Municipales : la valeur d’un scrutin
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Les contradictions peuvent être assumées. Il était criminel de maintenir le premier tour de scrutin des élections municipales, il était incivique de ne pas s’y rendre. Comme la liberté de la presse, qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas, le droit de vote est trop précieux pour autoriser le droit à l’abstention.
Quelles leçons tirer de ce scrutin, alors ? L’abstention est, de loin, celle qui a reçu le plus de suffrages. Le taux de participation national était de 44,66 % quand, en 2014, il était de 63,55 %, soit 18,89 % de moins. Sur dix électeurs qui s’étaient déplacés en 2014, trois n’ont pas jugé utile, prudent, sûr de le faire.
Bien sûr, le scrutin de chaque ville ou village est différent. Quelques exemples d’élus du premier tour :
Dans la ville de Troyes, François Baroin, maire sortant et Les Républicains, recueille 65,2 % des voix des votants, mais ça ne représente que 20 % du corps électoral à cause d’un taux d’abstention de 69,4 %.
Dans celle de Vannes, David Robo, maire sortant et sans étiquette, recueille 50,92 % des suffrages exprimés, mais ça ne représente que 19,8 % des inscrits.
À Béziers, Robert Ménard, maire sortant et divers droite, affiche un 68,74 %, mais ce ne sont que 29,5 % des inscrits qui lui ont apporté leurs suffrages.
Rachida Dati, Les Républicains et maire sortante à Paris VIIe, est élue avec un 50,69 %, soit 23,3 % des inscrits.
Il faut se poser la question pour ces maires élus : peuvent-ils se prévaloir de la légitimité d’un scrutin qui témoignerait de l’adhésion d’une population à une équipe et un projet ? Leur mandat ne sera-t-il pas entaché par le soupçon d’avoir bénéficié d’une campagne avortée par la situation sanitaire du pays ? La prime au sortant n’aurait-elle pas, dans ces circonstances, « payé » plus que d’habitude ?
Pour les communes où un second tour devrait être nécessaire, là encore, il convient de constater que l’insuffisante participation justifie de considérer le scrutin du 15 mars comme nul et non avenu.
La solution serait, bien sûr, d’annuler tout le scrutin, de considérer le premier tour comme nul et non avenu plutôt que de se cramponner à une validité formelle qui dénature la démocratie. Quitte à creuser un peu plus les déficits publics en remboursant des frais de campagne (pas nécessairement tous).
Plus structurellement, un quorum devrait être instauré dans nos élections afin d’obliger les gens à voter. Nous pourrions, ainsi, éviter les « mal élus » dont la légitimité est, à raison, contestée. Pour rappel, Emmanuel Macron ne s’est qualifié, au second tour, en 2017, qu’avec les voix de 18,2 % du corps électoral, et seulement 43,6 % de celui-ci s’est exprimé en sa faveur au second tour. Bien sûr, il faudrait réenchanter la politique, restaurer la confiance, investir des candidats dont le souci du bien commun ne serait pas qu’un élément de langage habilement utilisé par des communicants qui ne savent faire que ça.
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