Mulhouse : Retailleau accuse l’Algérie ; Bardella lui dit d’agir ou de partir

Si Bayrou parle de « fanatisme », sans nommer l'islamiste algérien sous OQTF, Retailleau met la pression sur l'Algérie.
Capture d'écran
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Le gouvernement Bayrou et ses ministres Retailleau et Darmanin, censés incarner « le régalien », sont-ils à la hauteur ? C'est la question qui se pose, après la nouvelle attaque meurtrière commise samedi, à Mulhouse. Elle est venue s'ajouter à la longue liste de ces attentats terroristes commis par des radicalisés islamistes connus, sous OQTF, et à la double nationalité franco-algérienne. Et si elle se pose, c'est que ce gouvernement, comme les précédents, et malgré un discours plus musclé de M. Retailleau, se révèle pour l'instant impuissant à s'attaquer à cette guerre qui nous est livrée depuis 2012 et l'attaque de Mohammed Merah.

Bayrou, un Premier ministre qui nomme mal les choses

On aurait pu attendre de M. Bayrou qu'il nomme correctement l'ennemi. Est-ce un signe de son affaiblissement dû à l'affaire Bétharram et une concession à la gauche et au politiquement correct ? Sa réaction sur X ressemble à ces communiqués lénifiants et périphrastiques de tous ses prédécesseurs. Qui a frappé ? Un islamiste franco-algérien sous OQTF ? Non : « le fanatisme ». L'extrême gauche appréciera. Les Français et la droite, beaucoup moins.

Bruno Retailleau, un ministre de la parole désormais au pied du mur ?

Qu'en pense, d'ailleurs, Bruno Retailleau, lui à qui l'opinion sait gré de bien nommer les choses de l'immigration et de la délinquance ? Mais dire cela, c'est précisément pointer les limites de la « retailleaumania » qui a cours à droite : quelle différence, sous Retailleau, en poste depuis bientôt six mois à Beauvau, et ses prédécesseurs ? Les OQTF et les radicalisés sont toujours en situation de frapper et le font. Mulhouse met le ministre face à ses responsabilités. Peut-il sérieusement agir ou pas ? Sinon, qui l'en empêche ? Le gouvernement et la majorité centristes auxquels il appartient ? Le gouvernement algérien qui lui adresse camouflet sur camouflet ?

Retailleau veut un « rapport de force » avec l'Algérie

Justement, sur TF1, samedi soir, Bruno Retailleau est venu expliquer que l'islamiste bien connu de Mulhouse avait fait l'objet de dix demandes de ses services pour que l'Algérie le reprenne. Le ministre de l'Intérieur a, une nouvelle fois, dénoncé la mauvaise volonté d'Alger et insisté pour que la France fasse véritablement pression (visas, accord de 1968, négociations de Bruxelles).

Dans la soirée, il enfonçait le clou depuis Mulhouse.

C'est, en fait, renvoyer la balle à Emmanuel Macron et au ministre des Affaires étrangères, plus prompts à s'insurger contre Vance ou Musk que contre Alger. Mais c'est, aussi, avouer sa propre impuissance. Même chose quand il dénonce le droit français qui protège les islamistes mais pas les Français. Bruno Retailleau, qui n'est que ministre de l'Intérieur, n'est pas en capacité d'agir à ces deux niveaux et il s'expose à se voir reprocher de n'être qu'un « ministre de la parole ». Les observateurs les plus favorables à son endroit argueront que sa popularité, qui le rend incontournable au gouvernement, et cette parole même, très écoutée de la droite et du centre, permettront d'instiller dans l'esprit des Français la nécessité de changer en profondeur les choses et de prendre des mesures exceptionnelles. Une pédagogie, une propédeutique pour l'avenir, avec un gouvernement et une majorité RN ? Peut-être, mais il y a urgence.

Bardella et le RN demandent de l'action

Le RN lui a en tout cas demandé, ce samedi soir, de tirer les conséquences de cette situation bancale. Dans un message percutant, son président Jordan Bardella a mis Bruno Retailleau devant son impuissance et ses responsabilités : « Communiquer à outrance et "se rendre sur place" ne trompent plus aucun Français. Maintenant, il faut agir ou partir.»

Quant à Marine Le Pen, elle a rappelé les mesures qu'elle souhaite prendre à son arrivée au pouvoir et qu'elle réclame au gouvernement.

Et l'ancien député RN Grégoire de Fournas rappelait un ancien tweet de février 2024 dénonçant « les discours sur le retour de l’autorité et le contrôle de l’immigration [qui] ne sont que du vent ». Auteur ? Bruno Retailleau...

Quant à Louis Aliot, sur le même ligne, il a demandé un retour aux urnes pour faire trancher par le peuple cete impuissance.

L'allié UDR du RN, par la voix d'Éric Ciotti, exigeait aussi, dans la soirée, une « révolution » face à la menace islamiste.

Quant à Thibault de Montbrial, il appelait, lui aussi, à « renverser la table ».


Avec cette nouvelle attaque, Bruno Retailleau se retrouve en position délicate sur plusieurs fronts : le RN et son rival Wauquiez vont lui demander des comptes, mais l'attaque ayant fait des blessés graves chez les policiers municipaux, ses propres troupes (même si les polices municipales dépendent des mairies et non de l'État) risquent également de siffler la fin de son état de grâce.

C'est le sens de la réaction de la police municipale, sur X.

Pour Bruno Retailleau, l'heure de vérité approche.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

122 commentaires

  1. Le parti de Retailleau a permis le transfert de notre souveraineté à Bruxelles. S’imaginer qu’ils vont se renier est bien naïf. Bardella a bien raison de se méfier de ce centriste qui parle comme lui mais ne fera rien. Beaucoup – très exigeants- sont éblouis moi pas du tout.

  2. Si j bardella ne veut pas retailleau le rn avait qu à censurer le gouvernement. Facile de se plaindre maintenant.
    Tous ces gens ne savent que parler. C est désespérant.

  3. Vu la maitrise des analyses de certains, je pense qu’il faudrait à la place de Retailleau mettre PANOT, BOMPART ou plutot TONDELIER …a moins que CASTANER en redemande !

  4. oui il parle beaucoup, mais il a le courage d’essayer de faire quelque chose et je voudrai bien Monsieur Bardella à sa place que ferait-il

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