Narcotrafic : à Marseille, Gérald Darmanin accuse… les bourgeois !
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C’est la trentième fois que Gérald Darmanin se rend à Marseille depuis sa prise de fonction, le 6 juillet 2020. En ce mercredi 3 janvier, à l’aube de l’année 2024, sa venue était particulièrement scrutée. Après une année 2023 record en termes d'homicides liés au trafic de drogue (quarante-neuf personnes tuées, dont quatre victimes collatérales, sur fond de trafic de drogue), les Marseillais espéraient des réponses du ministre de l’Intérieur. Traduisant l'ambiance générale, un habitant du VIe arrondissement confie à BV : « Ça ne peut plus durer comme ça, il faut que des solutions soient trouvées. On ne peut pas risquer de prendre une balle à tout moment. »
Les consommateurs dans le viseur
Durant toute la journée, Gérald Darmanin a semblé vouloir prendre le problème à-bras-le-corps en s'entretenant avec les acteurs de la sécurité locale, Christophe Mirmand, le préfet des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camillerie, la préfète de police, ou encore avec des policiers réservistes. Puis, aux alentours de 16 h 30, il s’est rendu dans le XIIIe arrondissement de la ville pour inaugurer la nouvelle compagnie républicaine de sécurité, la CRS 81, composée de 160 policiers devant lutter contre les violences urbaines et le trafic de stupéfiants.
Inauguration de la nouvelle CRS81 de Marseille avec @SabrinaRoubache : sur la base des CRS nouvelle génération, ces policiers d’élite à la formation spécialisée et à l’équipement de pointe pourront intervenir rapidement à Marseille, dans les Bouches-du-Rhône et partout en France. pic.twitter.com/DyHbsUg69j
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 3, 2024
Ce n’est qu’à 17 h 10, qu’il a pris la parole pour annoncer qu’il souhaitait s’attaquer aux consommateurs de drogue, sans qui le trafic n’existerait pas : « S’il n’y avait plus de consommateur, il n’y aurait pas de vendeur. Il faut dire aux consommateurs d'arrêter de consommer. La consommation fait naître des trafics et, avec ces trafics, des êtres humains sont mis en esclavage. » Il a évoqué les enfants installés comme guetteurs ou les femmes contraintes de devenir nourrices « et de cacher de la drogue » pour, enfin, rappeler que « c’est celui qui fume son joint ou qui prend son rail de coke qui fait naître ces règlements de comptes ».
Les beaux quartiers ciblés
Mais, plus que les consommateurs dans leur globalité, le ministre de l’Intérieur a pointé du doigt les drogués « des beaux quartiers de Marseille ». « Cette drogue est consommée par une classe sociale du centre-ville, des coins plus bourgeois », a-t-il expliqué. Au cas où le message n’aurait pas été assez clair, il a ajouté : « Toutes ces personnes des quartiers, des cités, dont je suis issu, ne sont pas seules responsables de cette situation. Il y a aussi les personnes qui ont de l’argent, qui vivent dans de belles villas, qui habitent dans les beaux quartiers et consomment de la drogue. » Gérald Darmanin en veut visiblement à la bourgeoisie, il la prévient : « La police sera dans les beaux quartiers. »
Enfin, le locataire de la place Beauvau est revenu sur le phénomène « Uber shit », la livraison de drogue à domicile, et sur le « trafic d’appartement où les clients vont dans des appartements pour récupérer la drogue ». Il a confié avoir « demandé à la préfète de préparer de très nombreuses opérations » pour lutter contre cette nouvelle forme de trafic qui s’est développée via les réseaux sociaux. Des opérations qui pourraient encore cibler... les arrondissements les plus aisés. Sans les bourgeois, les banlieues seraient des modèles de calme où l'on applique scrupuleusement la loi. Message reçu !
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Un vert manteau de mosquées
51 commentaires
Des « camés » il y en a dans tous les milieux, certes pas avec les mêmes drogues, il y a celles des « sans dents » peu chères et très nocives et celles de nos « élites » notamment l’héroïne, qui en fait des superman. La lutte contre ce fléau, si tant est qu’il y aurait vraiment volonté de lutter, est perdue d’avance, car trop tardive en raison de l’ampleur d’un tel phénomène.
Sans clients le trafic s’arrêterait ? Mais sans drogue il ny aurait pas de clients. Sujet d’examen, vous avez 2 heures.
Pauvre Darmanin
C’est habituel avec ce régime. Il est possible de juguler la consommation de drogue mais faut-il encore s’en donner les moyens et agir. Détecter la consommation : les chiens renifleurs peuvent agir à tous les étages des immeubles, de tous les immeubles. Ils détectent les fumées sous les portes . Pénaliser : systématiquement 10% du revenu fiscal de référence. Les étudiants ? A prélever sur leurs futurs salaires. Les insolvables ? Confisquer leur voiture un mois ou deux ou trois. Les livreurs ? Des contrôles sur rues. Les livraisons par la poste ? La densité des colis. Et bien d’autres solutions à mettre en œuvre. Mais il faut le vouloir.
Ce n’est pas l’action déplorable de Darmanin et sa communication qui lui est rattachée qui m’inquiète, mais c’est ce que les électeurs vont en faire. Malgré les bons sondages en la défaveur du parti auquel il s’est agrégé par arrivisme, nous ne pourrons soupirer de soulagement que lorsque ce pouvoir aura subi la défaite par les urnes dont il s’est rendu digne.
En creusant bien il va finir par nous dire qu’il s’agit de supporteurs anglais !
Mais bien sûr c’est la faute des Kevin et des Matteo. Le dédoublement de langage s’appelle désormais la darmanite aiguë. Exemple tomber dans l’eau pour n’y voir que du feu. Le sinistre de l’intérieur porte maintenant des lunettes il devrait aussi aller chez Amplifon .
Notre ministre nous dit que s’il n’y avait plus de consommateurs, il n’y aurait pas de vendeur et qu’il faut dire aux consommateurs d’arrêter de consommer… Est-ce que Monsieur Darmanin sait ce que le mot drogue veut dire ???
« Substance toxique entrainant une dépendance ». Demander aux consommateurs d’arrêter est donc aussi débile que d’interdire les accidents de la route. Eviter de commencer pourrait-être une piste. proposer une aide massive aux dépendants, pourrait en être une autre.
Oui et non, ce n’est pas si simple.
Bien sûr, si personne n’avait envie de drogue, le problème serait réglé. Mais la drogue, c’est une marchandise, un produit de consommation ; et là, c’est une affaire de marketing ! Comme dans d’autres domaines (alimentation, mode…), pour le vendeur, le tout est de trouver des acheteurs.
Pensez à toutes les publicités que vous voyez quotidiennement pour vous inciter à tester un nouveau produit dont vous vous passiez très bien jusqu’alors, avec des « offres d’essai » à l’appui…
Et le problème, avec les drogues, c’est que le produit est addictif : combien de consommateurs ont goûté « juste pour voir », et puis ont continué pour faire comme leurs amis, parce qu’ils ont trouvé ça agréable, parce qu’ils avaient l’impression que ça les aidait à tenir le coup… et puis finalement, parce qu’ils ne peuvent plus s’en passer ?