Mur des cons : un épilogue et des dégâts

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Françoise Martre, ès qualités de présidente du Syndicat de la magistrature, a été condamnée en appel pour injure publique envers le général Philippe Schmitt, confirmant ainsi le jugement de première instance et, novation de la cour, Robert Ménard et le Rassemblement national. L’affaire hors normes se termine ici, sauf en cas de pourvoi en cassation. Et malgré cet aspect conclusif, de nombreuses interrogations demeurent.

La parole publique sur une affaire judiciaire est compliquée : les faiseurs d’opinion et les médias ne connaissent pas toujours les détails d’un dossier et ne manquent pourtant pas d’affirmer des contre-vérités, parfois destinées à instrumentaliser l’opinion et à manipuler la Justice. La prééminence des faits, sans nier leur complexité parfois, et l’usage du conditionnel devraient être de rigueur, mais Jean-Luc Mélenchon ne s’embarrasse pas de telles subtilités pour soutenir l’ex-trader Jérôme Kerviel. Même punition pour Mme Sauvage. Que peut-on faire pour empêcher que ces « tribunaux médiatiques » ne s’érigent ?

L’aléa judiciaire est insupportable, mais il est inéluctable dans une justice des hommes qui est rendue par des personnes faillibles. Il doit donc être supporté par la collectivité, avec les injustices qu’il charrie immanquablement : sévérité ou laxisme excessifs. Le souhait du simple citoyen est que la fréquence de l’occurrence de cet aléa judiciaire soit rarissime, si peu fréquente que le consensus social peut s’en accommoder. Si ce dernier jugement va dans le bon sens, le seuil de l’insupportable n’a-t-il pas été franchi ces dernières années, avec de trop nombreux et incompréhensibles verdicts ?

Notre époque voudrait mettre sur un piédestal les lanceurs d’alerte, les héros qui au nom de leur perception du bien divulguent des informations que certains préféreraient cacher, mais c’est parfois bien hypocrite. La procédure disciplinaire subie par Clément Weill-Raynal chez son employeur dégageait des odeurs nauséabondes de stalinisme où direction et syndicat majoritaire, de sensibilité idéologique proche du Syndicat de la magistrature, s’entendaient comme larrons en foire pour « tuer le messager ». La transparence, mais seulement au profit du camp du bien ?

Le syndicalisme, en France, est moribond, il a perdu presque tout son crédit, mais il bénéficie d’un acharnement thérapeutique qui lui permet de survivre, par exemple avec des subsides publics et un monopole de fait qui interdit l’émergence d’une concurrence (moins corrompue ?). Il serait sans doute temps de faire un bilan avantages/inconvénients de ces décennies de syndicalisme (sélectif ; l’armée n’en a pas) dans la fonction publique régalienne. Est-il certain que les syndicats de police ou de magistrats soient si indispensables au fonctionnement de ces corps, de l’État et de la nation, ou devrions-nous en faire l’économie ?

Le pouvoir socialiste s’était cru obligé de « sauver le soldat syndicat de la magistrature », malgré le scandale, dévoilant ainsi un certain copinage délétère. La faillite de la République exemplaire proclamée par François Hollande a conduit à l’implosion du Parti socialiste. N’aurait-il pas été plus productif de liquider celui par qui le scandale est arrivé ? Certes, c’est de la politique-fiction.

Les politiques ont le cuir tanné ; noms d’oiseaux, injures et quolibets glissent sur eux, même s’ils blessent sans doute. Pour eux, être sur un mur des cons est, somme toute, logique : on est toujours le con de quelqu’un, ou de quelques-uns, dès que l’on s’expose publiquement. Mais que des magistrats puissent tolérer qu’une victime soit épinglée sur un tel mur me révolte toujours autant qu’au jour où j’ai appris ce fait. Une indignité nationale devrait frapper tous les magistrats qui ont renouvelé leur adhésion au syndicat, une fois les faits connus. Comment faire confiance à la Justice quand on sait que, pour eux, le souci de la victime semble parfois moins important que leurs opinions politiques ?

Je n’ai pas les réponses.

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