Municipales à Paris : vers un match entre Hidalgo et Dati ?

DATIHIDALGO

Paris, Ville lumière ? Ou village des Schtroumpfs ? Ça paraît en prendre le chemin, au vu de ces deux brunes qui nous rappellent que la capitale n’est plus « une blonde qui plaît à tout le monde », pour paraphraser Mistinguett.

Ainsi Anne Hidalgo n’est-elle pas encore officiellement candidate, mais quand même un peu ; alors que Rachida Dati ne fait pas mystère de ses ambitions de putative reine maire.

Pour tout arranger, Benjamin Griveaux, candidat macroniste (canal historique), à ne pas confondre avec Cédric Villani (canal impromptu), estime que Rachida Hidalgo et Anne Dati seraient « manifestement complices » afin de « préserver le statu quo » : « Elles ont besoin l’une de l’autre pour enfermer les Parisiens dans l’affrontement gauche-droite qui les a tant servies. » Ah bon ? Quand ? Où ? Comment ? Quelle droite ? Quelle gauche ? Mais n’en demandons pas trop à l’homme qui confond Marc Bloch et Charles Maurras.

Pourtant, nulle doute que ces deux dames puissent partager quelques points communs. Anne Hidalgo n’est guère aimée dans son parti d’origine, le PS. Rachida Dati n’est pas plus populaire dans le sien, l’ex-UMP.

Bref, elles n'ont, toutes deux, plus rien à perdre et une revanche à prendre, que ce soit pour de bonnes ou de mauvaises raisons, sur un microcosme politique qui, à tort ou à raison, les aurait boudées. En attendant, chacune fait le ménage en son propre camp, tâche ancillaire qui n’est pas sans noblesse, nonobstant.

Anne Hidalgo joue tour à tour sur les socialistes, les écologistes et les derniers Mohicans communistes. Ce qui lui assure une assise électorale plus que solide, mais aussi des inimitiés qui le sont tout autant.

Rachida Dati n’est pas non plus mauvaise à ce jeu, n’ayant jamais insulté la droite de sa droite, Le Pen, père et fille y compris, tout en se donnant pour icône de la « diversité », même si cette posture peut s’avérer dérangeante pour le prêt-à-penser de la bourgeoisie progressiste, car jouant à contre-pied de la modernité ambiante, tel un Alexandre Benalla, soldat perdu de la Macronie, qui déclare dans le mensuel Technikart : « Je dis toujours qu’il n’y a pas de racisme en France, si ce n’est de classe. »

Dans leur essai à quatre mains, La France aux Français ? Chiche !, Malek Boutih, ancien patron de SOS Racisme, ne disait finalement pas autre chose à Élisabeth Lévy, lui assurant, il y a près de vingt ans, que le véritable racisme ne se trouvait pas forcément là où on le dénonçait ; c’est-à-dire pas chez les « sans-dents », pour paraphraser François Hollande, mais plutôt dans les hautes couches de la société française.

En attendant, les sondages se resserrent entre Anne Hidalgo et Rachida Dati, laquelle parvient même à séduire une partie de l’électorat de François Fillon, celui du VIIe arrondissement, dont elle est également le maire, et dont le gros des bataillons de votants est naguère parti demander asile politique chez Emmanuel Macron. Dans sa rage de convaincre, ou de survivre, l’ancien ministre de la Justice aurait même pris langue avec Hervé Morin, ex-ministre du même Fillon, actuellement président des centristes, le mouvement de masse qu’on sait, puisque se disputant la dépouille du Marais de jadis, entre MoDem de François Bayrou et UDI de Jean-Christophe Lagarde.

Il paraîtrait encore que Valérie Pécresse, fondatrice de Libres !, formation devant compter plus d’élus que d’électeurs, se rapprocherait de Rachida Dati. C’est dire si le village des Schtroumpfs plus haut évoqué devrait bientôt jouer à guichets fermés. Surtout à l’approche des fêtes de Noël et malgré les grèves.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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