Munich : J.D. Vance éparpille la bien-pensance européenne façon puzzle

Capture d'écran ©WhiteHouse
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C'était LE discours historique à ne pas rater.

« Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent », disait Michel Audiard. De fait, c’est dans un silence de mort que les huiles européennes, docilement assises dans la salle de la « Munich Security Conference », ont dû assister, ce vendredi, au discours de J.D. Vance. Une déclaration historique, fondatrice, presque surréaliste pour nous autres, Européens mithridatisés au filet d’eau tiède bienséant de nos élites.

« Trump est un type vulgaire et brutal », disait, il y a quelques jours, la philosophe Chantal Delsol, mais après tout, rajoutait-elle, s’il faut cela pour lutter contre le wokisme, « peut-être vaut-il mieux qu’il existe ».

Vance n’est pas vulgaire, mais il emploie indéniablement la méthode forte. On croirait un cow-boy poussant les portes d’un  saloon : le piano se tait, le rire des filles se fige et le barman reste le bras en l’air. La fête est terminée, on va régler les comptes. Avec ses yeux aussi clairs que ses propos (et ce n’est pas peu dire), sa face placide et sa stature de bûcheron portant Buffalo Plaid, le vice-président les a - Michel Audiard, encore ! - « éparpillés façon puzzle ».

Il pourrait jouer le rôle d’un vétéran dans un Clint Eastwood (il a « fait » l’Irak pour payer ses études) ou d’un père de famille (il a trois enfants qu’il a emmenés avec lui dans son périple européen) dans un Mel Gibson. Il pèse lourd, au sens propre comme au figuré : il est l'Amérique. Depuis la tribune, ceux qu’il surplombe et qui l’écoutent sans moufter - ont-ils le choix ? - semblent tassés dans leur siège comme des petits vieux impuissants, à l’image du continent qu’ils sont censés représenter. Pas un ne quitte la salle, et pourtant, le vice-président n’y va pas avec le dos de la cuillère. Il faut dire que le crime du migrant afghan en ouverture de la conférence lui donne son introduction. Il déclare « prier » pour les Munichois et est applaudi. Il rajoute, en riant, espérer - mais on le sent sceptique - que ce ne seront pas les derniers applaudissements.

Contre l'esprit de Munich

Dans cette ville de Bavière devenue, dans l’imaginaire collectif européen, synonyme de toutes les lâchetés, il fustige sans le nommer l’esprit de Munich. Tour à tour drôle - « Si la démocratie américaine a survécu à dix ans de reproches de Greta Thunberg, vous autres pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk » - et grave :  « L’administration Trump est très inquiète de la sécurité européenne, il faut que l’Europe travaille fortement à sa propre défense. »

Il va très vite dans le vif du sujet sans tourner autour du pot, s’indignant d’avoir entendu un commissaire européen se réjouir de l’annulation des élections roumaines. « En Allemagne, dénonce-t-il encore, des personnes ont été arrêtées pour avoir critiqué le féminisme. En Suède, d’autres l’ont été pour avoir critiqué la religion. En Grande-Bretagne, un quinquagénaire (Adam Smith Connor) a été arrêté pour avoir prié silencieusement à 50 mètres d’une clinique pratiquant l’IVG. » (Dommage, personne ne lui a parlé, en France, de C8 dont le sort, ce jour, était suspendu au Conseil d’État…) Il rajoute : « Dans toute l’Europe, je crains que la liberté d’expression ne soit en recul. »

Pour lui, « les menaces [les plus inquiétantes] pour l’Europe ne sont pas la Russie ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur, mais la menace de l’intérieur : l’abandon par l’Europe de quelques-unes de ses valeurs les plus fondamentales, qu’elle partage avec les États-Unis ». Et sa comparaison implicite nous fait honte : « Pendant la guerre froide, il y avait le camp qui censurait les dissidents, qui fermait des églises, qui annulait des élections : c’était eux, les bons ? Certainement pas, et Dieu merci, ils ont perdu ! » D'aucuns ont regardé le bout de leurs pieds.

« Nous devons faire plus que parler des valeurs démocratiques, nous devons les vivre ! », s’écrie-t-il. « Je veux parler des valeurs que nous partageons. C’est l’heure pour nos pays, pour tous ceux qui ont eu la chance de recevoir un pouvoir politique de leur peuple respectif, de l'utiliser à bon escient pour améliorer leur vie » et « aucun électeur de ce continent ne s’est rendu aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions de migrants incontrôlés ».

N'ayez pas peur

Il demande « combien d’autres attaques terroristes du type de Munich les Occidentaux devront encore subir avant que les choses ne changent ». Il exhorte les dirigeants européens à écouter leur peuple qui demande d’arrêter l’immigration, pour « protéger leur maison », « leurs enfants » et « leurs rêves ».

C’est en citant le pape Jean-Paul II, en lequel il salue « l’un des plus extraordinaires champions de la démocratie », que le catholique fervent termine son propos : « N’ayez pas peur. » N’ayez pas peur de votre peuple. Et la phrase n'est pas choisie au hasard : Reagan, avec le pape polonais, a fait tomber le mur de Berlin, et c’est à un autre mur tenant prisonnier l’Occident que s’attaque aujourd’hui l’Amérique de Trump. L'Europe a besoin d'être libérée d'une idéologie mortifère. Vance n'a pas sauté en parachute sur Sainte-Mère-Église mais il vient de visiter Notre-Dame de Paris… on est un peu dans le thème, non ?

 

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

93 commentaires

  1. Bravo a Mme Cluzel pour la transmission de l’intervention de J D Vance a Munich ainsi que vos commentaires .
    Bravo JD Vance . Il met le doigt la ou ca fait mal , avec son discours a Munich .
    Révons un peu pour ce week end : imaginez un Trump ( a la place de l’impératrice Van D Leyen ) et Vance a l’Elysée ? ils sont un peu clivants , directs , ils n’ont pas les mémes codes que nous européens ………..mais ils sont tellement plus pragmatiques , efficaces , pour défendre nos valeurs .

  2. Malheureusement le parterre à qui il s’est adressé n’en tirera aucun enseignement, trop enfermés dans leur idéologie, celle de la destruction de l’occident et des personnes qui partagent ses valeurs. Aucun discours et aucun argument ne les fera changer d’idée et ils continueront jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur but commun et mortifère. Eux ne risquent rien, ils amassent des fortunes qui leur permettront, une fois leurs forfaits exécutés, d’aller se réfugier … aux USA qui seule subsistera

  3. Vance, Trump, Musk, on sent que la grosse Berta est en marche et c’est tant mieux. Cela dit, il faudrait aussi que les US balaient devant leur porte : L’accueil des migrants, le wokisme, la bien-pensance, etc, d’où ça vient exactement, rappelez-moi ?

  4. Pas pire sourd que celui qui ne veut entendre… (VDLeyen, Macron et consorts.). HEUREUSEMENT NOUS AVONS DES S.KNAFO, DES M.MARÉCHAL, et leurs supplétifs qui nous permettent ( combien de temps encore?) de garder un peu d’espoir. Bravo Gabrielle, Elizabeth, Charlotte, Sabrina et les autres…)

  5. Quelles forces venues de l’Amérique. Nos politiques européens en ont des haut-le-cœur. Eux si timides dans leurs autorités, si déjantés dans leurs appréciations, si précautionneux dans leurs expressions, si fourbes dans leurs approches des populations, des dandys de salons à l’élocution pointue. Cette équipe bulldozer, Trump, Vance, Musk fait bouger les lignes. L’Europe paralysée, aux réflexes de vierge, ne s’en remet pas. Lèse majesté. Des mots durs, significatifs et non pas cette guimauve européenne faite de danseurs d’opérettes, clowns de parodies brillamment représentés par Macron. Trump sait où il va. Macron danse.

  6. Vance vice-président , un excellent choix de Trump , Vance est né dans un milieu défavorisé , bon élève , s’engage dans l’armée pour payer ses études supérieures , réussite dans le privé , la méritocratie américaine .
    Et il est Blanc et chrétien , deux caractéristiques qui ne favorisent pas la réussite, quand on est né pauvre aux Etats-Unis.
    Cela nous change de la méritocratie à la française , ou les élèves ont leurs études financées par l’Etat , sont formatés aux idéologies de gauche dés leur plus jeune âge et ne rêvent que de vivre aux dépends de la collectivité en travaillant le moins possible et en partant à la retraite le plus tôt possible .

  7. Excellent Gabrielle, tant dans dans la forme que sur le fond ! Le camp du bien a pris un coup au plexus avec l’intervention de ce Monsieur Vance, mais il est retors, et nul doute qu’il va allumer des contrefeux, avec l’aide des médias de service. Un regret, que le vice Président n’ait pas mis en exergue quelques exemples de la pathologie française : fermeture prochaine de chaînes TV, nomination d’un fidèle à la tête d’une institution symbole de l’anti-France, préférence pour l’autre par rapport au citoyen de souche, absence de consultation du peuple sur l’immigration, mainmise de l’état de droit sur la démocratie, etc, etc… Au sein de l’Union Européenne bureaucratique, la France représente à mes yeux ce qui se fait de mieux (ou de pire !) s’agissant de la bien pensance, et à ce titre j’aurais aimé que Vance lui adresse une ordonnance du type  » Moi les dingues, j’les soigne, j’m’en vais lui faire une ordonnance et une sévère..  » J’imagine la tête du locataire du château à la réception de la recommandation thérapeutique ! Jouissif !

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