Natasha St-Pier sort un album sur Jeanne d’Arc : une bouffée d’air frais !

natasha st pier

Faisons, si vous voulez bien, une pause dans la déprimante actualité quotidienne. Cette fois, pas de voitures qui brûlent, de viols collectifs en sortie de boîte, d'enfants victimes de harcèlement, de meurtres gratuits pour un regard. Rien de tout ça. Aujourd'hui, parlons plutôt de Natasha St-Pier. Certains d'entre vous savent peut-être que la chanteuse canadienne (mais pas québécoise) est de religion catholique et que les récentes années de sa carrière ont été consacrées à rendre hommage à sa foi. Après avoir notamment interprété « Vivre d'amour », inspiré des paroles de sainte Thérèse de Lisieux, devant le pape François en 2013, elle a sorti en 2018 un album, Aimer, c'est tout donner, consacré à la sainte et mis en musique par le groupe Glorious. Suivront Croire, en 2020, et Je n'ai que mon âme, en 2021. Aussi talentueuse que belle, Natasha St-Pier  dégage quelque chose de sain et sincère, à quoi ses disques émouvants et engagés font écho.

Et voici que Natasha St-Pier a sorti un nouvel album. Le 30 septembre, son dernier opus, sobrement baptisé Jeanne, a été mis en vente ; il est consacré à sainte Jeanne d'Arc. On y retrouve la même fraîcheur, la même grâce et la même émotion que dans ses disques précédents. Mention spéciale pour le clip de « Jeanne », justement, une chanson de Laurent Voulzy que Natasha St-Pier chante dans une église, avec notamment une séquence où on la voit à genoux, l'épée à la main. Dans ce bel album, qui chante la vie de la Pucelle d'Orléans, la chanteuse a également, pour la première fois, écrit et composé.

Natasha St-Pier poursuit une trajectoire étonnante, loin des sentiers battus et des indignations conventionnelles. Discrète sur ses engagements caritatifs, sur ses amitiés et sur sa vie personnelle, elle est arrivée en France à vingt ans, a fait des débuts classiques puis a fait des choix radicaux, à contre-courant - des choix d'artiste, en somme. Ceux-ci l'ont naturellement encouragée à parler de sa foi, qu'elle racontera, dans la presse, avoir longtemps mise sous le boisseau, par un excès de ce que l'Église elle-même n'ose plus appeler « respect humain ».

Des disques engagés, vraiment ? Le mot n'est-il pas réservé au climat, aux femmes battues (par pitié, assez de ce vocable de « violences-faites-aux-femmes », parodie claudélienne involontaire de l'annonce faite à Marie) ? Et, de toute façon, n'est-il pas un peu fort pour désigner une production artistique ? Redisons-le encore : être catholique, dans le show-biz, c'est déjà être engagé. Et chanter sa foi en trois albums consécutifs, c'est prendre un sacré risque. D'ailleurs, on n'a pas beaucoup entendu parler de ces trois disques, dans les médias, alors que la voix de Natasha St-Pier n'a rien perdu de sa qualité. C'était plus porteur de chanter « Tu trouveras » avec Pascal Obispo, probablement. Ce courage, à lui seul, mérite d'être salué. Et les albums en question sont très réussis.

Alors voilà, chers amis : comme beaucoup d'entre nous, et comme l'auteur de ces lignes, vous avez peut-être besoin d'une bouffée d'air frais, d'innocence et de grandeur dans une atmosphère viciée au milieu de laquelle on cherche vainement une fenêtre. Je vous suggère cet album, dont l'idée fait plaisir à voir et le contenu du bien à entendre. Il y aura bien des rieurs pour trouver tout cela neuneu, enfantin ou naïf. Ils n'écouteront pas l'album et ne s'apercevront pas qu'ils avaient tort. On pourra aussi leur rappeler que la Sainte Vierge a généralement préféré s'adresser à des enfants venus de milieux très simples plutôt qu'à des winners de la start-up nation. C'est à ces enfants qu'il nous faut ressembler, avec un premier degré qui fait si souvent défaut à notre époque de dérision, celle du « dernier homme » de Nietzsche qui, parce qu'il a « son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit », prétend qu'il a « inventé le bonheur ». Le bonheur, à rebours des réseaux sociaux, de l'hyperstimulation de nos pauvres vies et de la surenchère permanente, est dans les choses simples et sincères. Comme ce petit disque.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Pour lui rendre hommage, on pourra nommer une Place : Natasha St-Pier
    Personne ne pourra la déboulonner ! ! ! c’est son nom, et d’origine Canadienne. Ils ne pourront donc pas nous accuser de trop de francisme gaulois….

    • Si, le seul fait d’être occidentale, catholique, blanche et non marxiste suffira à la faire déboulonner !
      ;-)

  2. <<>>. Redisons-le encore : être catholique, dans le show-biz, c’est déjà être dissident. Et donc lépreux.

  3. J’ai d’elle une série de cd mais un jour, en visitant une église dans le Nord, il y avait un fond musical et l’étais pris de frissons. Quelle voix, du cristal !!!

  4. Le fin de la seconde guerre mondiale ne se termine pas le 8 mai mais le 15 août en 1945 donc. Autre date intéressante, Sainte Marie.

  5. une  » beauty queen  » ?
    C’est affaire de goût personnel . Mais une voix ensorcelante , ça, oui ( Ce dont elle se défend ).
    Elle aurait très bien pu « faire carrière ».
    Natasha St Pier enchaînait les concerts parce qu’on le lui demandait . Son seul désir, c’était d’être infirmière !
    Méthodiquement exploitée par son « imprésario », comme elle le reconnaîtra par la suite, elle s’en tire bien, malgré tout . Tant mieux et bonne chance à elle.

  6. Décidément, il va falloir déboulonner les statues de Jeanne d’Arc à l’instar de celles de saint Michel et débaptiser les rues et places qui portent le nom de cette grande sainte. Je voudrais rappeler que saint Martin est aussi un saint guerrier, mais sa date de fête; le 11 novembre, a été heureusement occultée par la fin de la première guerre mondiale. Tiens la fin de la seconde guerre mondiale tombait justement le 8 Mai, jour de la fête de Jeanne d’Arc, mais l’Eglise a opportunément changé la date pour la remettre au 30 Mai !

    • La date du 11 novembre jour de la St Martin n’est pas due au hasard, mais au souhait de Foch de mettre en avant cette journée dédiée à un évêque et officier protecteur de la France. Le manteau des officiers de l’époque de St Martin était de couleur bleue, ça ne vous dit rien?

  7. Il y aura surtout la critique et des aigris de gauche, Jeanne d’arc étant considérée comme une icône de droite et est donc des souchiens

  8. Que ça fait du bien de constater que certains sont encore bourrés de talent et capables de créer .Merci Natasha et bravo .

  9. hommage mérité à Natasha St Pier , une belle voix, une belle personne qui chante simplement sa foi à travers l’histoire de Thérèse et celle de Jeanne d’Arc , … découverte depuis longtemps

  10. Bonjour Monsieur Florac,
    Merci pour cette pause, ce petit moment de bonheur, de légèreté, qui fait réellement du bien.
    En effet la talentueuse et belle Natacha St-Pier porterait donc son patronyme comme un étendard.
    Elle avance à contre-courant car à l’évidence à contre-cœur est n’y arrive pas.
    J’avais apprécié la chanson de Laurent Voulzy « Jeanne » en 2011 ; je m’empresse de clore ce post afin d’aller écouter cette pépite avec son accent si délicieux.

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