Multirécidiviste, qui est le pyromane présumé de l’église de Saint-Omer ?

Eglise saint Omer incendie

Les décombres sont encore fumants, dans la nef de l’église de Saint-Omer (Pas-de-Calais), désormais privée de son clocher. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, le feu s’est déclaré dans la sacristie avant de se propager dans la nef et d’atteindre le clocher et la toiture. Rapidement, une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine exacte de l’incendie. Lundi soir, un homme, âgé de 39 ans et de nationalité française, a été interpellé et placé en garde à vue. Ce 4 septembre, soit deux jours après les faits, l’individu a reconnu les faits qui lui étaient reprochés. Il a expliqué être entré par effraction dans l’église pour, selon ses dires, voler l’argent des troncs. Il affirme avoir ensuite mis le feu, rapporte le procureur de la République auprès de l’AFP. Il pourrait être mis en examen prochainement. Loin d’être inconnu des services de police, le pyromane présumé de Saint-Omer a déjà été condamné à de multiples reprises pour des faits similaires…

Une haine des prêtres 

Sorti de prison fin août, après une incarcération pour « vols et dégradations volontaires », l’individu de 39 ans vivait, depuis, en foyer. Marginal, l’homme est connu des services de police et a été condamné « à de nombreuses reprises pour des faits de "destruction par incendie", notamment pour "dégradation d’un édifice religieux" », a annoncé le procureur. Selon La Voix du Nord, il aurait ainsi été condamné à huit reprises pour des faits identiques. En 2019, interpellé et jugé responsable de l’incendie de l’église d’Équihen-Plage, l’individu écope de quatre ans et demi de prison, dont 18 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans. À peine libéré, il aurait récidivé en mettant le feu à huit édifices religieux de la région. Début 2022, il était à nouveau condamné à à trois ans et demi de prison, avec obligation de soins psychiatriques et psychologiques et de suivi socio-judiciaire. À l’époque, il expliquait son geste par une haine des prêtres. À la barre, il confiait ainsi avoir mis le feu aux églises « parce que tous les curés sont des pointeurs » [pédophiles, NDLR].

À ces condamnations à répétition s’ajoute, selon les recherches effectuées par le site Fdesouche, un intérêt présumé pour la cause antiraciste et palestinienne. En effet, sur son compte Facebook, on peut constater que le suspect « aime » plusieurs pages dédiées à la lutte antiraciste (Conseil représentatif des associations noires [CRAN], marque de vêtements pro-Palestine…).

Silence politique

Ce profil de marginal n’est malheureusement pas isolé dans les attaques contre les églises. Comme le rapporte le journaliste Marc Eynaud, dans son livre Qui en veut aux catholiques ? Incendies, profanations. Ces faits qu’on ne veut pas voir (Artège), « les profils sont sensiblement les mêmes. Dans 80 à 90 % des cas, il s’agit de types présentant des troubles mentaux. » « Entrer dans une église et la profaner tient bien souvent de la maladie mentale », explique-t-il. Des marginaux auxquels s’ajoutent tout de même des militants politiques (laïcards, antifascistes, féministes…) et des islamistes. Cela étant, le caractère marginal du profil ne signifie pas que le passage à l'acte est dénué de tout lien avec la religion. Dans le cas de l'église de Saint-Omer, le caractère réitéré des attaques contre les églises par le suspect donne au qualificatif retenu pour l'enquête - « destruction en raison de la religion » - tout son sens. C'est bel et bien une église qui a été visée, et non un autre bâtiment.

Sacré-Cœur de Valenciennes, 2015. L’église est profanée, un début d’incendie est constaté. À l’origine de ces actes de vandalisme, « deux jeunes marginaux, bien connus de nos services », précise le parquet. En 2016, l'incendie d'une église de Fontainebleau est attribué à un SDF, placé en psychiatrie. Quatre ans plus tard, l’église Saint-Sixte de Pérols est dégradée, une partie du matériel liturgique incendiée. Le responsable ? Un SDF, a priori alcoolisé, au moment des faits… Et comment ne pas citer l’incendie de la cathédrale de Nantes, déclenché par un bénévole rwandais - mis en examen pour l’assassinat du père Olivier Maire -, décrit comme un « homme fragile », « marginal »… Des « actes de haine gratuite », résume Marc Eynaud, comme il en existe malheureusement tant, dont beaucoup passent sous les radars médiatiques. Regroupés, ces actes isolés montrent bien que les églises sont, depuis plusieurs années, une cible privilégiée en France. Ces marginaux écopent en général de quelques mois voire quelques années de prison. Et, souvent, ces dégradations, profanations d’églises et attaques contre la religion catholique n’intéressent pas, ne sont plus médiatisées et, pire, n’indignent pas plus la classe politique.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Le BTP devrait pouvoir relancer l’économie tant la construction de prisons, de centres psychiatriques et de restauration de notre patrimoine sont une nécessité. Cela aurait le double avantage d’occuper tous les oisifs et de mettre à l’isolement ceux qui ne peuvent ou ne veulent vivre en société.

  2. Il serait temps que les catholiques réagissent et défendent les lieux de culte. Que dit la hiérarchie catholique ? Comment envisage-t-elle de sensibiliser les pratiquants, de les mobiliser, d’organiser la surveillance des églises ?
    Comment sont poursuivis et jugés les auteurs de dégradations, incendies, vols et pillages divers ? Le cas du coupable de Saint Omer est édifiant, non ?

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