Multiculturalisme et immigration : une gauche de plus en plus maladroite

JL Burgat

À chaque jour sa nouvelle défection, avec intellectuels ou donnés comme tels, qui passent à l’Ouest, comme on disait du temps de la guerre froide. À force d’y perdre progressivement plumes et têtes pensantes, le poulet progressiste sera bientôt nu.

Ainsi, Jean-Louis Burgat, pur produit de la médiocratie ambiante (Europe 1, France Inter et Canal+), admet-il aujourd’hui sur CNews, face à Pascal Praud : « Ce qui se passe dans le monde m’oblige à oublier un certain nombre de certitudes. » Pour donner une onction philosophique à son reniement idéologique, il va jusqu’à citer Emmanuel Mounier et l’une de ses sentences : « L’événement devient notre maître intérieur. »

C’est-à-dire qu’aucune construction intellectuelle ne saurait durablement tenir, face au choc du réel. Et de finir par reconnaître : « J’étais persuadé qu’on pouvait tous vivre ensemble. C’était mon dada, ma réflexion ultime. Je pensais que ce monde multiculturel pouvait exister. Et je suis de plus en plus inquiet, pour ne pas dire plus… » Ce n’est pas tout à fait Miss France qui découvre un monde cruel ; mais pas très loin.

Déjà, Alain Finkielkraut et Régis Debray…

Dans un registre semblable, la remise en question d’un Jean-Louis Burgat n’a rien d’inédit et d’autres que lui, et bien avant lui, en sont déjà arrivés aux mêmes leçons de vie. Le 14 juillet 1989, déjà, à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, un certain Alain Finkielkraut dénonce, dans une tribune publiée dans Le Monde : « Le 14 juillet multi-tribal de Jean-Paul Goude nie l’importance de la mémoire culturelle comme facteur d’identité nationale […] La nation disparaît, au profit des tribus, et la littérature au profit de la musique planétaire […] Il ne faut pas croire, malgré la démagogie antiraciste dont cette mutation s’enrobe, que la France deviendra plus ouverte à mesure qu’elle deviendra moins nationale, et qu’elle cédera la place à la juxtaposition de ghettos, qui auront pour seuls éléments fédérateurs le son électronique et la télévision. »

Au même moment, Régis Debray, autre figure tutélaire de la gauche intellectuelle, semble effectuer la même révolution copernicienne, avec ces mots, toujours publiés dans le même quotidien : « L’humiliation de l’État-nation par les tribus élève les féodalités et la canaille […] Avec le slogan inepte des "États-Unis d'Europe", on nous annonce une petite Amérique, mais on nous prépare un grand Liban […] Si la République une et indivisible n’est plus assez forte pour faire que la loi et l'école soient les mêmes pour tous […] ce sera la guerre de tous contre tous. »

La matrice Jean-Pierre Chevènement…

Bref, l’ambiance d’il y a trente ans, pour qui savait lire certains intellectuels de gauche, n’était déjà pas au « vivre ensemble » et à la « bienveillance inclusive ». Une tendance, à l’origine marginale, mais qui devient vite lame de fond à l’occasion du référendum sur le traité de Maastricht, en 1992. Car c’est à cette occasion qu’un Jean-Pierre Chevènement, héraut d’une gauche républicaine et jacobine, ou Philippe Séguin, son pendant de droite, suscitent bien des vocations. Chez les jeunes pousses ayant subi son influence, il y aura Natacha Polony, l’actuelle madone de l’hebdomadaire Marianne, Élisabeth Lévy, celle du mensuel Causeur ; et même un certain Éric Zemmour. À croire que la droite qui pense aujourd’hui nous vient de la gauche d’hier. Il est vrai que dans la droite française, la méfiance vis-à-vis de la sphère intellectuelle a toujours été de mise. Des « coupeurs de cheveux en quatre », des « intellos enfiévrés »… Et puis, des idées, pour quoi faire, alors qu’on a Jean-Pierre Raffarin pour cerveau d’appoint ?

À ce titre, la victoire de la droite, ou plus précisément la défaite de la gauche, doit plutôt beaucoup à cette dernière. Jacques Attali, par exemple, qui reconnaît désormais la nécessité des frontières et du protectionnisme, économique comme politique. Voire, même, dans une autre gauche moins assujettie aux concepts fumeux, celle de Laurent Tapie, par exemple, fils de qui vous devinez et qui, à propos des deux débats ayant opposé Jean-Marie Le Pen à son père, reconnaît désormais que le Menhir avait raison.

Sans surprise, le peuple était déjà bien conscient de ce retour au réel, avant que des intellectuels ne viennent lui expliquer ce qu’il avait compris depuis longtemps.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

44 commentaires

  1. Un poète breton disait il y a 50ans : » S’ils l’ont fait exprès, ce sont des salauds, s’ils se rendaient pas compte, c’est encore pire ! » (Gilles Servat à propos des remembrements agricoles). J’ai la même réaction envers tous ces repentis, qui, bien que journalistes, n’arrivaient pas à voir ce que moi, qui ne le suis pas, voyait déjà depuis 40ans. Burgat a passé son temps, pendant la crise sanitaire, à alimenter la psychose et à critiquer les Rioufol, Lejeune, Menant (et moi, et moi, et moi !) qui refusaient de croire à cette supercherie mondiale et à se faire piquer à l’oxyde de graphène. Là encore, combien de temps va-t-il lui falloir pour faire repentance de son aveuglement ?

  2. Le multiculturalisme et le vivre ensemble c est tout simplement une escroquerie intellectuelle Partout où il y a le multiculturalisme c est l anarchie et les conflits Les affabulateurs de gauche se réveillent mais trop tard ce sont des imbéciles utopistes

  3. Ce presque mea culpa aurait encore plus de gueule s’il était accompagné d’excuses envers les quelques-uns qui avaient raison depuis 30 ans et qu’on a rangés au rang des nationalistes d’extrême droite.
    Ce même monsieur Burgat pourrait aussi reconnaitre qu’il s’est trompé pendant le Covid où ses propos ont largement contribué à apeurer les Français.

  4. … « Multiculturalisme et immigration : une gauche de plus en plus maladroite »…, maladroite ?
    Vraiment ?
    Dangereuse assurément !
    Dangereuse pour elle-même, dans ce cas c’est tant mieux.
    Dangereuse pour les autres, dans ce cas c’est très grave.
    La gauche, allant du rose pâle au rouge vif en passant par le vert-de-gris, explose ou implose, c’est selon, mais il faut dire « enfin » !
    La gauche est une contradiction qu’il faut éradiquer.

  5. Je viens de lire l’excellent Louis XV de Petitfils. On y voit noblesse, clergé, parlementaires arc-boutés sur leurs privilèges, manipulant l’opinion publique pour détruire la monarchie. Un suicide, on connait la suite.
    Sans refaire toute l’histoire on a vécu ce même aveuglement coupable dans les années 1930-40 avec les conséquences qu’on sait. Nous vivons depuis 40 ans une période semblable, Jean-Louis Burgat est le prototype de l’idiot utile, qui a répandu la doxa du vivrensemble et s’aperçoit que l’eau ça mouille alors que la société française est en train de se noyer.

  6. Il semblerait que pour certains cerveaux la vieillesse ne soit pas un n aufrage, la preuve Burgat, Attali et consorts ….

  7. Burgat ? Je ne comprend toujours pas comment C NEWS peut « inviter » un tel individu ! Il commence seulement a comprendre que la FRANCE est devenue un cloaque à cause olibrius comme lui en particulier mais surtout à cause de l’immigration ou plutôt l’invasion . Ce mec vit sur une autre planète .

  8. Burgat à vomir . Il faudrait réécouter ses prises de position sur les plteaux télé. Nous en sommes là à cause de ces imbéciles qui se prennent pour des dieux.

  9. La mémoire collective est le ciment d’une nation, hors ce multiculturalisme, que certains tente de nous imposer, est incompatible avec l’aspect tribal (au sens premier du mot) de ces populations que l’état n’a jamais su intégrer pour que nous puissions avoir une histoire commune.
    Il suffit de voir la divergences permanentes au sein de la Sainte Europe, malgré un socle culturel commun, pour comprendre qu’il devient impossible de faire nation avec des populations qui nous haïssent et dont le nombre a dépassé le seuil critique…

  10. « inquiet », veut-il dire que l’on n’y croit plus du tout ???? ou faut-il une nouvelle couche ? où vit ce monsieur ? il ne regarde pas les infos, même frelatées de certaines chaines ?

  11. Oui le peuple a compris depuis bien longtemps parce que c’est bien le peuple qui est confronté à ces populations au quotidien , partout , dans la rue , les transports , au travail …..Le peuple qui subit , souffre et paie et qui voit des familles endeuillées , des familles qui souffrent la perte d’un être cher , d’un enfant , d’un père et conjoint . Tous ces élus vivent bien à l’abri , sortent sous bonne escorte , ne font pas leurs courses , ne prennent pas les transports en commun mais un jour leur tour viendra et ils subiront eux aussi et là il sera trop tard .

  12. Totalement hors sol, déconnectés de la réalité, vivants dans l’entre soi …. Les œillères comment a tomber mais j’ai bien peur que cela soit beaucoup trop tard !!

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