Muselier rejoint Renaissance : « Bon débarras ! »
Lundi soir, Renaud Muselier siégeait donc au bureau exécutif de Renaissance à Paris, présidé par Richard Ferrand, aux côtés de Stéphane Séjourné, Aurore Bergé, Darmanin, Montchalin, Dussopt, Keller, Riester et autres macroniens passionnés et fidèles depuis des années. Il a plongé après une longue carrière consacrée à la droite, des déclarations à l’emporte-pièce comme s’il en pleuvait, des protestations de fidélité innombrables… Mais, pour le carriériste aveugle, tout passe. Et comme disait le regretté Edgar Faure, « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ». Le vent a tourné. Renaissance, l’ex-LREM ? « C’est le seul parti raisonnable », explique Muselier à Nice-Matin.
Le choix de Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’aura surpris personne. C’est l’aboutissement d’un cheminement, comme on le dit des grandes conversions. En l’occurrence, l’aboutissement de l’abandon des dernières convictions du personnage au profit de son intérêt personnel et électoral. Il avait à peine surpris, Renaud Muselier, lorsqu’il avait quitté les Républicains en novembre 2021. Il avait surpris moins encore lorsqu’il avait appelé à voter Macron lors de l’élection présidentielle en février. Comme la candidate LR au soir du premier tour.
Sa décision n’a de quoi sidérer personne, et pourtant, ses anciens amis LR ne le ménagent pas. À l’image de Retailleau : « Voir Renaud Muselier siéger au bureau politique de Renaissance au milieu d’un parterre d’anciens socialistes me fait de la peine pour lui. »
Voir Renaud Muselier siéger au Bureau Politique de Renaissance au milieu d’un parterre d’anciens socialistes me fait de la peine pour lui.
J’avais refusé de l’investir et de le soutenir aux régionales et je ne le regrette pas.— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) November 29, 2022
Ou de son ancien compagnon de route, comme on disait au PC, Éric Ciotti, qui tire à vue : « Le mot traître a un nouveau synonyme : Muselier […] Méprisable et ridicule », exécute celui qui a de bonnes chances de prendre la présidence du parti des Républicains.
Le mot traître a un nouveau synonyme : Muselier.
Les dictionnaires l’intègreront très prochainement.
Méprisable et ridicule … pic.twitter.com/SOuYXZc7ou
— Eric Ciotti (@ECiotti) November 29, 2022
Les deux hommes ont pourtant été proches longtemps. Ciotti a contribué à faire élire Muselier à la tête de la région. Une nouvelle fois confronté à ses démons tentateurs, ceux de la gamelle macroniste, LR veut tourner la page. « Bon débarras », exécute l’ancien député Bernard Carayon, homme de droite et soutien de Ciotti, qui connaît Muselier depuis plusieurs décennies. À BV, Carayon confie : « C’était un jeune homme sympathique et doué qui a grandi dans l’ombre de Jean-Claude Gaudin [l’ancien maire de Marseille, NDLR], mais il aime trop le confort et pas assez le combat. C’était prévisible. À chaque fois qu’il recevait le président de la République, c’était en grande pompe. Il a voulu sauver sa peau et ménager sa clientèle. Mais la politique, ce n’est pas le commerce. » Pour les cadres de LR, ce mouvement ne change rien à la course qui oppose Ciotti, Retailleau et Pradié pour le fauteuil de président du parti.
Mais ce transfert attendu révèle une fois encore l’inconfort extrême et l’ambiguïté consubstantielle d’une partie de cette droite qui fut en réalité macroniste avant Macron et se laissa dévorer peu à peu par le macronisme… d’après Macron. Certains de ses caciques font carrière depuis des années au sein du gouvernement, comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin. Et Sarkozy soutient désormais au grand jour son ami Macron. La droite de Ciotti, de Wauquiez et de Retailleau aura fort à faire pour se débarrasser du vieux piège usé, rouillé, couinant, si commode pour les démolisseurs du pays, ce piège grossier de « l’alliance avec l’extrême droite ».
Une rengaine reprise une fois encore par Muselier. La droite doit choisir, explique Muselier dans un court texte, entre « l’addition des raisonnables avec une culture de gouvernement », soit ceux qui ont jeté la France dans le mur avec application, et « l’union des droites extrêmes, sur fond de populisme, de nostalgie ou de peur ». La baudruche de carnaval de l’antiracisme ressort lorsqu’il s’agit de laisser la France aux mains du mondialisme destructeur. Mais derrière les grands mots perce le souci du carriériste : « Perdre trois présidentielles, passer de 350 députés à 60 et ne plus tenir aucune ville de 100.000 habitants aurait dû calmer les stratèges du repli sur soi », explique Muselier. Le mot est lancé. Sa stratégie, c’est donc celle de la soumission au plus fort. Celle des compromissions. « La survie de la droite française en dépend, sinon elle se dissoudra dans le Rassemblement national », écrit-il. Tout sauf l’intérêt de la France et des Français… Sur le fond, il n'a pas tort. À droite, il faudra bien s'allier, disparaître ou trahir...
Mais voilà, Muselier fait ce choix honteux à un drôle de moment. Précisément au moment où le macronisme faiblit, perd son assiette. Les Français ouvrent les yeux, le Président n’est plus soutenu que par un Français sur trois. Les mécontents culminent à 62 %.
Muselier rejoint le confort du navire amiral au moment précis où il commence à prendre l’eau, quand la réalité des faits, la réalité de la crise migratoire, énergétique, scolaire, crise de la dette, du pouvoir d’achat, crise sanitaire, crise sociale, crise industrielle, crise agricole, où cette réalité déchire le voile de baratin, d’assurance et de mondialisme aveugle qui font la colonne vertébrale du macronisme. Ce geste quasi suicidaire est celui d’un homme dos au mur, assis sur un socle électoral de droite qu’il a trahi. Il sait que toute trahison se paie un jour. Il ne lui reste plus qu’à espérer un maroquin. À tenter le coup de la séduction auprès du prince qu’il combattait hier. Avec ce transfuge, la droite patriote, celle de Le Pen et de Zemmour, la droite réaliste depuis si longtemps, a encore gagné quelques points. Il reste à Muselier à vivre avec le supplice de Caïn si bien décrit par Victor Hugo, celui de la conscience : « Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre et qu'on eut sur son front fermé le souterrain, l'œil était dans la tombe et regardait Caïn. »
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste
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89 commentaires
L’appel d’une éventuelle meilleure gamelle a été le plus fort mais le risque est grand de tout perdre à l’heure ou la pendule macroniste prend chaque jour un peu de retard.
» En l’occurrence, l’aboutissement de l’abandon des dernières convictions du personnage au profit de son intérêt personnel et électoral. » Je n’ai jamais entendu parler de ces dernières, et encore moins de ses premières, en dehors de la mangeoire, bien sûr.
Il sacrifie son honneur pour un poste de (futur) ministre ?
Les traitres sont méprisés par ceux qu’il trahit et aussi par ceux qu’il rejoint (il les rejoint tardivement, c’est le pire des cas). Plaignons le.
Qui se ressemble s’ assemble ! Les ripoux avec les ripoux ……….
Pas très franc du collier ce Monsieur. la soupe et là gamelle ?
Je l’avait déjà dit ici, et cela est arrivé ! C’est l’exemple du politique à la française, ma place d’abord, les français lorsque l’on aura le temps !
muselier est depuis bien longtemps comme beaucoup de politique et de LR, les philippe, sarkosy, le maire etc. etc. un vrai contorsionniste !
Je dirai même que c’est le « métré étalon » chez LR.
Oui bon débarras. Mais il faut qu’il continue dans sa lancée et démissionner de la région PACA, il a été élu en trompant les gens . Les provençaux n’ont pas voté pour le parti de macron. Honte à ceux qui ont voté pour lui.
Nous sommes bien loin d’avoir subi toutes les conséquences de la politique catastrophique du macronisme. Cela vient tout doucement : crise énergétique, faillite de l’école, inflation galopante, immigration incontrôlée, justice défaillante, insécurité, médecine en déclin, offensives woke et LGBT, écologie apocalyptique, arrêt des moteurs thermiques, zones à faible émission, 49-3 à répétition … Ce n’est pas les réformes sociétales iniques -euthanasie, PMA pour toutes, mariage pour tous, IVG sans limite, loi de bioéthique ignoble, suicide assisté, PMA encouragée par l’Europe, dissolution de l’Assemblée …- qui arrangeront la situation. Le « suicide Français » est bien engagé et irréversible ! Diogène serait bien utile avec sa lanterne allumée en plein jour, pour chercher un homme, un politicien qui ait un peu de patriotisme vrai !
A l’évidence, nous sommes plongés dans une dictature communisme, ersatz du maoïsme le plus pur. Les camps de rééducation ont été remplacés par l’ostracisme (suppression de toute vie publique pour les récalcitrants, pouvant être amendés par un stage citoyen) mais marchent à plein régime, La misère et la pénurie, compagnons de route de tout communisme, pointent leur nez. Ce genre de régime, fondé sur la coercition, n’a que faire des sauveurs. Il ne cèdera la place que contraint, par une force supérieure à la sienne.
Ces gens là n’ont qu’une parole c’est pour cela qu’ils la reprennent souvent !! Un bel exemple d’un vrai politique
Ce monsieur est une girouette, le petit roitelet à dû lui proposé un fauteuil confortable. Heureusement pour lui que sont grand-père n’est plus là car il aurait reçu un bon coup pied ou je pense
Quant les méchants et imposteurs ne feront qu’aller de mal en pis, faisant des dupes, eux mêmes dupés, nous devons nous rester fermes dans ce qui nous a été enseigné et que nous avons reçus comme certain.
Il ne faut surtout pas s’étonner, voilà une bonne clique des LR pensent comme lui
Muselier : L’incarnation du pauvre bougre ! Un garçon qui a TOUT échoué , même la Présidence de la Région , il la doit à quelqu’un d’autre ! Muselier c’est l’exemple du pire de la « Politicaillerie » .
Pas d’accord. Ce n’est pas le pire, c’est le tronc commun de la seule profession qui sélectionne les incompétents et les malhonnêtes. A l’inverse, les compétents et les honnêtes gens font un autre métier.
La gauche de droite rejoint Macron ce qu’elle devrait faire massivement , les choses seraient plus claires. Lamentable personnage.
Comme dit Ciotti le mot « traitre » va disparaitre du Larousse pour être remplacé par « muselier ». Il était pour Gaudin qu’il a pitoyablement trahi, il a été LR : idem. Il est devenu LREM. Maintenant il abandonne LREM pour Renaissance ! Toutes les années il change de parti, si professionnellement il perd tous ses patients on le comprend. Finallement il ne sait pas où il a mal, c’est un cas qui doit relever de la psychiatrie. Des médecins psychopathes ça existe !
On en connait un médecin qui excelle depuis qu’il est ministre… psychiatres et psychopates peuvent sembler proches…