’ancien « premier flic de France » est d’autant plus étonnante que son brillant parcours politique - maire à 31 ans, ministre à 34 - n’a été manifestement ralenti par aucune discrimination. L’électorat de droite l’a élu et porté aux responsabilités, sans faire grand cas de ses prénoms. Prétendre aujourd’hui qu’il n’aurait pas pu devenir maire s’il s’était appelé Moussa reste à prouver. Accessoirement, le propos est aussi insultant pour ses électeurs qu’il semble traiter en creux de racistes.
Quel est donc le but de cette déclaration ? Le quadragénaire cherche-t-il à redorer son blason auprès des médias de gauche ? A casser son image d’homme de droite hostile au communautarisme ?
L’assimilation en question
En attendant, Gérald Darmanin relance, sans le vouloir, l’éternel débat sur les prénoms. Comme le note justement l’ancien député Bruno Gollnisch, l’ex-ministre donne indirectement raison à Éric Zemmour qui avait invité les Français d’origine immigrée à donner à leurs enfants des prénoms issus du calendrier, afin qu’ils manifestent ainsi leur attachement au pays d’accueil et évitent à leur progéniture d’éventuelles discriminations.
« Choisir un prénom français est un geste d’ouverture à la France. Jusqu’en 1993, cette règle ne gênait personne. Les prénoms régionaux font partie de la tradition française depuis mille ans. » Éric Zemmour #10MinutesPourConvaincre #JeVoteEricZemmour pic.twitter.com/TaTQLuWVWn
— Zemmour TV (@ZemmourTV) April 4, 2022
Quelle vie Gérald Darmanin aurait-il eue s’il s’était appelé Moussa ? Nul ne le saura jamais. Une seule certitude : il a reçu un prénom français, s’est parfaitement assimilé et est devenu à moins de quarante ans l’un des tout premiers personnages de l’État français. Un destin qui pourrait être donné en exemple à certains nouveaux arrivants…